mardi 21 août 2012

Fullmetal Alchemist

Avant de commencer, je vais le dire directement, Fullmetal Alchemist est mon manga préféré de tous les temps. Et deuxième chose, comme j’ai envie de parler librement sur le sujet, sans me censurer, je précise que cet article peut contenir (contiendra, c’est sûr) des spoilers. Voilà, c’est dit, maintenant, je commence. Fullmetal Alchemist, pour ceux qui ne connaîtraient pas, est un manga créé par Hiromu Arakawa et publié à partir de 2001 au Japon. Le succès fut tel, à juste titre, que dès 2003 une première adaptation en animé voit le jour. En France, c’est dès 2005 (mars je dirais selon mes souvenirs) que l’animé a été diffusé, quotidiennement, sur Canal +, dans l’émission La Kaz. J’ai découvert ça par hasard, et au départ, probablement parce que j’étais arrivé en cours de route, je n’arrivais pas à m’intéresser à la série. Et puis, ça m’a intrigué. Au point de regarder plus fréquemment des épisodes. A tel point, qu’en ayant suivi que la moitié, j’avais quand même regardé les derniers épisodes, me révélant la fin… Ouais, je me suis auto-spoilé en quelque sorte. C’est bête hein ? Et puis, comble de la joie et du bonheur, en cet été 2005, entre fin juin et fin août, était de nouveau diffusé l’animé. Et là, je me suis fait plaisir, n’en loupant pas une miette. Donc oui, j’ai découvert Fullmetal Alchemist en VF sur Canal +, et d’ailleurs, j’y suis tellement habitué que je ne les ai jamais regardé en VO (alors que je privilégie toujours la VO). Septembre 2005, la diffusion de l’animé est terminée, mais miracle, le manga arrive dans notre contrée. A peine j’ai eu vent de l'existence de cette sortie en voyant la pub dans un magazine que déjà je fantasmais à l’idée de sa lecture. Et quelle ne fut pas mon plaisir durant ces 27 tomes, s’arrêtant en novembre 2010, juillet 2011 chez nous. Ce qu’il faut savoir, et qui semble évident, c’est que l’adaptation en animé, datant de 2003, n’a pu se baser sur l’histoire du manga dans son intégralité. Ainsi, en 2009 sort une nouvelle adaptation en 64 épisodes, Fullmetal Alchemist : Brotherhood, entièrement basée sur les 108 chapitres de la série (hors premier épisode !) et donc plus fidèle. Fullmetal Alchemist, fort de son succès, c’est aussi un long-métrage, sorti au cinéma uniquement au Japon en 2005, et plus tard en DVD chez nous, Fullmetal Alchemist : Conqueror of Shamballa. Et très récemment, un second film est sorti, 2011 au cinéma chez nos amis nippons, et le 2 juillet 2012 chez nous (en fait, je viens d’apprendre à l’instant que la version collector est sorti le 2 juillet, alors que la version simple est disponible depuis le 30 mars…). Et c’est après avoir vu ce second film, Fullmetal Alchemist : L’Etoile sacrée de Milos, que j’ai eu envie de parler de ce manga que j’affectionne énormément.

