mardi 28 août 2012

Test Sleeping Dogs


Il y a presque dix ans, une nouvelle franchise apparaissait sur nos consoles : True Crime. Un monde ouvert dans l’esprit de GTA, avec en guise de personnage un flic, les actions du joueur influant sur une jauge de bon ou mauvais officier de police. Le premier volet, basé à LA, avait fait bonne impression et s’était montré satisfaisant. Sa suite, à New-York, en revanche, était assez décevante. Le troisième volet, annoncé en 2009, prévu pour se dérouler à Hong Kong, a finalement été annulé. Vu la qualité de l’opus précédent, peu ont été attristés par la nouvelle. Sauf que voilà, Activision a peut-être laissé le jeu, mais le studio de développement, United Front Games, n’a pas baissé les bras. Et c’est finalement Square Enix qui s’est occupé d’éditer et de distribuer le jeu. Qu’on se le dise, bien leur en a pris. Pas de True Crime 3 au final, mais Sleeping Dogs, une bonne surprise qui pourrait bien vous convaincre.

Wei Shen vient de Hong Kong, il y a vécu jusqu’à l’âge de dix ans avant de partir pour San Francisco. La vie n’a pas été facile dans sa ville natale, alors après son départ et ses études américaines, il décide de suivre une formation de policier. Et puis, un beau jour, il retourne à Hong Kong. On revient toujours à ses origines. Il retrouve un de ses anciens amis, Jackie, qui va l’aider à devenir membre d’une triade. Wei n’est cependant pas un malfrat, il est un flic infiltré. Il devra alors travailler pour les Sun On Yee, l’organisation criminelle qu’il a introduite, sans oublier sa mission première, les faire tous coffrer, comme le bon flic qu’il est supposé être. Voilà le postulat de départ.

 En dépit des apparences, Wei est un flic

C’est à travers une ville ouverte, celle de Hong Kong, que votre aventure commence. La liberté est totale, hormis certains passages obligatoires, et le choix des missions se fait selon sa volonté. Immédiatement, on pense à GTA, et c’est normal. Le titre en reprend énormément d’aspects. La liberté d’action, les véhicules, le choix des missions, les différents à côté qui prolongent la durée de vie, ou encore la customisation de son personnage. On se demande alors quel est l’intérêt d’un tel jeu s’il ressemble tant que ça au modèle dont il s’inspire. Eh bien c’est son ambiance. Hong Kong est déjà en soit une destination presque exotique à côté de toutes les villes occidentales (américaines la plupart du temps, ou parfois anglaises) qu’on est habitué à parcourir dans les jeux vidéo. Et il faut dire ce qui est, la retranscription de la ville est sidérante. On tombe sous le charme très rapidement. Chaque détail semble être pensé pour qu’on croie à cet univers, que ce soit visuellement ou bien d’un point de vue sonore. Si l’ensemble est en anglais, il n’est pas rare d’entendre des phrases en cantonnais, ce qui nous immerge encore plus dans l’ambiance du titre. Et évidemment, c’est ce qui fait en grande partie la force du titre, les combats sont eux aussi imprégnés de cet univers hongkongais. Ainsi, on ne se contente pas de tabasser juste comme ça des mecs afin de se défendre ou de leur donner une leçon. On se bat avec une connaissance des arts martiaux qu’il faut savoir maîtriser et qui va évoluer au fil de l’aventure. Ainsi, il faut enchaîner correctement différents combos, savoir contrer correctement ses adversaires, et aimer le corps à corps brutal et stylisé. Tout est dans l’ambiance purement hongkongaise dans ce jeu.

Le marché de Hong Kong la nuit

Le système de combat, justement, se rapproche bien plus de ce que l’on peut voir dans des jeux tels que les Batman de Rocksteady, plutôt que dans les GTA. Au fil de l’histoire, en récupérant les bons objets, on débloquera au choix de nouvelles techniques, qui permettront de castagner plus violemment lors de combats de plus en plus ardus. Les fusillades sont aussi de la partie, elles sont cependant moins mises en avant. Contrairement à un GTA qui possède sa débauche d’armes en tout genre, et que l’on peut se procurer facilement moyennant finance, dans Sleeping Dogs, on ne peut pas se balader comme on le veut avec son gun sous le bras. Seules quelques missions le permettent, et la plupart du temps, il est quand même rare d’utiliser les armes à feu. Ce qui n’empêche pas le titre de posséder son lot de fusillades nerveuses et violentes. Certes, rien de très innovant dans ce domaine, mais cela reste efficace. De toute façon, on préférera les combats version arts martiaux au corps à corps, plus brutaux, plus originaux, et mettant encore plus dans l’ambiance. A savoir que l’on peut parfois ramasser des objets pour mieux tabasser ses ennemis, allant du couteau au démonte-pneu, en passant par un poisson cru. Eh oui, Hong Kong que voulez-vous.

 High Kick dans ta face

Le reste du système de jeu est déjà plus conventionnel pour ce type de production. On se balade dans la ville d’une mission à l’autre selon ses choix, ou à la recherche d’objectifs secondaires, et une fois terminé on recommence. Il est évidemment possible de piloter des véhicules, c’est l’essence même de ce genre de titre, et la conduite est en soit très réussie. Certes, la physique des dommages des véhicules n’est pas forcément réaliste dans la conduite (pas dans le visuel), mais finalement, cela facilite en partie les choses (ça évite d’exploser toutes les trois collisions violentes). A savoir que les courses représentent une partie importante du titre, puisque dans le scénario comme dans les objectifs secondaires, il faudra participer à des courses illégales. Et on a alors l’impression d’être dans un Need For Speed tellement l’aspect course est travaillé. Alors on peut ne pas aimer, mais il faut reconnaître que l’ambiance est là, toute comme la sensation de vitesse. Avec son côté ville asiatique on se croirait presque à certains moments dans Fast and Furious : Tokyo Drift. Evidemment, la marche à pied est aussi conseillée (bouger 30 minutes par jour et manger 5 fruits et légumes par jour) et parfois nécessaire. Cela implique des courses-poursuites à pied, mais qui ne sont en rien ennuyeuses. Parce que Hong Kong oblige, le héros est une sorte de Yamakasi. Il saute par-dessus tout, escalade les façades de murs, fait des bonds parfois impressionnant… Encore une fois, cela donne un véritable cachet au jeu, alors que dans le fond, il manque un brin d’originalité. Pour le reste, c’est donc classique. On peut acheter de la nourriture (asiatique forcément) afin de regagner de la santé, causer plus de dégâts, etc… On peut aussi se payer de nouveaux vêtements, soit pour le style, soit pour augmenter certaines stats. A noter qu’il existe différentes boutiques et qu’on ne peut pas tout acheter au même endroit. Entre les boutiques de luxe, celles plus axées mode, et celles du marché (avec ses « Converses » de contrefaçon), il y en a pour tous les goûts et pour tous les prix.

