lundi 20 janvier 2014

Critique : Jack et la Mécanique du Cœur

« Andalucia ! Anda, Anda ! Andalucia ! Anda , Anda ! Andalucia , Anda ! » « Tais-toi mon cœur ! Je ne te reconnais pas. Tais-toi mon cœur ! Je ne te reconnais pas » « Don't you wanna sleep ? Don't you wanna sleep ? My motherfucking clock does tick-tock ding dong ! My motherfucking clock does tick-tock ding dong ! »

Si vous avez reconnu ces extraits, c'est que vous connaissez les paroles, et logiquement, que vous connaissez l'album La Mécanique du Cœur de Dionysos. Et peut-être même avez-vous lu le livre de Mathias Malzieu. Et peut-être même êtes-vous au courant qu'un film d'animation tiré du CD/Livre va (enfin) sortir sur nos écrans le 5 février prochain. Si c'est le cas, et que vous l'attendez, tant mieux, voici une critique du film. Et si vous ne l'attendez pas, voici bien ce qui pourrait vous donner envie de l'attendre !

Avant toutes choses, cette critique ne contiendra aucun spoiler, sauf vers la fin, dans un paragraphe spécifique, et uniquement pour ceux qui n'ont pas lu le livre, mais ce sera précisé. Bref, Jack et la Mécanique du Cœur, c'est quoi ? C'est un film d'animation réalisé par Mathias Malzieu et Stéphane Berla, qui reprend la trame scénaristique du livre (et du CD aussi, mais je vais éviter de le rappeler à chaque fois, cela semble évident). Ça raconte l'histoire de Jack, qui naît à Edimbourg le jour le plus froid du monde, et dont on doit remplacer le cœur gelé par une horloge pour sa survie. Le problème, quand on a une horloge à la place du cœur, c'est qu'il y a des règles à respecter. Ne jamais toucher ses aiguilles, contrôle sa colère, et surtout, ne jamais tomber amoureux. Des règles bien difficile à suivre pour Jack, surtout dès lors qu'il va rencontrer la jeune Miss Acacia. Il va alors entreprendre un voyage fantastique jusqu'en Espagne, accompagné de Georges Meliès, afin de retrouver celle qui lui a fait découvrir l'amour.

Ce projet de film trotte dans la tête de Mathias Malzieu depuis longtemps. Et très rapidement, il a été mis en chantier. Sauf que la production n'a pas été de tout repos. Epargnons les détails, mais il faut savoir que le film a été envisagé entièrement en stop motion avec des marionnettes par exemple. Au final, Jack et la Mécanique du Cœur est un film d'animation en 3D (attention, on ne parle pas de relief avec des lunettes immondes, heureusement). Alors oui, on pourrait regretter le stop motion et sa poésie, mais il faut reconnaître que le travail accompli est ici assez phénoménal. Pas forcément dans la technique, bien que cela soit maîtrisé, mais essentiellement dans la direction artistique. À l'exception d'un personnage, trop burtonien pour que l'on s'y attache, l'ensemble est de toute beauté, fourmille d'idées graphiques et visuelles, et offre un spectacle assez admirable, et souvent trop rare, pour les yeux. Bref, du très très bon de ce point de vue.


Cependant, une direction artistique magnifique, avec une âme, ce n'est rien sans une réalisation pour lui donner toute sa splendeur. Et qu'on se rassure immédiatement, il n'y a pas à s'inquiéter. Le film possède une réalisation pertinente, qui sert sans cesse les propos, et servie par un montage dynamique. C'est donc un réel plaisir que de voir ce film, rythmé par les musiques entraînantes de Dionysos. On n'est pas loin d'un véritable petit bijou d'animation. Pas loin ? Oui, pas loin. Parce que malgré toutes ces critiques élogieuses, méritées, le film a de quoi être une grosse déception, mais uniquement pour ceux qui ont lu le livre, rassurez-vous.

!!!SPOILER ALERT !!!
Expliquons ce qui ne va pas dans ce film, qui était pourtant bien parti pour faire un sans faute. Ce qui ont lu le livre en connaissent la fin. Pas de spoilers si c'est le cas, sinon, vous êtes prévenus. En gros, Jack fini seul, rejeté par Miss Acacia, et comme si ce n'était pas suffisant, il apprend que son horloge l'a certes sauvé, mais que rapidement elle n'était plus nécessaire à sa survie. La défunte Madeleine ne lui a jamais dit, afin de le garder près d'elle le plus longtemps possible. Fin assez rude, pas très joyeuse, mais finalement assez proche d'une réalité qui ne fait pas de cadeaux. Une fin logique, bien qu'assez troublante. Eh bien dans le film, la fin a entièrement été modifiée ! Volonté de Mathias Malzieu (espérons que non) ou choix imposé par Luc Besson, producteur du film, aucune idée, mais cela ne joue pas en la faveur du film. Quand on ne connaît pas le livre, il n'y a pas de problème. Mais quand on a apprécié cette fin assez crue et réaliste, on a de quoi être dérangé et déçu par la fin du film. Parce que la fin du bouquin est quand même bien meilleure. Bref, c'était le petit coup de gueule.
!!!FIN DU SPOILER !!!

Qu'on se le dise, Jack et la Mécanique du Cœur est un très bon film d'animation, doté d'une direction artistique fantastique, et d'une réalisation dynamique. Un conte sombre et poétique pour toute la famille. Malheureusement, ceux qui ont lu le livre pourront éventuellement être déçus. Quant aux autres, on ne peut que leur conseiller d'aller voir cette merveille du film d'animation, qui leur plaira, pour peu qu'ils ne soient pas allergiques à la musique de Dionysos. En revanche, on leur déconseille de lire le bouquin, avant ou après. Vous voici prévenus !

Jack et la Mécanique du Cœur
Mathias Malzieu et Stéphane Berla
Sortie le 05 février