 Le dernier générique d'intro de la première série

Fullmetal Alchemist est le manga absolu à mes yeux. Il ne s’éternise pas sur 150 000 tomes pendant quarante ans, le dessin mélange parfaitement finesse, détails, et fluidité, l’histoire est passionnante et dotée d’une réflexion intéressante, il y a de l’humour, les personnages sont attachants, et il y a des chats. Bon, ok, les chats je m’en fous, mais ça intéresse sûrement pas mal d’entre vous, c’est pour ça que j’ai cité ce point. Là, je parle du manga, mais j’ai découvert la série, comme probablement beaucoup de français je pense, grâce au premier animé. Cinquante et un épisodes seulement, mais quelle claque ! Animation excellente, graphismes somptueux, musique qui ravit les oreilles, génériques d’intro et de fin qui déchirent sa race (à l’exception de deux), réalisation sans faille, scénario adapté et inventé qui tient la route de façon exemplaire, personnages plus que plaisants, humour omniprésent en dépit d’une trame narrative assez sombre, émotions constantes… Bref, que de la qualité. Plus qu’une référence, un manga culte à mes yeux. Qui n’a pas ri devant certaines prestations pourtant sincères mais exagérées du commandant Alex Louis Armstrong ? Qui n’a pas versé une larme à la fin de l’épisode 25 (mon Dieu, tellement d’émotions !) ? Et qui n’a pas été ému lors du dernier épisode, lorsque les deux frères, séparés, se promettent de se retrouver, posant chacun sa main conte celle de l’autre ? C’est ça la puissance du premier animé Fullmetal Alchemist, se baser sur un univers, une histoire, complètement dévier, changer le scénario pour mieux le finir, et pourtant arriver à en faire quelque chose d’entièrement cohérent et tout à fait adapté aux fans en dépit d’une trame narrative qui change radicalement dans la deuxième partie. Chapeau, parce que le pari était osé. Les inconditionnels du manga auraient pu craindre une adaptation faite à la va-vite, ou bien un développement scénaristique tellement différent qu’il n’aurait plus eu aucun sens, mais par chance, non, ce n’est pas le cas. Au contraire. Fullmetal Alchemist est même un des meilleurs animé qu’il m’ait été donné de voir (le meilleur dans mon cœur, mais je dois être un poil objectif quand même).

La preuve que la musique est magnifique

Mais je parle, je parle, et je me rends compte que je n’ai toujours pas parlé de l’histoire. Quelle est-elle ? Déjà, vous vous en doutez, ça parle d’alchimie, et de métal. Au début du XXème siècle, dans un monde dans lequel les plus habiles et ceux qui ont étudié le plus contrôlent parfaitement la science de l’alchimie, deux jeunes frères, Alphonse et Edward, tentent une transmutation humaine (expérience alchimique interdite qui consiste à essayer de ressusciter un mort) afin de faire revenir leur mère. La tentative échoue, Edward, l’aîné, perd un bras et une jambe, tandis qu’Alphonse perd l’intégralité de son corps. Edward à tout juste le temps de rattacher son âme, grâce à une transmutation alchimique, sur une armure. Désormais, Alphonse est contraint de vivre à l’intérieur d’une armure vide, tandis qu’Edward se fera poser des mecha-greffes automails (des prothèses de métal très évoluées) en remplacement de ses deux membres perdus. Les deux frères n’ont alors plus qu’un seul objectif : retrouver leur corps et membres d’origines. Pour cela, Edward deviendra alchimiste d’état, et ils s’entêteront alors à retrouver la pierre philosophale, permettant toute transmutation alchimique, sans aucune règle d’échange équivalent. Cependant, tout n’est pas aussi simple que prévu, et l’armée dissimule bien plus de secret d’état qu’on ne pourrait le croire. Bon, ok, mon résumé est tout pourri, compliqué pour rien, et ne donne pas envie de se plonger dans ce sublime manga, mais si vous ne connaissez pas, je vous incite vraiment à vous y mettre. Les vingt-sept tomes se lisent aisément, et les cinquante et un épisodes se regardent avec plaisir. Pour dire, lorsque je me suis procuré l’intégralité du premier animé, je me suis refait tous les épisodes en trois jours. Quand on aime, on ne compte pas.

