mardi 28 août 2012

Test Sleeping Dogs


Il y a presque dix ans, une nouvelle franchise apparaissait sur nos consoles : True Crime. Un monde ouvert dans l’esprit de GTA, avec en guise de personnage un flic, les actions du joueur influant sur une jauge de bon ou mauvais officier de police. Le premier volet, basé à LA, avait fait bonne impression et s’était montré satisfaisant. Sa suite, à New-York, en revanche, était assez décevante. Le troisième volet, annoncé en 2009, prévu pour se dérouler à Hong Kong, a finalement été annulé. Vu la qualité de l’opus précédent, peu ont été attristés par la nouvelle. Sauf que voilà, Activision a peut-être laissé le jeu, mais le studio de développement, United Front Games, n’a pas baissé les bras. Et c’est finalement Square Enix qui s’est occupé d’éditer et de distribuer le jeu. Qu’on se le dise, bien leur en a pris. Pas de True Crime 3 au final, mais Sleeping Dogs, une bonne surprise qui pourrait bien vous convaincre.

Wei Shen vient de Hong Kong, il y a vécu jusqu’à l’âge de dix ans avant de partir pour San Francisco. La vie n’a pas été facile dans sa ville natale, alors après son départ et ses études américaines, il décide de suivre une formation de policier. Et puis, un beau jour, il retourne à Hong Kong. On revient toujours à ses origines. Il retrouve un de ses anciens amis, Jackie, qui va l’aider à devenir membre d’une triade. Wei n’est cependant pas un malfrat, il est un flic infiltré. Il devra alors travailler pour les Sun On Yee, l’organisation criminelle qu’il a introduite, sans oublier sa mission première, les faire tous coffrer, comme le bon flic qu’il est supposé être. Voilà le postulat de départ.

 En dépit des apparences, Wei est un flic

C’est à travers une ville ouverte, celle de Hong Kong, que votre aventure commence. La liberté est totale, hormis certains passages obligatoires, et le choix des missions se fait selon sa volonté. Immédiatement, on pense à GTA, et c’est normal. Le titre en reprend énormément d’aspects. La liberté d’action, les véhicules, le choix des missions, les différents à côté qui prolongent la durée de vie, ou encore la customisation de son personnage. On se demande alors quel est l’intérêt d’un tel jeu s’il ressemble tant que ça au modèle dont il s’inspire. Eh bien c’est son ambiance. Hong Kong est déjà en soit une destination presque exotique à côté de toutes les villes occidentales (américaines la plupart du temps, ou parfois anglaises) qu’on est habitué à parcourir dans les jeux vidéo. Et il faut dire ce qui est, la retranscription de la ville est sidérante. On tombe sous le charme très rapidement. Chaque détail semble être pensé pour qu’on croie à cet univers, que ce soit visuellement ou bien d’un point de vue sonore. Si l’ensemble est en anglais, il n’est pas rare d’entendre des phrases en cantonnais, ce qui nous immerge encore plus dans l’ambiance du titre. Et évidemment, c’est ce qui fait en grande partie la force du titre, les combats sont eux aussi imprégnés de cet univers hongkongais. Ainsi, on ne se contente pas de tabasser juste comme ça des mecs afin de se défendre ou de leur donner une leçon. On se bat avec une connaissance des arts martiaux qu’il faut savoir maîtriser et qui va évoluer au fil de l’aventure. Ainsi, il faut enchaîner correctement différents combos, savoir contrer correctement ses adversaires, et aimer le corps à corps brutal et stylisé. Tout est dans l’ambiance purement hongkongaise dans ce jeu.

Le marché de Hong Kong la nuit

Le système de combat, justement, se rapproche bien plus de ce que l’on peut voir dans des jeux tels que les Batman de Rocksteady, plutôt que dans les GTA. Au fil de l’histoire, en récupérant les bons objets, on débloquera au choix de nouvelles techniques, qui permettront de castagner plus violemment lors de combats de plus en plus ardus. Les fusillades sont aussi de la partie, elles sont cependant moins mises en avant. Contrairement à un GTA qui possède sa débauche d’armes en tout genre, et que l’on peut se procurer facilement moyennant finance, dans Sleeping Dogs, on ne peut pas se balader comme on le veut avec son gun sous le bras. Seules quelques missions le permettent, et la plupart du temps, il est quand même rare d’utiliser les armes à feu. Ce qui n’empêche pas le titre de posséder son lot de fusillades nerveuses et violentes. Certes, rien de très innovant dans ce domaine, mais cela reste efficace. De toute façon, on préférera les combats version arts martiaux au corps à corps, plus brutaux, plus originaux, et mettant encore plus dans l’ambiance. A savoir que l’on peut parfois ramasser des objets pour mieux tabasser ses ennemis, allant du couteau au démonte-pneu, en passant par un poisson cru. Eh oui, Hong Kong que voulez-vous.

