Il y a presque dix ans, une nouvelle franchise apparaissait
sur nos consoles : True Crime. Un monde ouvert dans l’esprit de GTA, avec
en guise de personnage un flic, les actions du joueur influant sur une jauge de
bon ou mauvais officier de police. Le premier volet, basé à LA, avait fait
bonne impression et s’était montré satisfaisant. Sa suite, à New-York, en
revanche, était assez décevante. Le troisième volet, annoncé en 2009, prévu
pour se dérouler à Hong Kong, a finalement été annulé. Vu la qualité de l’opus
précédent, peu ont été attristés par la nouvelle. Sauf que voilà, Activision a
peut-être laissé le jeu, mais le studio de développement, United Front Games,
n’a pas baissé les bras. Et c’est finalement Square Enix qui s’est occupé
d’éditer et de distribuer le jeu. Qu’on se le dise, bien leur en a pris. Pas de
True Crime 3 au final, mais Sleeping Dogs, une bonne surprise qui pourrait bien vous
convaincre.
Wei Shen vient de Hong Kong, il y a vécu jusqu’à l’âge de
dix ans avant de partir pour San Francisco. La vie n’a pas été facile dans sa
ville natale, alors après son départ et ses études américaines, il décide de
suivre une formation de policier. Et puis, un beau jour, il retourne à Hong
Kong. On revient toujours à ses origines. Il retrouve un de ses anciens amis,
Jackie, qui va l’aider à devenir membre d’une triade. Wei n’est cependant pas
un malfrat, il est un flic infiltré. Il devra alors travailler pour les Sun On
Yee, l’organisation criminelle qu’il a introduite, sans oublier sa mission
première, les faire tous coffrer, comme le bon flic qu’il est supposé être.
Voilà le postulat de départ.
En dépit des apparences, Wei est un flic
C’est à travers une ville ouverte, celle de Hong Kong, que
votre aventure commence. La liberté est totale, hormis certains passages
obligatoires, et le choix des missions se fait selon sa volonté. Immédiatement,
on pense à GTA, et c’est normal. Le titre en reprend énormément d’aspects. La
liberté d’action, les véhicules, le choix des missions, les différents à côté
qui prolongent la durée de vie, ou encore la customisation de son personnage.
On se demande alors quel est l’intérêt d’un tel jeu s’il ressemble tant que ça
au modèle dont il s’inspire. Eh bien c’est son ambiance. Hong Kong est déjà en
soit une destination presque exotique à côté de toutes les villes occidentales
(américaines la plupart du temps, ou parfois anglaises) qu’on est habitué à
parcourir dans les jeux vidéo. Et il faut dire ce qui est, la retranscription
de la ville est sidérante. On tombe sous le charme très rapidement. Chaque
détail semble être pensé pour qu’on croie à cet univers, que ce soit
visuellement ou bien d’un point de vue sonore. Si l’ensemble est en anglais, il
n’est pas rare d’entendre des phrases en cantonnais, ce qui nous immerge encore
plus dans l’ambiance du titre. Et évidemment, c’est ce qui fait en grande
partie la force du titre, les combats sont eux aussi imprégnés de cet univers hongkongais. Ainsi, on ne se contente pas de tabasser juste comme ça des mecs
afin de se défendre ou de leur donner une leçon. On se bat avec une
connaissance des arts martiaux qu’il faut savoir maîtriser et qui va évoluer au
fil de l’aventure. Ainsi, il faut enchaîner correctement différents combos,
savoir contrer correctement ses adversaires, et aimer le corps à corps brutal
et stylisé. Tout est dans l’ambiance purement hongkongaise dans ce jeu.
Le marché de Hong Kong la nuit
Le système de combat, justement, se rapproche bien plus de
ce que l’on peut voir dans des jeux tels que les Batman de Rocksteady, plutôt
que dans les GTA. Au fil de l’histoire, en récupérant les bons objets, on
débloquera au choix de nouvelles techniques, qui permettront de castagner plus
violemment lors de combats de plus en plus ardus. Les fusillades sont aussi de
la partie, elles sont cependant moins mises en avant. Contrairement à un GTA
qui possède sa débauche d’armes en tout genre, et que l’on peut se procurer
facilement moyennant finance, dans Sleeping Dogs, on ne peut pas se balader
comme on le veut avec son gun sous le bras. Seules quelques missions le
permettent, et la plupart du temps, il est quand même rare d’utiliser les armes
à feu. Ce qui n’empêche pas le titre de posséder son lot de fusillades
nerveuses et violentes. Certes, rien de très innovant dans ce domaine, mais
cela reste efficace. De toute façon, on préférera les combats version arts
martiaux au corps à corps, plus brutaux, plus originaux, et mettant encore plus
dans l’ambiance. A savoir que l’on peut parfois ramasser des objets pour mieux
tabasser ses ennemis, allant du couteau au démonte-pneu, en passant par un
poisson cru. Eh oui, Hong Kong que voulez-vous.