 Les deux frères Elric, Alphonse et Edward

Fullmetal Alchemist, c’est aussi un premier film, Conqueror of Shamballa. Ce long-métrage est la suite directe de l’animé. Quelques années se sont écoulées, Alphonse a retrouvé son corps, tandis qu’Edward, à nouveau privé de ses deux membres, vit de l’autre côté de la Porte, dans une sorte de monde parallèle sans alchimie, qui semble être le nôtre. En effet, le jeune garçon, alors âgé de dix-huit ans, vit en Allemagne, en 1923, en plein entre-deux guerres. Et c’est en partie le postulat de départ du film. Une société secrète de l’armée allemande va essayer d’ouvrir la Porte, afin de s’emparer des pouvoirs de l’alchimie après la prise de pouvoir ratée d’Adolphe Hitler. Les deux frères arriveront évidemment à se rejoindre pour faire face à ce qui arrive. Ce film apporte une véritable conclusion à la première série animée qui se concluait par une promesse, une note d’espoir. Et si le film n’est pas mauvais, il n’est pas non plus extraordinaire. Je commence par les points forts. L’animation est excellente, tout comme les graphismes. On retrouve bien la qualité des épisodes, et de ce point de vue-là, c’est un sans-faute. Quasiment tous les personnages de la série sont de retour ici, hormis Izumi Curtis, tristement disparue, et leur sort n’est pas forcément très heureux justement. Je pense notamment au colonel Roy Mustang, qui est réduit à l’état de garde-frontière. Cet aspect sombre du film est finalement proche du manga, et on ne peut que s’en réjouir. Le film est aussi rythmé avec des scènes d’action réussies, et des moments de bravoure haletants. Cependant, si l’histoire est intéressante, restant dans une certaine continuité, elle s’éloigne trop de l’esprit originel. De surcroît, la fin est à mon goût décevante. Les deux frères resteront à jamais coincés dans « notre » monde, de l’autre côté de la Porte, et ne pourront plus jamais revoir ceux qu’ils ont connu, à l’instar de la charmante Winry Rockbell. Frustrant. Surtout lorsque cinq ans plus tard, on connaît le véritable dénouement du manga. Autre chose que je reproche au film, le fait que quasiment chaque personnage de Fullmetal trouve son équivalent dans « notre » monde. En soit, l’idée est bonne, mais faire de Maes Hughes une espèce de salopard, je n’y arrive pas. On ne touche pas à Hughes. A noter aussi un léger surplus de violence par rapport à la série. Pas de quoi choquer les habitués non plus, mais c’est un fait. Au final, on se retrouve devant un film de qualité, mais qui n’est pas non plus exceptionnel. On le regarde avec plaisir si on est fan de la première série animé, malgré une fin en dessous de ce qu’on aurait pu et aimé attendre. Un produit qui reste toutefois digne du manga.

 Un des trailers du film

Maintenant, le ton va changer. Je vais parler de la seconde série, Brotherhood. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je déteste. J’ai commencé la série lorsque Dybex proposait de les voir en VOST quelques jours après leur diffusion japonaise, sur Dailymotion. Je me suis arrêté à l’épisode 12 ou 13. J’ai vraiment pas accroché. Pas du tout. D’une l’animation et les graphismes sont bien en-dessous du premier animé. C’est assez aberrant. Une série avec une telle notoriété mérite bien mieux. Ensuite, je trouve que c’est bien d’être fidèle au manga, mais de là à nous servir une version filmée de la bande dessinée, sans originalité, et sans plaisir, il ne faut pas exagérer non plus. C’est en grande partie pourquoi j’ai arrêté le visionnage. Réalisation sans vie, musique pas géniale, animation faible, et une volonté de balancer des private jokes dans les génériques pour faire genre on connaît le manga… A la limite, il n’y aurait pas eu la première série, j’aurais peut-être tout regardé, et avec plaisir qui sait, mais là honnêtement… A croire qu’il fallait absolument se faire du fric tant que le succès était là. Et puis bon, succéder à la première série qui était excellente… C’est un peu le syndrome Dragon Ball GT juste après Dragon Ball Z. Bref, à voir pour les curieux ou les fans hardcore peu exigeants, sinon à éviter.

