vendredi 9 novembre 2012

Test Assassin’s Creed III

Après Altaïr et Ezio, Desmond va se découvrir de nouveaux ancêtres. Après être passé en Terre Sainte au temps des Croisades, puis en Italie, principalement, à l’époque de la Renaissance, ce sont les Etats-Unis d’Amérique qui comptent bien clore la trilogie. Alors que le dernier volet en date s’appelait Revelations, celui-ci aurait pu s’appeler Revolution. Qu’il s’agisse de celle d’Amérique qui sert de background au titre, ou bien de celles présentes dans le jeu, cet Assassin’s Creed III propose quelques nouvelles redirections. Le changement, c’est maintenant.

On change de jeu comme on change d’époque et de continent. C’est un peu une tradition dans la saga, afin de ne pas s’enfermait dans un univers qui risquerait de paraître ennuyeux aux yeux des joueurs. Sauf que cette fois-ci le dépaysement est assuré. Les villes d’Amérique sont certes des villes, mais ce qui tranche radicalement avec le reste, ce sont les paysages de nature, avec les forêts, les montagnes, et même les océans. On peut se balader librement parmi cet univers et ses ambiances si charmantes qui retranscrivent parfaitement ce que les américains d’antan pouvaient ressentir. Sans oublier que le tout évolue selon les périodes. Des forêts pleines de verdures, on passera alors à des arbres enneigés et ces soixante centimètres de neige au sol. Tout est vivant en plus, ce qui rend le jeu encore plus immersif. Des animaux se baladent, et il faut parfois les éviter afin de ne pas se faire déchiqueter. Ce n’est pas spécialement novateur, Red Dead Redemption est passé par-là, mais c’est toujours très plaisant. Les villes ne sont d’ailleurs pas en reste, affichant un nombre de personnages à l’écran considérable, tous aussi actifs les uns les autres, à vivre tranquillement ou non leur vie. Ce monde ouvert l’est donc véritablement, même s’il se sépare en différentes zones avec temps de téléchargement entre chacune. On apprécie aussi la distance d’affichage, encore plus conséquente et ne souffrant pas, ou très peu, de clipping. On se trouve donc face à un jeu à la direction artistique incontestablement réussie, qui offre à voir de magnifiques paysages, mais qui malheureusement, souffre de gros défauts techniques…

 Les combats au tomahawk sont plus brutaux

Rassurez-vous, le jeu n’est pas moche, ni désagréable à l’œil, et n’accuse en rien d’un retard graphique évident. C’est juste qu’il est parsemé de soucis techniques et graphiques qui font un peu tâche dans ce genre de production. En fait, ce que l’on constate, c’est que le jeu pousse les consoles dans leurs derniers retranchements, et qu’il serait donc temps de changer de génération. Parce que ce qui est incontestable dans Assassin’s Creed III, c’est la présence de textures parfois franchement dégueulasses. Des murs pixélisés, ou encore des buissons en quatre feuilles (le genre de buissons en croix tout plats, comme quatre feuilles de papier qu’on collerait ensemble) pour n’en citer que quelques exemples. Sans oublier les cinématiques, qui basent tout sur la modélisation des personnages, et qui nous mettent des fonds flous derrière, et certains objets taillés à la hache. Je critique, parce qu’il est nécessaire de le dire, mais ce n’est pas une attaque personnelle envers le jeu. De même, il y a énormément de bugs. De collision, parfois assez étranges ou risibles, et surtout assez grossiers, mais aussi d’autres, plus dérangeants, qui entravent l’avancée du jeu. A plusieurs reprises, pas tant que ça, mais quand même, je me suis retrouvé bloqué dans le jeu à cause de bugs. J’ai toujours eu à recommencer au dernier checkpoint, rien de méchant, mais c’est quand même embêtant. Quand un garde, au lieu de faire son tour de garde, nécessaire pour ne pas se faire repérer et passer derrière, contemple le point de passage en se prenant pour Lord of Dance avec sa danse (véridique, ça m’est arrivé), c’est à la fois drôle et perturbant. Evidemment, face à un jeu d’une telle envergure, c’est normal qu’il y ait des bugs, mais tout n’est pas forcément acceptables, surtout lorsque c’est trop présent. Un patch est téléchargeable, corrigeant quarante-quatre bugs, mais je n’ai pas pu l’installer lors de mon test. Malgré tout, selon les avis entendus, il reste encore des problèmes, et l’aspect graphique de certains points reste inchangé. Attention, malgré tout ce que je dis, le jeu reste beau et agréable à l’œil, mais on aurait aimé mieux, surtout pour un tel projet, et surtout quand on voit que Red Dead Redemption à une meilleure finition (sauf au niveau du clipping).

