On change de jeu comme on change d’époque et de continent. C’est
un peu une tradition dans la saga, afin de ne pas s’enfermait dans un univers
qui risquerait de paraître ennuyeux aux yeux des joueurs. Sauf que cette
fois-ci le dépaysement est assuré. Les villes d’Amérique sont certes des
villes, mais ce qui tranche radicalement avec le reste, ce sont les paysages de
nature, avec les forêts, les montagnes, et même les océans. On peut se balader
librement parmi cet univers et ses ambiances si charmantes qui retranscrivent
parfaitement ce que les américains d’antan pouvaient ressentir. Sans oublier
que le tout évolue selon les périodes. Des forêts pleines de verdures, on
passera alors à des arbres enneigés et ces soixante centimètres de neige au
sol. Tout est vivant en plus, ce qui rend le jeu encore plus immersif. Des animaux
se baladent, et il faut parfois les éviter afin de ne pas se faire déchiqueter.
Ce n’est pas spécialement novateur, Red Dead Redemption est passé par-là, mais
c’est toujours très plaisant. Les villes ne sont d’ailleurs pas en reste, affichant
un nombre de personnages à l’écran considérable, tous aussi actifs les uns les
autres, à vivre tranquillement ou non leur vie. Ce monde ouvert l’est donc véritablement,
même s’il se sépare en différentes zones avec temps de téléchargement entre
chacune. On apprécie aussi la distance d’affichage, encore plus conséquente et
ne souffrant pas, ou très peu, de clipping. On se trouve donc face à un jeu à
la direction artistique incontestablement réussie, qui offre à voir de
magnifiques paysages, mais qui malheureusement, souffre de gros défauts techniques…
Les combats au tomahawk sont plus brutaux
Rassurez-vous, le jeu n’est pas moche, ni désagréable à l’œil,
et n’accuse en rien d’un retard graphique évident. C’est juste qu’il est
parsemé de soucis techniques et graphiques qui font un peu tâche dans ce genre
de production. En fait, ce que l’on constate, c’est que le jeu pousse les
consoles dans leurs derniers retranchements, et qu’il serait donc temps de changer
de génération. Parce que ce qui est incontestable dans Assassin’s Creed III, c’est la
présence de textures parfois franchement dégueulasses. Des murs pixélisés, ou
encore des buissons en quatre feuilles (le genre de buissons en croix tout
plats, comme quatre feuilles de papier qu’on collerait ensemble) pour n’en citer
que quelques exemples. Sans oublier les cinématiques, qui basent tout sur la
modélisation des personnages, et qui nous mettent des fonds flous derrière, et
certains objets taillés à la hache. Je critique, parce qu’il est nécessaire de
le dire, mais ce n’est pas une attaque personnelle envers le jeu. De même, il y
a énormément de bugs. De collision, parfois assez étranges ou
risibles, et surtout assez grossiers, mais aussi d’autres, plus dérangeants, qui
entravent l’avancée du jeu. A plusieurs reprises, pas tant que ça, mais quand
même, je me suis retrouvé bloqué dans le jeu à cause de bugs. J’ai toujours eu
à recommencer au dernier checkpoint, rien de méchant, mais c’est quand même
embêtant. Quand un garde, au lieu de faire son tour de garde, nécessaire pour
ne pas se faire repérer et passer derrière, contemple le point de passage en se
prenant pour Lord of Dance avec sa danse (véridique, ça m’est arrivé), c’est à
la fois drôle et perturbant. Evidemment, face à un jeu d’une telle envergure, c’est
normal qu’il y ait des bugs, mais tout n’est pas forcément acceptables, surtout
lorsque c’est trop présent. Un patch est téléchargeable, corrigeant quarante-quatre bugs,
mais je n’ai pas pu l’installer lors de mon test. Malgré tout, selon les avis
entendus, il reste encore des problèmes, et l’aspect graphique de certains points reste inchangé.
Attention, malgré tout ce que je dis, le jeu reste beau et agréable à l’œil,
mais on aurait aimé mieux, surtout pour un tel projet, et surtout quand on voit
que Red Dead Redemption à une meilleure finition (sauf au niveau du clipping).