 Pause shopping

Sleeping Dogs, c’est une ambiance, mais c’est aussi un scénario. Wei, l’infiltré, doit faire tomber une triade en essayant de ne pas s’y attacher et de sombrer alors dans une guerre de gangs emplie de vendettas. On pense indéniablement à Infernal Affairs. Et de toute façon, on pense forcément à certains films de Johnnie To ou de John Woo lorsque l’on joue à Sleeping Dogs. On ne s’en plaindra pas, ce sont de bonnes références. Et le scénario influe évidemment sur le gameplay. Il y a les missions police et les missions triade. En tant que flic, on devra la plupart du temps faire coffrer des types, trouver des preuves, prendre des criminels en photo en flagrant délit, piratez des caméras de surveillance, pister des truands sans se faire remarquer, ou encore planquer des micros. Cette dernière épreuve est d’ailleurs particulière, puisqu’elle ne consiste pas uniquement à entrer quelque part, appuyer sur un bouton, et hop c’est fini. Non, le plus souvent en temps limité, il faut bien poser son micro. C’est-à-dire chercher et trouver les bonnes fréquences et les synchroniser avec la bonne réception. Ce n’est pas difficile, c’est même plutôt simple, mais l’angoisse d’être découvert en tant que balance (cafard dans le jargon) avec ce chrono qui défile ajoute une certaine pression. Pour ce qui est des missions triade, il faut au départ faire de la « protection moyennant monnaie » pour les commerçants, avant de s’occuper de types plus importants à impressionner, de cargaisons à reprendre à une triade ennemie, etc… Ok, on joue les « méchants » en tant que triade, mais rapidement on se prend d’affection pour nos nouveaux amis. C’est mon cas du moins. A tel point que c’est difficile de ne pas se sentir plus impliqué qu’un simple flic infiltré. Si les objectifs de ces diverses missions varient, une chose demeure identique : les points triade et/ou police. Les points triade sont attribués uniquement lors des missions triade et s’obtiennent selon différents critères, le plus souvent de combats. Les points police, présents dans les deux types de missions, sont répartis à 100% dès le début, et se perdent selon nos actes. Détruire du matériel civil (en conduite, c’est une chose assez récurrente, surtout chez les mauvais conducteurs comme moi…), blesser ou tuer un civil innocent, ou encore se foirer en faisant une acrobatie. Tous ces points remplissent des jauges qui font gagner des niveaux et des améliorations. De quoi se motiver à faire le meilleur score.

 Quelle amélioration choisir?

Un point sur l’ambiance sonore du titre. C’est l’un des plus grands points forts du jeu. La ville grouille de sons et de voix qui la rendent vivante et crédible. Les différentes radios proposent toutes des contenus de qualité avec un style différent à chaque fois. J’avoue avoir un petit faible pour Roadrunner Records, la radio métal (Roadrunner Records existe, c’est un label de musique métal américain. Les groupes diffusés sur cette radio dans le jeu sont ceux du label), mais la radio musique classique est pas mal aussi. Rouler en moto sur La Chevauchée des Walkyries de Wagner, c’est classe (pas autant qu’en hélico certes, mais tout de même). A cela s’ajoute un doublage de très bonne facture et fort convaincant. Parmi les personnes vraiment connues (certains acteurs asiatiques ne le sont pas vraiment en France) on retrouve Tom Wilkinson, Lucy Liu, ou encore Emma Stone (ma petite chouchoute). Une vraie réussite de ce point de vue-là.

 La sensation de vitesse est bien présente

Malheureusement, il est temps de parler des défauts du jeu. C’est bien de citer les qualités, mais il faut aussi savoir critiquer plus justement. Les graphismes tout d’abord. Il faut reconnaître que si le jeu possède une patte artistique quasi irréprochable, la technique fait défaut. Le jeu n’est pas moche, mais on sent que sa production date. Un peu comme un jeu du début de cette génération de console. Rien de visuellement choquant, mais un peu à la ramasse. J’ai la chance de jouer sur PC donc la qualité graphique est meilleure, sur console l’affichage est un peu moins bon, sans que rien ne soit dérangeant. Autre aspect légèrement perturbant, la maniabilité. Dans de rares moments, la caméra va se placer de façon totalement absurde. On peut la replacer soi-même, mais sur le coup, c’est assez ennuyeux, surtout en combat. La carte aussi n’est pas toujours très claire. Parfois, à une interception, si deux chemins sont similaires, on peut se tromper en se fiant à la carte, du fait de la lisibilité. Cela reste assez rare, mais nécessite d’être signalé. L’intelligence artificielle des adversaires laisse aussi quelquefois à désirer, souffrant parfois du syndrome Assassin’s Creed (les ennemis attaquent un par un au lieu de s’y mettre en groupe). On note aussi quelques bugs de collision peu gênants, et d’autres très rares bugs plus dérangeants pouvant nécessiter de relancer une partie. Heureusement, ce dernier cas est peu fréquent. Le plus gros défaut du jeu demeure tout de même son manque d’originalité et sa durée de vie, en comparaison au maître en la matière Grand Theft Auto. Bien sûr, le tout est largement compensé par son ambiance si singulière, mais cela pourrait en rebuter certains, ce qui serait dommage.

 Un coucher de soleil, un ivrogne, un smartphone, Sleeping Dogs

Sleeping Dogs aurait pu être un excellent jeu s’il n’avait pas souffert d’une comparaison désavantageuse face à son concurrent direct GTA. En dépit de cela, le titre demeure très bon et arrive à s’affirmer grâce à son univers et son ambiance unique. Si le jeu vous attire mais que vous hésitez encore, il vous suffit juste de savoir si vous pensez être séduit par Hong Kong et son charme si particulier ou non. Si oui, ne passez pas à côté de Sleeping Dogs, le voyage saura agréablement vous dépayser.