 High Kick dans ta face

Le reste du système de jeu est déjà plus conventionnel pour ce type de production. On se balade dans la ville d’une mission à l’autre selon ses choix, ou à la recherche d’objectifs secondaires, et une fois terminé on recommence. Il est évidemment possible de piloter des véhicules, c’est l’essence même de ce genre de titre, et la conduite est en soit très réussie. Certes, la physique des dommages des véhicules n’est pas forcément réaliste dans la conduite (pas dans le visuel), mais finalement, cela facilite en partie les choses (ça évite d’exploser toutes les trois collisions violentes). A savoir que les courses représentent une partie importante du titre, puisque dans le scénario comme dans les objectifs secondaires, il faudra participer à des courses illégales. Et on a alors l’impression d’être dans un Need For Speed tellement l’aspect course est travaillé. Alors on peut ne pas aimer, mais il faut reconnaître que l’ambiance est là, toute comme la sensation de vitesse. Avec son côté ville asiatique on se croirait presque à certains moments dans Fast and Furious : Tokyo Drift. Evidemment, la marche à pied est aussi conseillée (bouger 30 minutes par jour et manger 5 fruits et légumes par jour) et parfois nécessaire. Cela implique des courses-poursuites à pied, mais qui ne sont en rien ennuyeuses. Parce que Hong Kong oblige, le héros est une sorte de Yamakasi. Il saute par-dessus tout, escalade les façades de murs, fait des bonds parfois impressionnant… Encore une fois, cela donne un véritable cachet au jeu, alors que dans le fond, il manque un brin d’originalité. Pour le reste, c’est donc classique. On peut acheter de la nourriture (asiatique forcément) afin de regagner de la santé, causer plus de dégâts, etc… On peut aussi se payer de nouveaux vêtements, soit pour le style, soit pour augmenter certaines stats. A noter qu’il existe différentes boutiques et qu’on ne peut pas tout acheter au même endroit. Entre les boutiques de luxe, celles plus axées mode, et celles du marché (avec ses « Converses » de contrefaçon), il y en a pour tous les goûts et pour tous les prix.

 Pause shopping

Sleeping Dogs, c’est une ambiance, mais c’est aussi un scénario. Wei, l’infiltré, doit faire tomber une triade en essayant de ne pas s’y attacher et de sombrer alors dans une guerre de gangs emplie de vendettas. On pense indéniablement à Infernal Affairs. Et de toute façon, on pense forcément à certains films de Johnnie To ou de John Woo lorsque l’on joue à Sleeping Dogs. On ne s’en plaindra pas, ce sont de bonnes références. Et le scénario influe évidemment sur le gameplay. Il y a les missions police et les missions triade. En tant que flic, on devra la plupart du temps faire coffrer des types, trouver des preuves, prendre des criminels en photo en flagrant délit, piratez des caméras de surveillance, pister des truands sans se faire remarquer, ou encore planquer des micros. Cette dernière épreuve est d’ailleurs particulière, puisqu’elle ne consiste pas uniquement à entrer quelque part, appuyer sur un bouton, et hop c’est fini. Non, le plus souvent en temps limité, il faut bien poser son micro. C’est-à-dire chercher et trouver les bonnes fréquences et les synchroniser avec la bonne réception. Ce n’est pas difficile, c’est même plutôt simple, mais l’angoisse d’être découvert en tant que balance (cafard dans le jargon) avec ce chrono qui défile ajoute une certaine pression. Pour ce qui est des missions triade, il faut au départ faire de la « protection moyennant monnaie » pour les commerçants, avant de s’occuper de types plus importants à impressionner, de cargaisons à reprendre à une triade ennemie, etc… Ok, on joue les « méchants » en tant que triade, mais rapidement on se prend d’affection pour nos nouveaux amis. C’est mon cas du moins. A tel point que c’est difficile de ne pas se sentir plus impliqué qu’un simple flic infiltré. Si les objectifs de ces diverses missions varient, une chose demeure identique : les points triade et/ou police. Les points triade sont attribués uniquement lors des missions triade et s’obtiennent selon différents critères, le plus souvent de combats. Les points police, présents dans les deux types de missions, sont répartis à 100% dès le début, et se perdent selon nos actes. Détruire du matériel civil (en conduite, c’est une chose assez récurrente, surtout chez les mauvais conducteurs comme moi…), blesser ou tuer un civil innocent, ou encore se foirer en faisant une acrobatie. Tous ces points remplissent des jauges qui font gagner des niveaux et des améliorations. De quoi se motiver à faire le meilleur score.