 Une image suffira

Et maintenant, pour finir, je vais parler du second film, L’Etoile sacrée de Milos. Un mot suffirait à décrire ce long-métrage. Affligeant. Voilà, c’est la fin de cette critique. Bon, ok, je continue, pour vous faire plaisir, mais je vous préviens, ça ne va pas être beau à voir. D’une, le film, comme Brotherhood, possède une animation tout juste correcte, à peine plus que bien. Sauf que Fullmetal Alchemist mérite bien mieux que du tout juste bien. Là, dans le film, il y a certains passages de combats rapides qui sont constitués d’une suite de storyboards diffusés rapidement. De qui se moque-t-on ? Du public, des fans, de nous. Ensuite, l’histoire n’a strictement rien à voir avec l’univers créé par Hiromu Arakawa. Seule la présence d’Alphonse et d’Edward nous conforte dans l’idée qu’on regarde bien un film Fullmetal Alchemist. On remplacerait le terme alchimie par magie et on appellerait les personnages Pierre et Jean, le film fonctionnerait aussi. Rien à voir avec le manga. Et en plus, l’histoire ne se situe dans aucune continuité chronologique. Ça ne peut pas être après Brotherhood puisque la fin est normalement la même que celle du manga. C’est donc un hors-série qui survient comme ça, sans que l’on puisse le rattacher nulle part. Navrant. Et puis bon, ce scénar ridicule en plus. Un alchimiste s’échappe d’une prison pour retrouver une fille immigrée que l’on ramène à la frontière, afin de l’aider à reconstruire sa ville, se faisant passer pour son frère, alors qu’en réalité il cherche la pierre philosophale. Non, mais il ne faut pas essayer de comprendre, c’est juste pitoyable. Moi j’ai mieux à proposer comme scénario s’ils veulent faire un troisième film. Alphonse et Edward rejoignent une troupe de cirque. Sauf qu’ils découvrent que le chef est en réalité un ancien alchimiste d’état criminel de guerre lors des affrontements qui opposèrent l’armée au peuple Ishbal. De surcroît, sous son maquillage blanc et son sourire constant, le clown de l’équipe dissimule une peau mate et des yeux rouges. Le pire, c’est que c’est plus respectueux de l’univers comme pitch de base. Non mais franchement, pourquoi Hiromu Arakawa fait ça ? Pour le pognon ? Il faut arrêter. A force de prostituer son gosse, on arrive à des trucs infâmes. Et si c’était tout. Dans le film, il y a des chimères. Sauf que là, toutes sont des loups, et leur design ressemble à un croisement raté entre le pokémon Zoroark et un mauvais maquillage de loup-garou dans un nanar des années 80. Et encore, c’est méchant pour Zoroark. Les rares personnages secondaires présents ne servent à rien, si ce n’est à faire coucou pour rappeler qu’on est dans un film Fullmetal Alchemist, et à la limite de deus ex machina providentiel sans saveur. Contrairement au manga ou à la première série (et même à Conqueror of Shamballa), ici l’émotion n’est guère présente et laisse place à de l’action pure et dure sans âme et qui joue dans la surenchère de violence par moment. Evidemment, c’est bien plus drôle de faire exploser la tête de son adversaire avec du sang partout, ça plaît à la jeunesse avide de violence. Et puis, pendant qu’on y est, on va s’arracher la peau aussi, c’est rigolo. Parce que ce retournement de situation digne de Nip/Tuck, c’est pas mal quand même. Ben oui, à la fin, en fait, on apprend que celui qu’on croit être le frère est un méchant pas beau vilain. Et en réalité, il a découpé le visage du vrai frère afin de se le coller sur lui. Ok, donc c’est Fullmetal Alchemist, c’est tout à fait normal ce genre de situation… Je veux bien qu’on se foute de la gueule du monde par moment, mais là c’est pire que tout. C’est un viol. Voilà, c’est le mot. Un viol du manga et des fans. Bravo, c’est un joli coup double. En gros, vous l’aurez compris, évitez cette aberration, particulièrement si vous êtes fan du manga. A la place, relisez les bouquins ou rematez la première série, ce sera bien plus plaisant.

 Je remets un petit coup de musique du premier animé, c'est mieux

Il est temps de finir cet article. Fullmetal Alchemist est un excellent manga, le meilleur à mes yeux. Je vous conseille absolument de le lire, ainsi que de regarder la première série animée (les cinquante et un épisodes et le film Conqueror of Shamballa). Vous pouvez tenter Brotherhood, seconde adaptation, qui est véritablement fidèle à l’histoire, mais qui procure moins de plaisir. En revanche, évitez absolument le film L’Etoile sacrée de Milos, qui est tout simplement une honte. Un doigt d’honneur lancé bien violemment aux fans qui, crédules et naïfs, seraient tentés d’acheter le DVD ou le Blu-Ray. Ne le faites surtout pas jeunes inconscients ! Voilà, c’est dit. Et pour conclure en beauté, voilà ce qu’il me reste à dire. L’humanité ne peut rien obtenir sans donner quelque chose en retour. Pour chaque chose reçue, il faut en abandonner une autre de même valeur. En alchimie, c’est la loi fondamentale de l’échange équivalent. A cette époque, nous pensions que c’était la seule et unique vérité au monde. Nous nous trompions. Mais il a fallu céder quelque chose pour l’apprendre.

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