dimanche 18 novembre 2012

Concert de Nobuo Uematsu

Avec une carrière de presque trente ans, une reconnaissance mondiale de son art, et un nombre de compositions impressionnant, l’immense Nobuo Uematsu ne s’était encore jamais produit en France. Après deux concerts annoncés les 17 et 18 novembre à La Cigale, très vite complets, une date a été rajoutée au Dock Pullman, toujours en région parisienne. Premier concert en France pour le génie japonais, premier concert pour la plupart du public français aussi. L’émotion est palpable, et pas juste un peu.

Il faut bien préciser qu’il s’agit d’un concert de Nobuo Uematsu, pas un concert de musique spécialement consacré à Final Fantasy. L’admirable compositeur nippon met donc bien en évidence ses différentes compositions, extraites de divers jeux ou milieux, en consacrant tout de même la moitié de son temps à ce que tout le monde attend, Final Fantasy. Habitué à des orchestres ou encore à ses groupes de rock, Uematsu inaugure une nouvelle configuration scénique. Un clavier, une basse, et lui-même à un second clavier. De quoi rendre des sonorités autant classiques qu’electros, avec presque une sonorité Midi pour les versions orchestrales adaptées parfois. On aime ou non, mais le rendu était aussi intéressant qu'original. Sans oublier qu’au vu de cette nouvelle configuration, de nouveaux arrangements, encore jamais essayés sur scène, ont été joués. L’occasion de redécouvrir certains titres.

 L'emblématique Nobuo Uematsu

20H, les lumières s’éteignent, le silence se fait dans la salle. L’homme apparaît, les applaudissements retentissent. Les trois s’installent sur scène. Le premier morceau commence. Directement, le public est dans l’ambiance. Nobuo Uematsu joue probablement son titre le plus intense, le plus bouleversant, le plus prenant. L’émotion est vive, le public est en émoi. Après plusieurs minutes d’une rare beauté musicale, c’est sous un tonnerre d’applaudissements mérité que le public acclame cette magnifique interprétation du thème de Terra, tiré de l’inoubliable Final Fantasy VI. S’en suit alors directement une composition tirée de Final Fantasy VIII, Ami.  Le compositeur s’arrête alors et prend la parole. Après quelques mots de français, il avoue ne pas comprendre la langue. C’est donc un traducteur qui prend le relais. Très souvent, au cours du concert, Nobuo Uematsu s'adressera au public. Il faut reconnaître qu’il a énormément d’humour, et que c’est un véritable plaisir de l’écouter.

Il annonce les titres qui arrivent, et le fera régulièrement tous les trois morceaux environ. Le thème principal de Lost Odyssey commence, c’est épique, suivie de Waterside, tiré du jeu Blue Dragon. Uematsu nous parle alors d’une méthode de relaxation/guérison qui consiste à approcher les mains du corps, sans jamais rien toucher. Après ce discours intriguant, il nous apprend qu’on lui a demandé de composé des titres pour ce type de séances de relaxations. L’ensemble dure une heure, mais de peur que le public s’endorme, il n’en jouera qu’un extrait de cinq minutes. C’est original, et ça a le mérite de n’être que peu connu du grand public. Le grand compositeur japonais revient ensuite à Final Fantasy avec une interprétation assez magistrale de The Secret Library Daguerreo issue de l’épisode IX. C’est à la fois surprenant et magnifique. Il prend alors la parole pour présenter le titre qu’il vient de jouer, et affirme qu’il est extrait de Final Fantasy X. C’est sous les cris de correction des fans dans la salle, qu’il admettra son erreur, tout sourire, prenant la chose avec humour.

Premier concert, au Dock Pullman

Vient alors une composition qui n’est pas de lui, mais d’Arata Hanyuda, le batteur de son nouveau groupe, Earthbound Papas. Le morceau est le thème de fin du jeu Border Walker, un jeu de rôle développé sous IOS, uniquement sorti au Japon à ce jour. C’est très plaisant, et assez original, le public apprécie forcément. Le compositeur prend alors la parole pour annoncer qu’il va y avoir une pause durant le concert. Mais juste avant, il a composé un petit medley de musique de Final Fantasy, et volontairement des peu connues. Tellement peu connues, que même Hironobu Sakaguchi, le papa de la série ne les aurait pas reconnues, nous avouera-t-il lors du deuxième concert à La Cigale. Etait-ce de l'humour? Sûrement... Dès le début, on se plonge dans Final Fantasy VI, avec Slam Shuffle, le thème de la vile de Zozo. Gargan Roo de Final Fantasy IX prend la relève, suivi de Mystic Mysidia de l’épisode IV. Et pour finir ce medley, un thème qui ravira et surprendra tous les nostalgiques. Encore mieux qu’une fête foraine, c’est le thème du Gold Saucer, réarrangé, tiré du célèbre Final Fantasy VII. Une excellente surprise que ce medley, aux thèmes trop peu souvent représentés.