17/20

vendredi 24 août 2012

Diablo III


HS. C’est ce qui va désigner cet article. Non, pas Hors Service. Ni Hors-Sujet. Et encore moins Homer Simpson (c’est déjà plus dommage). HS pour Hack and Slash tout simplement. Parce que c’est de ça que je vais parler. En effet, longtemps réticent à ce genre de jeu, surtout parce que je n’y connaissais pas grand-chose et parce que les multiples PCs que j’ai possédé ne me permettaient pas d’y jouer, je n’avais jamais essayé. Tout le monde me vantait les mérites de Diablo II, et je ne l’ai jamais touché. Et puis je dois avouer que les parties en ligne, que tout le monde me glorifiait, ça ne me tentait pas du tout. Je sais pas pourquoi, mais je suis réfractaire au jeu en ligne la plupart du temps (sauf pour Mario Kart ou autres rares exceptions). A croire que même derrière un écran, je suis asocial. Je pense que ça vient plutôt du fait que je suis solitaire et qu’une quête, je préfère la réussir seul plutôt qu’avec d’autres personnes. Ouais, je suis comme ça moi. D’ailleurs, à part de très rares jeux, même offline, je n’aime pas les modes coopération… A croire que je n’aime pas les gens. Mais là je m’égare, ce n’est pas le sujet. Les hack and slash donc. Pourquoi m’y suis-je mis soudainement ? Et pourquoi avoir commencé avec Diablo III ? C’est très simple. Blizzard a offert l’opportunité de jouer gratuitement au titre. Pas entièrement bien sûr, uniquement le premier acte, avec pour limitation le niveau 13. Curieux que je suis, et n’ayant jamais essayé, je me suis dit « Ok, je vais voir ». C’est vrai, c’est gratuit et légal, alors pourquoi diable ne pas tenter ? Et c’est comme ça que tout a commencé.

 Le barbare est bourrin, mais efficace

Au départ, rien de neuf. La cinématique d’intro est très célèbre, elle a été montrée partout et tout le temps depuis les Video Game Awards de décembre, donc bon, c’est certes très beau, mais on connait la chanson. D’ailleurs, le fait de nous balancer une VF obligatoire m’a beaucoup gêné, étant habitué à la cinématique en VO et préférant jouer en VO sur PC, ce qui est souvent faisable (contrairement à la plupart des jeux consoles). Et pareil pour le jeu, je n’ai pas trouvé d’options permettant de mettre la VO (ça se trouve, c’est moi qui suis aveugle, mais bon, s’il y a une telle option, elle n’est pas mise en avant, et c’est pas bien). Bref, passons outre. Suite à cela, je dois créer mon personnage. Enfin, choisir une classe. Pas de création de perso ici. Et qu’on se le dise, cela n’a pas d’importance, on ne joue pas à Diablo III pour ça. Ma classe choisi, je suis alors un brave et valeureux barbare, et pas une de ces tafioles de moines ou un de ces déviants féticheurs. Je commence, je me lance… Une toute nouvelle expérience commence alors pour moi. Je découvre un univers nouveau. Et putain, j’aime ça ! Oui, je l’avoue, j’ai aimé. C’est tout bête, mais c’est tellement efficace. Au début, il faut s’y faire, mais c’est rapidement très simple et instinctif. On a la souris en main, on avance simplement, on tabasse des morts-vivants ou autres saloperies dans le genre, et c’est immédiat comme plaisir. Alors oui, en effet, le tout s’intensifie rapidement, et pour certains le jeu pourrait paraître redondant, mais non, je ne trouve pas. Quel plaisir que d’être entouré de vingt squelettes et de tous les massacrer. Non, je ne fais pas une apologie de la violence, juste de ce type de jeu. En même temps, c’est le principe, alors il faut arrêter de se voiler la face. On avance, on tue des monstres, on récupère des trésors, et on avance, et on tue des monstres, et on récupère des trésors, et on avance… Vous avez compris je pense. On ne renomme pas hack and slash en français porte-monstre-trésor pour rien. D’ailleurs, tuer des monstres n’est pas le seul objectif, comme vous avez pu vous en apercevoir. Hormis certains cas (ou grâce à certains objets) cela ne rapporte même pas d’expérience nécessaire à monter de niveau. Oui, ça m’a surpris au début. Je suis principalement habitué au JRPG, alors bon, c’est normal non ? Ce qui compte avant tout dans Diablo III, c’est de récupérer des objets, aléatoires. Des armures et des armes principalement, qui serviront à se protéger ou à être revendues à bon prix. Et puis, les pièces d’or aussi. Ce pillage si récurent dans ce genre de jeu est communément appelé le loot. Et c’est très utile ici. Parce que tuer un boss avec sa hache émoussée de puissance 2,8, franchement, hein, ben voilà, hein. Je vous souhaite bien du courage. Heureusement qu’il y a aussi des compétences à débloquer au fil des niveaux, et qui s’avèrent bien utiles. Parce que si le jeu est, au début et pour le peu que j’y ai joué (quelques heures uniquement), relativement simple, il ne faut cependant pas s’attendre à une promenade de santé. Parfois, sans prévenir, un adversaire plus puissant, entouré de plus banals, surgit. Et là où il faut bien faire attention, c’est à sa jauge de vie. Elle descend, et si on se concentre trop sur les ennemis, on ne s’en rend pas compte, mais on risque d’oublier de prendre une potion. Et ce serait vraiment dommage. Mourir aussi bêtement…

 Il faut penser à bien s'équiper

Evidemment, Diablo III c’est aussi un côté jeu de rôle très présent. Il faut bien s’équiper, comme préciser au-dessus, il faut surveiller ses différentes jauges, choisir convenablement ses compétences au gré de ses gains de niveaux, etc… Il y a évidemment des marchands, qui permettent d’acheter ou bien de vendre des objets, ou encore des forgerons, afin de créer des armes. D’ailleurs, on peut recycler ses objets afin d’en concevoir de nouveaux. C’est tout bête, mais j’aime bien. Il y a évidemment des quêtes à remplir, mais bon, c’est le principe même de ce type de jeu, donc le préciser, c’est un peu comme dire qu’il y aura une épée dans The Legend of Zelda.