 Quelle amélioration choisir?

Un point sur l’ambiance sonore du titre. C’est l’un des plus grands points forts du jeu. La ville grouille de sons et de voix qui la rendent vivante et crédible. Les différentes radios proposent toutes des contenus de qualité avec un style différent à chaque fois. J’avoue avoir un petit faible pour Roadrunner Records, la radio métal (Roadrunner Records existe, c’est un label de musique métal américain. Les groupes diffusés sur cette radio dans le jeu sont ceux du label), mais la radio musique classique est pas mal aussi. Rouler en moto sur La Chevauchée des Walkyries de Wagner, c’est classe (pas autant qu’en hélico certes, mais tout de même). A cela s’ajoute un doublage de très bonne facture et fort convaincant. Parmi les personnes vraiment connues (certains acteurs asiatiques ne le sont pas vraiment en France) on retrouve Tom Wilkinson, Lucy Liu, ou encore Emma Stone (ma petite chouchoute). Une vraie réussite de ce point de vue-là.

 La sensation de vitesse est bien présente

Malheureusement, il est temps de parler des défauts du jeu. C’est bien de citer les qualités, mais il faut aussi savoir critiquer plus justement. Les graphismes tout d’abord. Il faut reconnaître que si le jeu possède une patte artistique quasi irréprochable, la technique fait défaut. Le jeu n’est pas moche, mais on sent que sa production date. Un peu comme un jeu du début de cette génération de console. Rien de visuellement choquant, mais un peu à la ramasse. J’ai la chance de jouer sur PC donc la qualité graphique est meilleure, sur console l’affichage est un peu moins bon, sans que rien ne soit dérangeant. Autre aspect légèrement perturbant, la maniabilité. Dans de rares moments, la caméra va se placer de façon totalement absurde. On peut la replacer soi-même, mais sur le coup, c’est assez ennuyeux, surtout en combat. La carte aussi n’est pas toujours très claire. Parfois, à une interception, si deux chemins sont similaires, on peut se tromper en se fiant à la carte, du fait de la lisibilité. Cela reste assez rare, mais nécessite d’être signalé. L’intelligence artificielle des adversaires laisse aussi quelquefois à désirer, souffrant parfois du syndrome Assassin’s Creed (les ennemis attaquent un par un au lieu de s’y mettre en groupe). On note aussi quelques bugs de collision peu gênants, et d’autres très rares bugs plus dérangeants pouvant nécessiter de relancer une partie. Heureusement, ce dernier cas est peu fréquent. Le plus gros défaut du jeu demeure tout de même son manque d’originalité et sa durée de vie, en comparaison au maître en la matière Grand Theft Auto. Bien sûr, le tout est largement compensé par son ambiance si singulière, mais cela pourrait en rebuter certains, ce qui serait dommage.

 Un coucher de soleil, un ivrogne, un smartphone, Sleeping Dogs

Sleeping Dogs aurait pu être un excellent jeu s’il n’avait pas souffert d’une comparaison désavantageuse face à son concurrent direct GTA. En dépit de cela, le titre demeure très bon et arrive à s’affirmer grâce à son univers et son ambiance unique. Si le jeu vous attire mais que vous hésitez encore, il vous suffit juste de savoir si vous pensez être séduit par Hong Kong et son charme si particulier ou non. Si oui, ne passez pas à côté de Sleeping Dogs, le voyage saura agréablement vous dépayser.

17/20

4 commentaires:

  1. bon test, bien rédigé et bien emmené! C'est largement mieux que certains torchons! Lu et approuvé.

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  2. Eh merde. Maintenant j'ai envie de l'acheter. Moi qui ai toujours méprisé la série True Crime...

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  3. Merci pour ce test qui me rend encore plus impatient de le recevoir ! :)

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