Retour sur scène du grand compositeur et de ses deux acolytes. Il prévient, il y aura moins de morceaux tirés de Final Fantasy. Après tout, on vient pour ses compositions, on sait très bien que l’on n’assiste pas à un concert Distant World. Il reprend alors avec un thème issu d’Unchained Blades Exxiv, un jeu de rôle qui sortira sur 3DS fin novembre au Japon, mais probablement pas en France, comme la plupart des bons jeux nippons de cet acabit… Uematsu présente alors un titre inédit, tiré d’un jeu en cours de développement. Le morceau n’a aucun titre définitif pour le moment, il est donc nommé Project Happiness. C’est tout nouveau, c’est tout beau, et ça charme les oreilles avec plaisir. Dommage qu’on ne sache pas de quel jeu il s’agit. Le compositeur accompagné de ses musiciens poursuit avec une reprise d’un thème du jeu Sakura Note, un jeu de rôle/action sorti sur DS au Japon en 2009, et en Europe… Jamais. La musique est entraînante, fascinante, et les deux claviers/synthétiseurs donnent au morceau un côté 80’s assez surprenant mais très agréable, qui ne dénature en rien le titre bien au contraire. On pourrait presque sentir des relents de Physical d’Olivia Newton-John par moment, mais on reste chez Uematsu, donc c’est forcément bien au-dessus. C’est très plaisant d’entendre ce genre de musique, auquel le public français est peu habitué, privé de tant de merveilles. Ça donnerait clairement l'envie de se procurer le jeu.


Et soudain, trois notes. Des applaudissements à n’en plus finir, des larmes pour certains sûrement, et de l’émotion pour tous à n’en point douter. Le géant japonais joue une de ses compositions les plus appréciées et les plus emblématiques. Final Fantasy VII est de retour, et avec lui le douloureux thème d’Aeris. Tonnerre d’applaudissements à la fin du morceau. Uematsu est impressionné de voir qu’en France, la série Final Fantasy est autant adulée des joueurs. Il demande alors les épisodes préférés de chacun. Face au brouhaha, il décide de citer chaque épisode et de vérifier à l’applaudimètre. C’est véritablement à partir de l‘épisode VI que l’on sent que les fans se déchainent. On retient que les opus les plus appréciés sont les VI, VII, VIII et IX. Le onzième, un MMO, a été hué, un peu comme le XIII finalement. Le compositeur présente alors un jeu créé par Hironobu Sakaguchi, qui n’est pas un Final Fantasy. Il s’agit de The Last Story, sorti en France en début d’année, dont il a signé la bande originale. Il nous apprend que le thème principal figure en version orchestrale dans le jeu, alors qu’il imaginait une version plus épurée avec des synthétiseurs. Il profite donc de la formation scénique actuelle pour nous faire part de sa première version. C’est tout simplement magnifique et épique à la fois ! L’un des meilleurs morceaux de ce concert, tout simplement somptueux et monumental, qui a été composé par un Uematsu en très grande forme. Et il avait d’ailleurs raison de lui préférer la version plus simple que celle orchestrale du jeu, parce qu’elle est bien meilleure. Grandiose, tout simplement.

Directement, il enchaîne avec un morceau bien connu des fans de Final Fantasy. C’est électrique, c’est dynamique, c’est rythmé, c’est The Man with The Machine Gun, tiré de Final Fantasy VIII. Absolument grisant. Il annonce alors que le morceau qui arrive est le dernier, sous les soupirs de toute la salle. La musique vient de Fantasy Life, un jeu de rôle assez atypique et très prometteur qui sortira au Japon à la fin de l’année, tandis que l’Europe risque encore de louper le titre… Ça y est, c’est fini. Uematsu et ses deux acolytes s’en vont. Le public applaudit, se lève. Standing Ovation pour ce génie musicale qui le mérite amplement. Bien sûr, il revient, pour un seul et dernier morceau. Le fameux To Zanarkand, de Final Fantasy X. C’est émouvant. Surtout que cette fois-ci, c’est véritablement la fin. Nouvelle standing ovation. Après presque deux heures de concert, c’est rempli d’émotions en tous genres que le public sort de la salle, conquis et émerveillé. Il y a de quoi.

Deuxième concert, à La Cigale

Lors du premier concert, vendredi, Hironobu Sakaguchi était présent dans la salle. C’est Nobuo Uematsu qui l’a annoncé. Lorsqu’il s’est brièvement levé de son siège, le créateur de la saga mythique a été applaudi de tous et a aussi eu le droit à sa standing ovation. Il n’était toutefois pas présent à La Cigale le lendemain. Des différences entre les concerts du vendredi et du samedi, il y en a eu, autre que les différents lieux. Nobuo Uematsu n’a pas tenu les mêmes discours, proposant son lot d’humour différent à chaque représentation. Les musiques étaient toutefois exactement les mêmes, dans l’ordre précis. On peut aussi noter une petite touche d’humour un peu absurde, lors de la deuxième prestation. A la fin, alors qu’Uematsu et ses musiciens reviennent pour le rappel jouer To Zanarkand, ils portaient des masques d’Asterix et Obelix. Surprenant, mais amusant. Il ne devait pas y avoir d’autres déguisements de français dans le coin.

Que retenir de ce premier et deuxième concert du compositeur de génie japonais. De l’émotion avant tout. C’était intense et formidablement beau. On pourrait toujours être déçu de ne pas avoir entendu certains thèmes, mais face à l’ampleur de la carrière du maître, on ne peut que se complaire de ce à quoi on a eu le droit. Des thèmes rares, uniquement la moitié issus de Final Fantasy, afin de varier les plaisirs, pour un ensemble tout à fait remarquable. On a désormais envie d’être en janvier, afin d’assister aux concerts Distant World. Mais avant tout, on a envie de rejouer à tous les jeux dont on a entendu au moins une des mélodies, et même les autres, les grands absents. De quoi faire largement tenir jusqu’en janvier.

2 commentaires:

  1. aurais tu d autres photos videos ou audios

    promocd@voila.fr

    merci

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    1. Non, je n'ai aucune autre photo ou enregistrement. Seul ceux possédant un badge presse avait le droit de filmer, et uniquement pendant les premières minutes du concert.

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