Alors ça y est, j’en vois qui se plaignent et qui s’agacent, critiquant ce genre de jeu qui s’avère ultra-répétitif. Oui, mais non. Soit on adhère à ce parti pris qui constitue l’ensemble du jeu, soit on n’y joue pas. On ne joue pas à un jeu Mario si on n’aime pas la plate-forme après tout. Donc sur ce point-là, c’est vraiment être faux-jeton. En revanche, le jeu est critiquable, c’est sûr. L'obligation d’être connecté à Internet pour jouer par exemple. « Non, c’est pas embêtant, il suffit juste d’avoir une bonne connexion ». Ok alors à ceux qui disent ça, je n’aurais qu’une chose à vous dire. Mais là, je ne le dirais pas, c’est peu poli. Si en soit je n’ai jamais eu de problème in-game, il se trouve quand même que lors de ma première partie, alors que j’allais enfin essayer ce fameux jeu, je n’ai eu accès à rien, puisque le serveur était en maintenance. Cool, génial, trop bien ! Déjà, le fait de posséder une connexion obligatoire est assez casse-pied, puisqu’on ne peut pas jouer dans le train sur son ordinateur portable par exemple, ou tout simplement lors d’une coupure Internet, ou bien si on n’a pas d’abonnement Internet tout court, mais lorsque ce genre de chose se produit, c’est vraiment casse-autre chose. Encore, moi ça va, je ne bavais pas depuis douze ans à l’idée de jouer à Diablo III, mais alors je plains ceux pour qui c’était le cas. Alors bon, si cela est fort agaçant, ça n’entache en rien le plaisir du jeu une fois qu’on est dedans et qu’il n’y a plus de problème. Mais bon, je devais le signaler.

 Oh, les mignons petits morts-vivants

Diablo III est donc un jeu qui sera répétitif pour certains, mais qui promet surtout des heures et des heures de jeu à ceux qui affectionnent ce genre. Moi-même qui suis novice en la matière, j’avoue être conquis. La prise en main est simple et instinctive, la plaisir est immédiat, et on se fait très vite à ce type de jeu. A croire que le hack and slash m’était destiné et que je ne m’en suis jamais rendu compte. Enfin, je dis ça, mais je ne pense pas me procurer le titre intégral payant pour autant afin de continuer ma partie. Trop de jeux, trop d’autres activités, alors un titre aussi chronophage que Diablo III, aussi bon soit-il, là, tout de suite, je vais éviter. Qui sait, plus tard peut-être. Lorsque l’acte 2 deviendra gratuit lui aussi.

mardi 21 août 2012

Fullmetal Alchemist

Avant de commencer, je vais le dire directement, Fullmetal Alchemist est mon manga préféré de tous les temps. Et deuxième chose, comme j’ai envie de parler librement sur le sujet, sans me censurer, je précise que cet article peut contenir (contiendra, c’est sûr) des spoilers. Voilà, c’est dit, maintenant, je commence. Fullmetal Alchemist, pour ceux qui ne connaîtraient pas, est un manga créé par Hiromu Arakawa et publié à partir de 2001 au Japon. Le succès fut tel, à juste titre, que dès 2003 une première adaptation en animé voit le jour. En France, c’est dès 2005 (mars je dirais selon mes souvenirs) que l’animé a été diffusé, quotidiennement, sur Canal +, dans l’émission La Kaz. J’ai découvert ça par hasard, et au départ, probablement parce que j’étais arrivé en cours de route, je n’arrivais pas à m’intéresser à la série. Et puis, ça m’a intrigué. Au point de regarder plus fréquemment des épisodes. A tel point, qu’en ayant suivi que la moitié, j’avais quand même regardé les derniers épisodes, me révélant la fin… Ouais, je me suis auto-spoilé en quelque sorte. C’est bête hein ? Et puis, comble de la joie et du bonheur, en cet été 2005, entre fin juin et fin août, était de nouveau diffusé l’animé. Et là, je me suis fait plaisir, n’en loupant pas une miette. Donc oui, j’ai découvert Fullmetal Alchemist en VF sur Canal +, et d’ailleurs, j’y suis tellement habitué que je ne les ai jamais regardé en VO (alors que je privilégie toujours la VO). Septembre 2005, la diffusion de l’animé est terminée, mais miracle, le manga arrive dans notre contrée. A peine j’ai eu vent de l'existence de cette sortie en voyant la pub dans un magazine que déjà je fantasmais à l’idée de sa lecture. Et quelle ne fut pas mon plaisir durant ces 27 tomes, s’arrêtant en novembre 2010, juillet 2011 chez nous. Ce qu’il faut savoir, et qui semble évident, c’est que l’adaptation en animé, datant de 2003, n’a pu se baser sur l’histoire du manga dans son intégralité. Ainsi, en 2009 sort une nouvelle adaptation en 64 épisodes, Fullmetal Alchemist : Brotherhood, entièrement basée sur les 108 chapitres de la série (hors premier épisode !) et donc plus fidèle. Fullmetal Alchemist, fort de son succès, c’est aussi un long-métrage, sorti au cinéma uniquement au Japon en 2005, et plus tard en DVD chez nous, Fullmetal Alchemist : Conqueror of Shamballa. Et très récemment, un second film est sorti, 2011 au cinéma chez nos amis nippons, et le 2 juillet 2012 chez nous (en fait, je viens d’apprendre à l’instant que la version collector est sorti le 2 juillet, alors que la version simple est disponible depuis le 30 mars…). Et c’est après avoir vu ce second film, Fullmetal Alchemist : L’Etoile sacrée de Milos, que j’ai eu envie de parler de ce manga que j’affectionne énormément.

 Le dernier générique d'intro de la première série

Fullmetal Alchemist est le manga absolu à mes yeux. Il ne s’éternise pas sur 150 000 tomes pendant quarante ans, le dessin mélange parfaitement finesse, détails, et fluidité, l’histoire est passionnante et dotée d’une réflexion intéressante, il y a de l’humour, les personnages sont attachants, et il y a des chats. Bon, ok, les chats je m’en fous, mais ça intéresse sûrement pas mal d’entre vous, c’est pour ça que j’ai cité ce point. Là, je parle du manga, mais j’ai découvert la série, comme probablement beaucoup de français je pense, grâce au premier animé. Cinquante et un épisodes seulement, mais quelle claque ! Animation excellente, graphismes somptueux, musique qui ravit les oreilles, génériques d’intro et de fin qui déchirent sa race (à l’exception de deux), réalisation sans faille, scénario adapté et inventé qui tient la route de façon exemplaire, personnages plus que plaisants, humour omniprésent en dépit d’une trame narrative assez sombre, émotions constantes… Bref, que de la qualité. Plus qu’une référence, un manga culte à mes yeux. Qui n’a pas ri devant certaines prestations pourtant sincères mais exagérées du commandant Alex Louis Armstrong ? Qui n’a pas versé une larme à la fin de l’épisode 25 (mon Dieu, tellement d’émotions !) ? Et qui n’a pas été ému lors du dernier épisode, lorsque les deux frères, séparés, se promettent de se retrouver, posant chacun sa main conte celle de l’autre ? C’est ça la puissance du premier animé Fullmetal Alchemist, se baser sur un univers, une histoire, complètement dévier, changer le scénario pour mieux le finir, et pourtant arriver à en faire quelque chose d’entièrement cohérent et tout à fait adapté aux fans en dépit d’une trame narrative qui change radicalement dans la deuxième partie. Chapeau, parce que le pari était osé. Les inconditionnels du manga auraient pu craindre une adaptation faite à la va-vite, ou bien un développement scénaristique tellement différent qu’il n’aurait plus eu aucun sens, mais par chance, non, ce n’est pas le cas. Au contraire. Fullmetal Alchemist est même un des meilleurs animé qu’il m’ait été donné de voir (le meilleur dans mon cœur, mais je dois être un poil objectif quand même).