High Kick dans ta face
Le reste du système de jeu est déjà plus conventionnel pour
ce type de production. On se balade dans la ville d’une mission à l’autre selon
ses choix, ou à la recherche d’objectifs secondaires, et une fois terminé on recommence. Il est évidemment possible de piloter des véhicules, c’est
l’essence même de ce genre de titre, et la conduite est en soit très réussie.
Certes, la physique des dommages des véhicules n’est pas forcément réaliste
dans la conduite (pas dans le visuel), mais finalement, cela facilite en partie
les choses (ça évite d’exploser toutes les trois collisions violentes). A
savoir que les courses représentent une partie importante du titre, puisque
dans le scénario comme dans les objectifs secondaires, il faudra participer à
des courses illégales. Et on a alors l’impression d’être dans un Need For Speed
tellement l’aspect course est travaillé. Alors on peut ne pas aimer, mais il
faut reconnaître que l’ambiance est là, toute comme la sensation de vitesse.
Avec son côté ville asiatique on se croirait presque à certains moments dans
Fast and Furious : Tokyo Drift. Evidemment, la marche à pied est aussi
conseillée (bouger 30 minutes par jour et manger 5 fruits et légumes par jour)
et parfois nécessaire. Cela implique des courses-poursuites à pied, mais qui ne
sont en rien ennuyeuses. Parce que Hong Kong oblige, le héros est une sorte de
Yamakasi. Il saute par-dessus tout, escalade les façades de murs, fait des
bonds parfois impressionnant… Encore une fois, cela donne un véritable cachet
au jeu, alors que dans le fond, il manque un brin d’originalité. Pour le reste,
c’est donc classique. On peut acheter de la nourriture (asiatique forcément)
afin de regagner de la santé, causer plus de dégâts, etc… On peut aussi se
payer de nouveaux vêtements, soit pour le style, soit pour augmenter certaines
stats. A noter qu’il existe différentes boutiques et qu’on ne peut pas tout
acheter au même endroit. Entre les boutiques de luxe, celles plus axées mode,
et celles du marché (avec ses « Converses » de contrefaçon), il y en
a pour tous les goûts et pour tous les prix.
Pause shopping
Sleeping Dogs, c’est une ambiance, mais c’est aussi un
scénario. Wei, l’infiltré, doit faire tomber une triade en essayant de ne pas
s’y attacher et de sombrer alors dans une guerre de gangs emplie de vendettas. On
pense indéniablement à Infernal Affairs. Et de toute façon, on pense forcément
à certains films de Johnnie To ou de John Woo lorsque l’on joue à Sleeping
Dogs. On ne s’en plaindra pas, ce sont de bonnes références. Et le scénario
influe évidemment sur le gameplay. Il y a les missions police et les missions
triade. En tant que flic, on devra la plupart du temps faire coffrer des types,
trouver des preuves, prendre des criminels en photo en flagrant délit, piratez
des caméras de surveillance, pister des truands sans se faire remarquer, ou
encore planquer des micros. Cette dernière épreuve est d’ailleurs particulière,
puisqu’elle ne consiste pas uniquement à entrer quelque part, appuyer sur un
bouton, et hop c’est fini. Non, le plus souvent en temps limité, il faut bien
poser son micro. C’est-à-dire chercher et trouver les bonnes fréquences et les
synchroniser avec la bonne réception. Ce n’est pas difficile, c’est même plutôt
simple, mais l’angoisse d’être découvert en tant que balance (cafard dans le
jargon) avec ce chrono qui défile ajoute une certaine pression. Pour ce qui est
des missions triade, il faut au départ faire de la « protection moyennant
monnaie » pour les commerçants, avant de s’occuper de types plus importants
à impressionner, de cargaisons à reprendre à une triade ennemie, etc… Ok, on
joue les « méchants » en tant que triade, mais rapidement on se prend
d’affection pour nos nouveaux amis. C’est mon cas du moins. A tel point que
c’est difficile de ne pas se sentir plus impliqué qu’un simple flic infiltré.