Vivre la révolution d’Amérique, c’est bien. Mais avant cela,
apprêtez-vous à vivre la révolution de la maniabilité. En effet, c’est bien l’un
des changements les plus fous de ce jeu. Alors que jusqu’à là, on devait
activer différents modes, selon ce que l’on souhaitait faire, tout cela est
révolu. On fait dans le plus simple, et le plus efficace je trouve. Désormais,
on peut courir juste un appuyant sur une gâchette. Quant au système d’attaque,
il se gère simplement avec trois boutons. On attaque avec son arme principal, on utilise son arme secondaire (arme à distance le plus souvent, telle
que le pistolet ou bien l’arc), et on contre. Les habitués seront probablement déstabilisés dans un premier temps,
alors que les néophytes s’y feront sans trop de mal, mais il faut reconnaître
que ce système est un poil plus instinctif, à mes yeux en tous cas, et que cela
rend la progression encore plus fluide. Pour ce qui est des combats, ils deviennent
un peu plus tactiques, sans être difficiles non plus à maîtriser. Le système de
contre, s’il est réussi, provoque un ralenti d’environ une seconde, le temps d’effectuer
sa contre-attaque comme bon nous semble. Il est aussi possible de désarmer un
ennemi et de récupérer son arme. D’ailleurs, en parlant des armes, XVIIIème
siècle oblige, les armes à feu font leur arrivée, plus évoluées que ce qui était
possible précédemment. Bien sûr, l’ensemble demeure long à recharger, ce ne
sont pas des guns comme dans GTA, mais c’est terriblement efficace, ou
terriblement mortel selon qui pointe cette arme sur qui. D’ailleurs, on
remarque que si l’intelligence artificielle souffre toujours du syndrome
Assassin’s Creed (forcément !), elle est devenue un peu plus réaliste,
avec des ennemis qui au lieu d’attendre leur tour, n’hésitent parfois pas à
attaquer, et souvent dans le dos, de façon fourbe. On peut donc réellement se
battre avec plusieurs ennemis en même temps mais le plus dangereux tient des
fois où plusieurs d’entre eux vous visent avec leur arme à feu. Même en courant
sur un toit, ça reste très douloureux, ou pire.
Les phases de batailles navales sont grandiloquentes
Assassin’s Creed, c’est effectivement des missions d’assassinat,
mais la diversité des actions à effectuer est présente depuis un certain temps
déjà. Cet épisode trois ne déroge évidemment pas à la règle et propose le plus de
variété. Grâce aux environnements tout d’abord. En ville, même si l’on change
radicalement de paysage, l’ensemble reste plus ou moins similaire. On grimpe
sur des toits, on arrache ses affiches pour ne pas se faire repérer, on fait
des missions de messager, etc… Mais dans la forêt, c’est tout autre chose. On peut
courir d’arbre en arbre, et aussi bête que cela puisse paraître, c’est assez
jouissif, puisque fluide et bien foutu. La neige, présente dans la nature,
influe aussi sur le gameplay, puisqu’avec cinquante centimètres entre les
pattes, on avance logiquement plus lentement. Mais ce sont surtout les à-côtés
qui permettent de rendre le jeu plus immersif, plus long, et plus original. On
peut par exemple se laisser prendre au plaisir de la chasse, pour soi-même, ou
via des objectifs demandés par un chasseur, qu’il faudra voir régulièrement. Et la
chasse ne consiste pas à tuer sauvagement avec un arc ou une arme à feu, sinon,
ça troue la peau. Il faut y aller patiemment, poser des pièges, des appâts, ne
pas se faire repérer… C’est réellement tout un programme. On peut aussi
entretenir son propre commerce, vendre des peaux, etc… Mais finalement, ce que
je considère comme le plus épique et le plus jouissif, ce sont les phases de
batailles navales. Pas le touché coulé de base avec une grille et des bateaux
en plastiques évidemment, mais de véritables phases maritimes guerrières qui
mettent à l’amende l’ensemble des quatre films Pirates de Caraïbes. On contrôle
le bateau avec un stick, on s’occupe des voiles avec un bouton, on vise avec l’autre
stick, on tire avec une gâchette (puis on attend logiquement que les canons se
rechargent), et on peut demander à son équipage de se mettre à couvert avec un
autre bouton. C’est à la fois totalement prenant, tout à fait immersif, et
complètement épique. Il faut gérer le vent, bien naviguer, ne pas se faire
toucher, et couler son adversaire. Magistral. C’est presque la plus grande
force du jeu, pour peu que l’on adhère à ces phases, qui devraient faire
quasiment l’unanimité des joueurs. C’est au final toutes ces nouveautés et ces
petits plus qui font d’Assassin’s Creed III un jeu plaisant à jouer, et surtout
moins répétitifs que les premiers. Malheureusement, deux légers points faibles
sont à signaler. La présence de rares phases de QTE, lorsque l’on se fait
attaquer par une bête sauvage, alors que l’on aurait souhaité quelque chose de plus
immersif, et une certaine lourdeur dans le contrôle du personnage. Pas de
rigidité ou de manque de fluidité, mais une petite lourdeur. Rien de bien
méchant toutefois.
Assassin’s Creed III c’est aussi un scénario et une
conclusion. Pour ne rien dévoiler à personne, je m’abstiendrais d’en dire plus,
excepté le fait que l’on contrôle plus de personnages différents qu’on ne
pourrait le croire. Mais chut, je me tais. La révolution attendue de ce jeu a
bien eu lieu, et elle s’annonce grandiose. On pourrait toutefois trouver le jeu
un peu en dessous de ses attentes, malgré toutes ces grandes qualités. C’est
cette ambition mêlée aux capacités techniques qui finalement plombent un peu l’ambiance,
tout comme ces nouveautés, très nombreuses et plaisantes, qui ne réinventent
cependant pas le jeu. Assassin’s Creed III reprend donc les fondements de ses
prédécesseurs afin de les enrichir pour renouveler l’expérience au maximum. Le joueur
se retrouve face à un jeu à l’univers vaste, prenant, et propice à offrir
toutes sortes d’expériences. Il y a des défauts bien sûr, mais devant l’ampleur
d’un tel titre, ce serait dommage de bouder son plaisir.
17/20
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