La preuve que la musique est magnifique

Mais je parle, je parle, et je me rends compte que je n’ai toujours pas parlé de l’histoire. Quelle est-elle ? Déjà, vous vous en doutez, ça parle d’alchimie, et de métal. Au début du XXème siècle, dans un monde dans lequel les plus habiles et ceux qui ont étudié le plus contrôlent parfaitement la science de l’alchimie, deux jeunes frères, Alphonse et Edward, tentent une transmutation humaine (expérience alchimique interdite qui consiste à essayer de ressusciter un mort) afin de faire revenir leur mère. La tentative échoue, Edward, l’aîné, perd un bras et une jambe, tandis qu’Alphonse perd l’intégralité de son corps. Edward à tout juste le temps de rattacher son âme, grâce à une transmutation alchimique, sur une armure. Désormais, Alphonse est contraint de vivre à l’intérieur d’une armure vide, tandis qu’Edward se fera poser des mecha-greffes automails (des prothèses de métal très évoluées) en remplacement de ses deux membres perdus. Les deux frères n’ont alors plus qu’un seul objectif : retrouver leur corps et membres d’origines. Pour cela, Edward deviendra alchimiste d’état, et ils s’entêteront alors à retrouver la pierre philosophale, permettant toute transmutation alchimique, sans aucune règle d’échange équivalent. Cependant, tout n’est pas aussi simple que prévu, et l’armée dissimule bien plus de secret d’état qu’on ne pourrait le croire. Bon, ok, mon résumé est tout pourri, compliqué pour rien, et ne donne pas envie de se plonger dans ce sublime manga, mais si vous ne connaissez pas, je vous incite vraiment à vous y mettre. Les vingt-sept tomes se lisent aisément, et les cinquante et un épisodes se regardent avec plaisir. Pour dire, lorsque je me suis procuré l’intégralité du premier animé, je me suis refait tous les épisodes en trois jours. Quand on aime, on ne compte pas.

 Les deux frères Elric, Alphonse et Edward

Fullmetal Alchemist, c’est aussi un premier film, Conqueror of Shamballa. Ce long-métrage est la suite directe de l’animé. Quelques années se sont écoulées, Alphonse a retrouvé son corps, tandis qu’Edward, à nouveau privé de ses deux membres, vit de l’autre côté de la Porte, dans une sorte de monde parallèle sans alchimie, qui semble être le nôtre. En effet, le jeune garçon, alors âgé de dix-huit ans, vit en Allemagne, en 1923, en plein entre-deux guerres. Et c’est en partie le postulat de départ du film. Une société secrète de l’armée allemande va essayer d’ouvrir la Porte, afin de s’emparer des pouvoirs de l’alchimie après la prise de pouvoir ratée d’Adolphe Hitler. Les deux frères arriveront évidemment à se rejoindre pour faire face à ce qui arrive. Ce film apporte une véritable conclusion à la première série animée qui se concluait par une promesse, une note d’espoir. Et si le film n’est pas mauvais, il n’est pas non plus extraordinaire. Je commence par les points forts. L’animation est excellente, tout comme les graphismes. On retrouve bien la qualité des épisodes, et de ce point de vue-là, c’est un sans-faute. Quasiment tous les personnages de la série sont de retour ici, hormis Izumi Curtis, tristement disparue, et leur sort n’est pas forcément très heureux justement. Je pense notamment au colonel Roy Mustang, qui est réduit à l’état de garde-frontière. Cet aspect sombre du film est finalement proche du manga, et on ne peut que s’en réjouir. Le film est aussi rythmé avec des scènes d’action réussies, et des moments de bravoure haletants. Cependant, si l’histoire est intéressante, restant dans une certaine continuité, elle s’éloigne trop de l’esprit originel. De surcroît, la fin est à mon goût décevante. Les deux frères resteront à jamais coincés dans « notre » monde, de l’autre côté de la Porte, et ne pourront plus jamais revoir ceux qu’ils ont connu, à l’instar de la charmante Winry Rockbell. Frustrant. Surtout lorsque cinq ans plus tard, on connaît le véritable dénouement du manga. Autre chose que je reproche au film, le fait que quasiment chaque personnage de Fullmetal trouve son équivalent dans « notre » monde. En soit, l’idée est bonne, mais faire de Maes Hughes une espèce de salopard, je n’y arrive pas. On ne touche pas à Hughes. A noter aussi un léger surplus de violence par rapport à la série. Pas de quoi choquer les habitués non plus, mais c’est un fait. Au final, on se retrouve devant un film de qualité, mais qui n’est pas non plus exceptionnel. On le regarde avec plaisir si on est fan de la première série animé, malgré une fin en dessous de ce qu’on aurait pu et aimé attendre. Un produit qui reste toutefois digne du manga.

 Un des trailers du film

Maintenant, le ton va changer. Je vais parler de la seconde série, Brotherhood. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je déteste. J’ai commencé la série lorsque Dybex proposait de les voir en VOST quelques jours après leur diffusion japonaise, sur Dailymotion. Je me suis arrêté à l’épisode 12 ou 13. J’ai vraiment pas accroché. Pas du tout. D’une l’animation et les graphismes sont bien en-dessous du premier animé. C’est assez aberrant. Une série avec une telle notoriété mérite bien mieux. Ensuite, je trouve que c’est bien d’être fidèle au manga, mais de là à nous servir une version filmée de la bande dessinée, sans originalité, et sans plaisir, il ne faut pas exagérer non plus. C’est en grande partie pourquoi j’ai arrêté le visionnage. Réalisation sans vie, musique pas géniale, animation faible, et une volonté de balancer des private jokes dans les génériques pour faire genre on connaît le manga… A la limite, il n’y aurait pas eu la première série, j’aurais peut-être tout regardé, et avec plaisir qui sait, mais là honnêtement… A croire qu’il fallait absolument se faire du fric tant que le succès était là. Et puis bon, succéder à la première série qui était excellente… C’est un peu le syndrome Dragon Ball GT juste après Dragon Ball Z. Bref, à voir pour les curieux ou les fans hardcore peu exigeants, sinon à éviter.