Vivre la révolution d’Amérique, c’est bien. Mais avant cela, apprêtez-vous à vivre la révolution de la maniabilité. En effet, c’est bien l’un des changements les plus fous de ce jeu. Alors que jusqu’à là, on devait activer différents modes, selon ce que l’on souhaitait faire, tout cela est révolu. On fait dans le plus simple, et le plus efficace je trouve. Désormais, on peut courir juste un appuyant sur une gâchette. Quant au système d’attaque, il se gère simplement avec trois boutons. On attaque avec son arme principal, on utilise son arme secondaire (arme à distance le plus souvent, telle que le pistolet ou bien l’arc), et on contre. Les habitués seront probablement déstabilisés dans un premier temps, alors que les néophytes s’y feront sans trop de mal, mais il faut reconnaître que ce système est un poil plus instinctif, à mes yeux en tous cas, et que cela rend la progression encore plus fluide. Pour ce qui est des combats, ils deviennent un peu plus tactiques, sans être difficiles non plus à maîtriser. Le système de contre, s’il est réussi, provoque un ralenti d’environ une seconde, le temps d’effectuer sa contre-attaque comme bon nous semble. Il est aussi possible de désarmer un ennemi et de récupérer son arme. D’ailleurs, en parlant des armes, XVIIIème siècle oblige, les armes à feu font leur arrivée, plus évoluées que ce qui était possible précédemment. Bien sûr, l’ensemble demeure long à recharger, ce ne sont pas des guns comme dans GTA, mais c’est terriblement efficace, ou terriblement mortel selon qui pointe cette arme sur qui. D’ailleurs, on remarque que si l’intelligence artificielle souffre toujours du syndrome Assassin’s Creed (forcément !), elle est devenue un peu plus réaliste, avec des ennemis qui au lieu d’attendre leur tour, n’hésitent parfois pas à attaquer, et souvent dans le dos, de façon fourbe. On peut donc réellement se battre avec plusieurs ennemis en même temps mais le plus dangereux tient des fois où plusieurs d’entre eux vous visent avec leur arme à feu. Même en courant sur un toit, ça reste très douloureux, ou pire.

 Les phases de batailles navales sont grandiloquentes

Assassin’s Creed, c’est effectivement des missions d’assassinat, mais la diversité des actions à effectuer est présente depuis un certain temps déjà. Cet épisode trois ne déroge évidemment pas à la règle et propose le plus de variété. Grâce aux environnements tout d’abord. En ville, même si l’on change radicalement de paysage, l’ensemble reste plus ou moins similaire. On grimpe sur des toits, on arrache ses affiches pour ne pas se faire repérer, on fait des missions de messager, etc… Mais dans la forêt, c’est tout autre chose. On peut courir d’arbre en arbre, et aussi bête que cela puisse paraître, c’est assez jouissif, puisque fluide et bien foutu. La neige, présente dans la nature, influe aussi sur le gameplay, puisqu’avec cinquante centimètres entre les pattes, on avance logiquement plus lentement. Mais ce sont surtout les à-côtés qui permettent de rendre le jeu plus immersif, plus long, et plus original. On peut par exemple se laisser prendre au plaisir de la chasse, pour soi-même, ou via des objectifs demandés par un chasseur, qu’il faudra voir régulièrement. Et la chasse ne consiste pas à tuer sauvagement avec un arc ou une arme à feu, sinon, ça troue la peau. Il faut y aller patiemment, poser des pièges, des appâts, ne pas se faire repérer… C’est réellement tout un programme. On peut aussi entretenir son propre commerce, vendre des peaux, etc… Mais finalement, ce que je considère comme le plus épique et le plus jouissif, ce sont les phases de batailles navales. Pas le touché coulé de base avec une grille et des bateaux en plastiques évidemment, mais de véritables phases maritimes guerrières qui mettent à l’amende l’ensemble des quatre films Pirates de Caraïbes. On contrôle le bateau avec un stick, on s’occupe des voiles avec un bouton, on vise avec l’autre stick, on tire avec une gâchette (puis on attend logiquement que les canons se rechargent), et on peut demander à son équipage de se mettre à couvert avec un autre bouton. C’est à la fois totalement prenant, tout à fait immersif, et complètement épique. Il faut gérer le vent, bien naviguer, ne pas se faire toucher, et couler son adversaire. Magistral. C’est presque la plus grande force du jeu, pour peu que l’on adhère à ces phases, qui devraient faire quasiment l’unanimité des joueurs. C’est au final toutes ces nouveautés et ces petits plus qui font d’Assassin’s Creed III un jeu plaisant à jouer, et surtout moins répétitifs que les premiers. Malheureusement, deux légers points faibles sont à signaler. La présence de rares phases de QTE, lorsque l’on se fait attaquer par une bête sauvage, alors que l’on aurait souhaité quelque chose de plus immersif, et une certaine lourdeur dans le contrôle du personnage. Pas de rigidité ou de manque de fluidité, mais une petite lourdeur. Rien de bien méchant toutefois.

Assassin’s Creed III c’est aussi un scénario et une conclusion. Pour ne rien dévoiler à personne, je m’abstiendrais d’en dire plus, excepté le fait que l’on contrôle plus de personnages différents qu’on ne pourrait le croire. Mais chut, je me tais. La révolution attendue de ce jeu a bien eu lieu, et elle s’annonce grandiose. On pourrait toutefois trouver le jeu un peu en dessous de ses attentes, malgré toutes ces grandes qualités. C’est cette ambition mêlée aux capacités techniques qui finalement plombent un peu l’ambiance, tout comme ces nouveautés, très nombreuses et plaisantes, qui ne réinventent cependant pas le jeu. Assassin’s Creed III reprend donc les fondements de ses prédécesseurs afin de les enrichir pour renouveler l’expérience au maximum. Le joueur se retrouve face à un jeu à l’univers vaste, prenant, et propice à offrir toutes sortes d’expériences. Il y a des défauts bien sûr, mais devant l’ampleur d’un tel titre, ce serait dommage de bouder son plaisir.

17/20

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