Si les objectifs de ces diverses missions varient, une chose demeure
identique : les points triade et/ou police. Les points triade sont attribués
uniquement lors des missions triade et s’obtiennent selon différents critères,
le plus souvent de combats. Les points police, présents dans les deux types de
missions, sont répartis à 100% dès le début, et se perdent selon nos actes.
Détruire du matériel civil (en conduite, c’est une chose assez récurrente,
surtout chez les mauvais conducteurs comme moi…), blesser ou tuer un civil
innocent, ou encore se foirer en faisant une acrobatie. Tous ces points
remplissent des jauges qui font gagner des niveaux et des améliorations. De
quoi se motiver à faire le meilleur score.
Quelle amélioration choisir?
Un point sur l’ambiance sonore du titre. C’est l’un des plus
grands points forts du jeu. La ville grouille de sons et de voix qui la rendent
vivante et crédible. Les différentes radios proposent toutes des contenus de
qualité avec un style différent à chaque fois. J’avoue avoir un petit faible
pour Roadrunner Records, la radio métal (Roadrunner Records existe, c’est un
label de musique métal américain. Les groupes diffusés sur cette radio dans le
jeu sont ceux du label), mais la radio musique classique est pas mal aussi.
Rouler en moto sur La Chevauchée des Walkyries de Wagner, c’est classe (pas
autant qu’en hélico certes, mais tout de même). A cela s’ajoute un doublage de
très bonne facture et fort convaincant. Parmi les personnes vraiment connues
(certains acteurs asiatiques ne le sont pas vraiment en France) on retrouve Tom
Wilkinson, Lucy Liu, ou encore Emma Stone (ma petite chouchoute). Une vraie
réussite de ce point de vue-là.
La sensation de vitesse est bien présente
Malheureusement, il est temps de parler des défauts du jeu.
C’est bien de citer les qualités, mais il faut aussi savoir critiquer plus
justement. Les graphismes tout d’abord. Il faut reconnaître que si le jeu possède
une patte artistique quasi irréprochable, la technique fait défaut. Le jeu
n’est pas moche, mais on sent que sa production date. Un peu comme un
jeu du début de cette génération de console. Rien de visuellement choquant,
mais un peu à la ramasse. J’ai la chance de jouer sur PC donc la qualité graphique
est meilleure, sur console l’affichage est un peu moins bon, sans que rien ne
soit dérangeant. Autre aspect légèrement perturbant, la maniabilité. Dans de
rares moments, la caméra va se placer de façon totalement absurde. On peut la
replacer soi-même, mais sur le coup, c’est assez ennuyeux, surtout en combat.
La carte aussi n’est pas toujours très claire. Parfois, à une interception, si
deux chemins sont similaires, on peut se tromper en se fiant à la carte, du
fait de la lisibilité. Cela reste assez rare, mais nécessite d’être signalé. L’intelligence
artificielle des adversaires laisse aussi quelquefois à désirer, souffrant
parfois du syndrome Assassin’s Creed (les ennemis attaquent un par un au lieu
de s’y mettre en groupe). On note aussi quelques bugs de collision peu gênants,
et d’autres très rares bugs plus dérangeants pouvant nécessiter de relancer une
partie. Heureusement, ce dernier cas est peu fréquent. Le plus gros défaut du
jeu demeure tout de même son manque d’originalité et sa durée de vie, en
comparaison au maître en la matière Grand Theft Auto. Bien sûr, le tout est
largement compensé par son ambiance si singulière, mais cela pourrait en
rebuter certains, ce qui serait dommage.
Un coucher de soleil, un ivrogne, un smartphone, Sleeping Dogs
Sleeping Dogs aurait pu être un excellent jeu s’il n’avait
pas souffert d’une comparaison désavantageuse face à son concurrent direct GTA.
En dépit de cela, le titre demeure très bon et arrive à s’affirmer grâce à son
univers et son ambiance unique. Si le jeu vous attire mais que vous hésitez
encore, il vous suffit juste de savoir si vous pensez être séduit par Hong Kong
et son charme si particulier ou non. Si oui, ne passez pas à côté de Sleeping
Dogs, le voyage saura agréablement vous dépayser.
17/20
bon test, bien rédigé et bien emmené! C'est largement mieux que certains torchons! Lu et approuvé.
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerEh merde. Maintenant j'ai envie de l'acheter. Moi qui ai toujours méprisé la série True Crime...
RépondreSupprimerMerci pour ce test qui me rend encore plus impatient de le recevoir ! :)
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