 Une image suffira

Et maintenant, pour finir, je vais parler du second film, L’Etoile sacrée de Milos. Un mot suffirait à décrire ce long-métrage. Affligeant. Voilà, c’est la fin de cette critique. Bon, ok, je continue, pour vous faire plaisir, mais je vous préviens, ça ne va pas être beau à voir. D’une, le film, comme Brotherhood, possède une animation tout juste correcte, à peine plus que bien. Sauf que Fullmetal Alchemist mérite bien mieux que du tout juste bien. Là, dans le film, il y a certains passages de combats rapides qui sont constitués d’une suite de storyboards diffusés rapidement. De qui se moque-t-on ? Du public, des fans, de nous. Ensuite, l’histoire n’a strictement rien à voir avec l’univers créé par Hiromu Arakawa. Seule la présence d’Alphonse et d’Edward nous conforte dans l’idée qu’on regarde bien un film Fullmetal Alchemist. On remplacerait le terme alchimie par magie et on appellerait les personnages Pierre et Jean, le film fonctionnerait aussi. Rien à voir avec le manga. Et en plus, l’histoire ne se situe dans aucune continuité chronologique. Ça ne peut pas être après Brotherhood puisque la fin est normalement la même que celle du manga. C’est donc un hors-série qui survient comme ça, sans que l’on puisse le rattacher nulle part. Navrant. Et puis bon, ce scénar ridicule en plus. Un alchimiste s’échappe d’une prison pour retrouver une fille immigrée que l’on ramène à la frontière, afin de l’aider à reconstruire sa ville, se faisant passer pour son frère, alors qu’en réalité il cherche la pierre philosophale. Non, mais il ne faut pas essayer de comprendre, c’est juste pitoyable. Moi j’ai mieux à proposer comme scénario s’ils veulent faire un troisième film. Alphonse et Edward rejoignent une troupe de cirque. Sauf qu’ils découvrent que le chef est en réalité un ancien alchimiste d’état criminel de guerre lors des affrontements qui opposèrent l’armée au peuple Ishbal. De surcroît, sous son maquillage blanc et son sourire constant, le clown de l’équipe dissimule une peau mate et des yeux rouges. Le pire, c’est que c’est plus respectueux de l’univers comme pitch de base. Non mais franchement, pourquoi Hiromu Arakawa fait ça ? Pour le pognon ? Il faut arrêter. A force de prostituer son gosse, on arrive à des trucs infâmes. Et si c’était tout. Dans le film, il y a des chimères. Sauf que là, toutes sont des loups, et leur design ressemble à un croisement raté entre le pokémon Zoroark et un mauvais maquillage de loup-garou dans un nanar des années 80. Et encore, c’est méchant pour Zoroark. Les rares personnages secondaires présents ne servent à rien, si ce n’est à faire coucou pour rappeler qu’on est dans un film Fullmetal Alchemist, et à la limite de deus ex machina providentiel sans saveur. Contrairement au manga ou à la première série (et même à Conqueror of Shamballa), ici l’émotion n’est guère présente et laisse place à de l’action pure et dure sans âme et qui joue dans la surenchère de violence par moment. Evidemment, c’est bien plus drôle de faire exploser la tête de son adversaire avec du sang partout, ça plaît à la jeunesse avide de violence. Et puis, pendant qu’on y est, on va s’arracher la peau aussi, c’est rigolo. Parce que ce retournement de situation digne de Nip/Tuck, c’est pas mal quand même. Ben oui, à la fin, en fait, on apprend que celui qu’on croit être le frère est un méchant pas beau vilain. Et en réalité, il a découpé le visage du vrai frère afin de se le coller sur lui. Ok, donc c’est Fullmetal Alchemist, c’est tout à fait normal ce genre de situation… Je veux bien qu’on se foute de la gueule du monde par moment, mais là c’est pire que tout. C’est un viol. Voilà, c’est le mot. Un viol du manga et des fans. Bravo, c’est un joli coup double. En gros, vous l’aurez compris, évitez cette aberration, particulièrement si vous êtes fan du manga. A la place, relisez les bouquins ou rematez la première série, ce sera bien plus plaisant.

 Je remets un petit coup de musique du premier animé, c'est mieux

Il est temps de finir cet article. Fullmetal Alchemist est un excellent manga, le meilleur à mes yeux. Je vous conseille absolument de le lire, ainsi que de regarder la première série animée (les cinquante et un épisodes et le film Conqueror of Shamballa). Vous pouvez tenter Brotherhood, seconde adaptation, qui est véritablement fidèle à l’histoire, mais qui procure moins de plaisir. En revanche, évitez absolument le film L’Etoile sacrée de Milos, qui est tout simplement une honte. Un doigt d’honneur lancé bien violemment aux fans qui, crédules et naïfs, seraient tentés d’acheter le DVD ou le Blu-Ray. Ne le faites surtout pas jeunes inconscients ! Voilà, c’est dit. Et pour conclure en beauté, voilà ce qu’il me reste à dire. L’humanité ne peut rien obtenir sans donner quelque chose en retour. Pour chaque chose reçue, il faut en abandonner une autre de même valeur. En alchimie, c’est la loi fondamentale de l’échange équivalent. A cette époque, nous pensions que c’était la seule et unique vérité au monde. Nous nous trompions. Mais il a fallu céder quelque chose pour l’apprendre.

dimanche 19 août 2012

3615 Peace and Geek

Aujourd’hui, c’est dimanche, comme chaque dimanche, et le 3615 vous propose de vous pencher sur une nouvelle facette du jeu vidéo. Dehors il fait beau, vous n’avez pas à aller au travail, et le temps est propice aux amours champêtres, évoquant les bluettes printanières et les idylles naissantes. Car en effet, il y a deux sortes de jeux vidéo, ceux avec des idylles, et ceux dans lesquels il n’y en a pas. Le jeu vidéo, tout comme le cinéma ou la littérature est un média vecteur d’émotions. Ainsi, il n’est pas rare que les développeurs décident d’introduire au sein de leur œuvre quelques délicates intentions amoureuses destinées aux joueurs. Parce que dans le monde dans lequel nous vivons comme dans l’imaginaire artistique, l’amour persévère à résider au sommet de ce que l’homme espère trouver un jour. Il n’a donc guère tardé à ce que le jeu vidéo s’accapare lui aussi cette sensation trouble et tumultueuse.

Partant de la base d’un postulat héroïque, le jeu vidéo, à l’instar du cinéma, a souvent choisi comme idée de départ le sauvetage de son amour tant aimé afin d’installer un contexte émotionnel permanent. L’échec de la quête devient alors la perte définitive de sa bien-aimée, réduisant à néant l’espoir de sauver sa dulcinée et mettant alors fin à des années d’affection passionnelle, tandis que la réussite procure une sensation de bien-être et de bonheur, puisque l’élue de son cœur nous est enfin revenue, sauvée de par nos mains. Nintendo s’est posé maître en la matière, usant jusqu’à la corde un prétexte vidéoludique qui ne sert que de motif à des jeux plus ou moins ambitieux, mais finalement peu axés sur l’émotion que pourrait provoquer cette idylle. Depuis plus de 25 ans, et malgré quelques infidélités, Mario ne cesse d’aller secourir la Princesse Peach afin de lui prouver ses sentiments à son égard. Ce à quoi, il n’obtient comme uniques récompenses que quelques piètres baisers tout juste dignes d’un badinage pré-adolescent. En amour comme en jeu vidéo, la gratification n’est pas forcément à la hauteur de nos espérances de godelureaux naïfs que nous sommes. Il en est de même pour Link avec la Princesse Zelda. Quelle n’a pas été la frustration de milliers, que dis-je, de millions de joueurs de voir arriver la fin d’un des opus sans que rien ne laisse réellement présager une aventure entre l’elfe vêtu de vert et la jouvencelle tant convoitée. Pourtant, Nintendo a changé la donne avec le dernier épisode en date, Skyward Sword, nous dévoilant un aspect plus canaille de la demoiselle, évoquant alors un flirt adolescent et son envie de passer à la vitesse supérieure, prouvant à tous que le mutisme et les oreilles pointues n’empêchent en rien d’être séduisant. Surprenant au premier abord, le jeu en devient plus attachant et véhicule alors des émotions plus vigoureuses chez le joueur. Parce qu’en dépit d’un univers souvent enfantin, ces jeux offrent à vivre depuis plus d’un quart de siècle des idylles bien présentes dans la culture commune, bien que jamais représentées, laissant alors libre cours à l’imagination des joueurs entre chaque opus. On murmurerait même que Luigi aurait une liaison avec la Princesse Daisy, le coquin !


Variation plus sombre sur le thème du sauvetage de l’être aimé, Shadow of the Colossus nous met dans la peau d’un jeune mâle dont la bien-aimée repose sans vie. Bien décidé à réanimer sa belle, le jeune et frêle guerrier que l’on incarne se lance dans une quête aussi dangereuse que déchirante. Le joueur n’est alors plus simple spectateur d’une idylle quasi inexistante, il devient le héros de cette épopée romanesque et passionnée dont la puissance émotionnelle n’a d’égal que la dimension onirique qui émane du jeu. D’un postulat au potentiel bouleversant déjà assez intense, s’ajoute un univers empli de poésie et d’oiseaux qui s’envolent. De quoi émouvoir même les plus endurcis qui considèrent Call Of comme le paroxysme du développement d’un univers lyrique, malheureux  primitifs qu’ils sont. Parce que finalement, risquer sa vie afin de pouvoir redonner la sienne à son amour perdue, n’y a-t-il pas plus belle preuve d’affection en ce monde ?

P’tit gras- C’est complètement niais ce que tu viens de dire !

Je sais, mais il faut bien satisfaire notre public féminin aussi.

Shadow of the Colossus

Dante’s Inferno propose un autre aspect de ce thème, puisque le héros cherche à récupérer sa femme prisonnière des Enfers. Basé sur des grands récits littéraires aux univers uniques, tels que ceux d’Ovide ou de Dante, le jeu n’est finalement qu’un simple beat’em all bourrin, copiant sans vergogne la recette de God of War, mais néanmoins nourri par une histoire d’amour poignante.

Plus récemment, l’idylle s’est faite sombre et dérangeante. Essayant encore de sauver une jeune demoiselle, atteinte d’un mal dévastateur, le héros de Pandora’s Tower devra récupérer des cœurs de monstres afin de la soigner. Sauf qu’ici, l’amour n’est pas présent immédiatement. L’amour se crée, l’amour se façonne, l’amour se pétri comme une pâte informe dont le joueur démiurge aurait à sa guise le choix de la structure. Ainsi, c’est au joueur de décider d’instaurer ou non une relation entre les deux protagonistes. Une satisfaction qui conviendra à certains dont le principe de forger le dénouement de l’histoire est un ravissement. Le joueur sans âme pourra ne pas se plonger dans l’aventure idyllique des deux personnages, se contentant d’aller tuer sauvagement des monstres par simple plaisir viscéral, aussi cruel qu’il est au fin fond de son être, alors que le joueur plus délicat et réceptif fera son possible afin de faire naître au sein du jeu une histoire romanesque et émouvante, digne des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature romantique. Eh oui, les jeux vidéo ne sont pas uniquement remplis de violence gratuite et de démembrements sanglants, mais aussi de moments d’émotions sujets à faire verser quelques larmes aux joueurs.

P’tit Gras-Ouais, enfin, les jeux que t’as cités sont quand même assez violents. Dans Pandora’s Tower, on arrache le cœur de monstres, tu l’as dit toi-même, et Dante’s Inferno, c’est quand même sacrément gore. Alors tes amourettes toute mignonnes et ton argumentaire élogieux sur la beauté des jeux, c’est pas très convaincant.

Oui, mais c’est l’amour voyons !

P’tit Gras-Ben l’amour, je veux bien que ce soit courtiser une fille, prendre un verre, et aller plus loin, mais tuer des monstres à coups d’épées, c’est pas de l’amour ça.

Diantre ! N’as-tu donc jamais été amoureux misérable paltoquet ? Ne connais-tu donc pas ce sentiment si fragile et éphémère, et pourtant omniprésent ? Ne sais-tu donc pas ce que l’homme est capable d’accomplir lorsqu’il s’agit d’amour ? Que ne ferais-tu pas par simple affection pour une demoiselle en détresse ou une amante à sauver ?

P’tit Gras-Ben j’irais pas arracher des cœurs à des monstres en tous cas. D’une c’est dangereux, et en plus, ça doit être salissant. Acheter un bouquet de fleurs, c’est déjà bien assez comme ça.

Et que se serait-il passé si le héros de Shadow of The Colossus s’était contenté d’un bouquet de fleurs au lieu de tuer des colosses ? T’y as pensé à ça ?

P’tit Gras-Ben non.

Alors tu fermes ta gueule et tu me laisses finir !

Pandora's Tower

Cependant, l’amour se vit à deux. L’amour n’est pas uniquement un acte de donation et de sacrifice qui contraindrait l’un à éternellement sauver l’autre. Non, c’est bien plus que ça. Ainsi, certains jeux vidéo, au lieu de faire de l’idylle la quête principale d’un héros, en font un élément scénaristique majeur, jouant sur les sentiments des personnages et provoquant moult émotions chez le joueur. La série Final Fantasy, avec ses personnages divers et variés se renouvelant sans cesse, a pu à de nombreuses reprises développer des intrigues amoureuses au fur et à mesure des épisodes. Dans Final Fantasy VII, ce sont les non-dits, les sous-entendus, et la non réalisation de ces amours présentes, au grand regret des fantasmes les plus fous des joueurs, qui marquent le jeu, au point de voir naître plus tard, dans d’autres jeux estampillés Final Fantasy VII, un développement plus en profondeur de ces bluettes vidéoludiques. Final Fantasy VIII va encore plus loin, puisque ce sont les deux personnages principaux qui sont directement concernés. Durant toute l’aventure, le joueur n’aura pour seule aspiration que de voir cet amour se concrétiser entre le solitaire Squall et l’exubérante Linoa. Le soulagement n’en est que plus grand lorsqu’à la fin du jeu un baiser empreint d’émoi arrive enfin, touchant au plus profond les joueurs. Parce que oui, je le sais, toi qui as joué à Final Fantasy VIII, tes yeux se sont humidifiés à la vision de cette scène forte en émotion. Mais tu n’as pas à en rougir, parce que le propre de l’homme n’est-il pas la compassion et l’empathie ? Même si là, il ne s’agit que d’un jeu vidéo, inutile d’en faire trop tout de même. C’est toutefois avec Final Fantasy X que l’idylle se veut plus complète et saisissante. L’insupportable Tidus et son rire horripilant connaîtra la grâce et le plaisir de l’amour auprès de la jeune Yuna, qu’il est censé protéger. L’émotion est constante d’un bout à l’autre de l’aventure, et le dénouement n’en est que plus tragique et déchirant lorsque l’on apprend finalement que Tidus est en réalité issu du rêve de Sin, la grosse méduse informe, et qu’il est contraint de disparaître après l’avoir terrassée. Emouvant certes, bien que tiré par les cheveux. Mais au final, qu’apporte cet élan de beauté sentimentale et de mièvrerie fascinante ? Un apport scénaristique peu profitable au jeu dans son ensemble, qui ne renforce en rien l’aspect jeu de rôle du titre. Mais voilà, lorsque l’on s’attarde sur les ventes, les trois épisodes de la série à s’être le mieux vendus sont ceux cités préalablement. L’amour naïf et innocent auquel on croit sottement n’a donc pour seule motivation qu’une insatiable envie de s’en mettre plein le porte-monnaie. Qu’à cela ne tienne, le joueur se prend au jeu et l’émotion de remplir son portefeuille pour l’un se transforme aisément en émotion d’accomplir un acte d’affection sincère et authentique pour vous.

Final Fantasy X

D’autres jeux développés dans des buts hautement moins lucratifs ont aussi vu le jour sur nos consoles, sans pour autant être dénués de toute idylle évocatrice de sentiments révélateurs d’une certaine émotivité chez le joueur. C’est le cas d’Odin Sphere, sorti sur Playstation 2 en 2008, alors que les consoles Next-Gen règnent sur le marché depuis deux ans déjà. Nous faisant incarner cinq personnages, et par la même occasion cinq points de vue différents, le titre privilégie avant tout deux des protagonistes afin de mieux les incorporer dans une histoire d’amour captivante. Alors que rien ne prédestine les deux adversaires à s’aimer éperdument, en dépit d’un mariage forcé, l’affection va peu à peu pointer le bout de son nez avant d’aboutir sur une idylle grandiloquente. Encore une fois, l’ajout de cette histoire à l’eau de rose n’apporte rien à la sensation de jeu pure et ne se veut que transmission de diverses émotions vivaces chez le joueur innocent et attendri contre son gré. Mais une fois encore, la recette est efficace. Alors pourquoi se priver d’une telle gourmandise, aussi sucrée soit-elle, puisque même ceux qui ne l’avouent pas ont été affectés par cet élan de généreuse tendresse et d’amour vivifiant ?

Odin Sphere

L’amour dans les jeux vidéo, c’est beau, c’est envoutant et c’est admirablement charmeur. Mais le véritable amour des gamers, n’est-il pas celui qu’ils portent à une console, un jeu, ou bien un héros ? Pourquoi l’amour vidéoludique ne devrait-il exister qu’au sein même de l’univers virtuel dans lequel on évolue ? Ces idylles inhérentes au milieu n’ont-elle pas le droit à un développement plus grandiloquent et ancré dans notre réel bien présent ? Certains développeurs ne mettent-ils pas tout leur cœur afin de créer une œuvre qui ravira petits et grands ? Ainsi, la véritable idylle ne demeure-t-elle pas celle qui subsiste entre un créateur, un jeu et un joueur ? Peut-être. Après tout, qui suis-je pour connaître la réponse ?

Toi aussi, jeune fougueux candide, n’as-tu pas senti poindre durant cette chronique l’envie de partager tes sentiments avec un être qui serait prêt à ressentir la même chose à ton égard ? Alors qu’attends-tu ? Pose donc cette manette, éteins donc cet écran, laisse-toi frapper par la foudre miraculeuse qui fera vaquer ton âme à la découverte d’émotions inattendues et follement jouissives. Laisse-toi porter par cet irrationnel besoin de vivre que tu n’es finalement pas apte à contrôler. Vis donc, et n’entrave en rien ce désir maladif qui t’obnubiles sans même que tu t’en rendes compte. Car finalement, Rousseau ne disait-il pas : « Aimer et être aimé sera la plus grande affaire de toute notre vie ».