Le dernier générique d'intro de la première série
Fullmetal Alchemist est le manga absolu à mes yeux. Il ne s’éternise
pas sur 150 000 tomes pendant quarante ans, le dessin mélange parfaitement
finesse, détails, et fluidité, l’histoire est passionnante et dotée d’une
réflexion intéressante, il y a de l’humour, les personnages sont attachants, et
il y a des chats. Bon, ok, les chats je m’en fous, mais ça intéresse sûrement
pas mal d’entre vous, c’est pour ça que j’ai cité ce point. Là, je parle du manga, mais j’ai découvert la série, comme probablement beaucoup de français
je pense, grâce au premier animé. Cinquante et un épisodes seulement, mais
quelle claque ! Animation excellente, graphismes somptueux, musique qui
ravit les oreilles, génériques d’intro et de fin qui déchirent sa race (à
l’exception de deux), réalisation sans faille, scénario adapté et inventé qui
tient la route de façon exemplaire, personnages plus que plaisants, humour omniprésent
en dépit d’une trame narrative assez sombre, émotions constantes… Bref, que de
la qualité. Plus qu’une référence, un manga culte à mes yeux. Qui n’a pas ri
devant certaines prestations pourtant sincères mais exagérées du commandant Alex Louis Armstrong ? Qui n’a pas versé une larme à la fin de l’épisode
25 (mon Dieu, tellement d’émotions !) ? Et qui n’a pas été ému lors
du dernier épisode, lorsque les deux frères, séparés, se promettent de se
retrouver, posant chacun sa main conte celle de l’autre ? C’est ça la
puissance du premier animé Fullmetal Alchemist, se baser sur un univers, une
histoire, complètement dévier, changer le scénario pour mieux le finir, et
pourtant arriver à en faire quelque chose d’entièrement cohérent et tout à fait
adapté aux fans en dépit d’une trame narrative qui change radicalement dans la
deuxième partie. Chapeau, parce que le pari était osé. Les inconditionnels du
manga auraient pu craindre une adaptation faite à la va-vite, ou bien un
développement scénaristique tellement différent qu’il n’aurait plus eu aucun
sens, mais par chance, non, ce n’est pas le cas. Au contraire. Fullmetal
Alchemist est même un des meilleurs animé qu’il m’ait été donné de voir (le
meilleur dans mon cœur, mais je dois être un poil objectif quand même).
La preuve que la musique est magnifique
Mais je parle, je parle, et je me rends compte que je n’ai
toujours pas parlé de l’histoire. Quelle est-elle ? Déjà, vous
vous en doutez, ça parle d’alchimie, et de métal. Au début du XXème
siècle, dans un monde dans lequel les plus habiles et ceux qui ont étudié le
plus contrôlent parfaitement la science de l’alchimie, deux jeunes frères, Alphonse
et Edward, tentent une transmutation humaine (expérience alchimique interdite
qui consiste à essayer de ressusciter un mort) afin de faire revenir leur mère.
La tentative échoue, Edward, l’aîné, perd un bras et une jambe, tandis
qu’Alphonse perd l’intégralité de son corps. Edward à tout juste le temps de
rattacher son âme, grâce à une transmutation alchimique, sur une armure.
Désormais, Alphonse est contraint de vivre à l’intérieur d’une armure vide,
tandis qu’Edward se fera poser des mecha-greffes automails (des prothèses de
métal très évoluées) en remplacement de ses deux membres perdus. Les deux
frères n’ont alors plus qu’un seul objectif : retrouver leur corps et
membres d’origines. Pour cela, Edward deviendra alchimiste d’état, et ils
s’entêteront alors à retrouver la pierre philosophale, permettant toute
transmutation alchimique, sans aucune règle d’échange équivalent. Cependant,
tout n’est pas aussi simple que prévu, et l’armée dissimule bien plus de secret
d’état qu’on ne pourrait le croire. Bon, ok, mon résumé est tout pourri,
compliqué pour rien, et ne donne pas envie de se plonger dans ce sublime manga,
mais si vous ne connaissez pas, je vous incite vraiment à vous y mettre. Les
vingt-sept tomes se lisent aisément, et les cinquante et un épisodes se
regardent avec plaisir. Pour dire, lorsque je me suis procuré l’intégralité du
premier animé, je me suis refait tous les épisodes en trois jours. Quand on
aime, on ne compte pas.
Les deux frères Elric, Alphonse et Edward
Fullmetal Alchemist, c’est aussi un premier film, Conqueror
of Shamballa. Ce long-métrage est la suite directe de l’animé. Quelques années
se sont écoulées, Alphonse a retrouvé son corps, tandis qu’Edward, à nouveau privé
de ses deux membres, vit de l’autre côté de la Porte, dans une sorte de monde
parallèle sans alchimie, qui semble être le nôtre. En effet, le jeune garçon,
alors âgé de dix-huit ans, vit en Allemagne, en 1923, en plein entre-deux
guerres. Et c’est en partie le postulat de départ du film. Une société secrète
de l’armée allemande va essayer d’ouvrir la Porte, afin de s’emparer des
pouvoirs de l’alchimie après la prise de pouvoir ratée d’Adolphe Hitler. Les
deux frères arriveront évidemment à se rejoindre pour faire face à ce qui
arrive. Ce film apporte une véritable conclusion à la première série animée qui
se concluait par une promesse, une note d’espoir. Et si le film n’est pas
mauvais, il n’est pas non plus extraordinaire. Je commence par les points forts.
L’animation est excellente, tout comme les graphismes. On retrouve bien la
qualité des épisodes, et de ce point de vue-là, c’est un sans-faute. Quasiment
tous les personnages de la série sont de retour ici, hormis Izumi Curtis,
tristement disparue, et leur sort n’est pas forcément très heureux justement. Je
pense notamment au colonel Roy Mustang, qui est réduit à l’état de
garde-frontière. Cet aspect sombre du film est finalement proche du manga, et
on ne peut que s’en réjouir. Le film est aussi rythmé avec des scènes d’action
réussies, et des moments de bravoure haletants. Cependant, si l’histoire est
intéressante, restant dans une certaine continuité, elle s’éloigne trop de
l’esprit originel. De surcroît, la fin est à mon goût décevante. Les deux
frères resteront à jamais coincés dans « notre » monde, de l’autre
côté de la Porte, et ne pourront plus jamais revoir ceux qu’ils ont connu, à
l’instar de la charmante Winry Rockbell. Frustrant. Surtout lorsque cinq ans
plus tard, on connaît le véritable dénouement du manga. Autre chose que je
reproche au film, le fait que quasiment chaque personnage de Fullmetal trouve
son équivalent dans « notre » monde. En soit, l’idée est bonne, mais
faire de Maes Hughes une espèce de salopard, je n’y arrive pas. On ne touche
pas à Hughes. A noter aussi un léger surplus de violence par rapport à la
série. Pas de quoi choquer les habitués non plus, mais c’est un fait. Au final,
on se retrouve devant un film de qualité, mais qui n’est pas non plus
exceptionnel. On le regarde avec plaisir si on est fan de la première série
animé, malgré une fin en dessous de ce qu’on aurait pu et aimé attendre. Un
produit qui reste toutefois digne du manga.
Un des trailers du film
Maintenant, le ton va changer. Je vais parler de la seconde
série, Brotherhood. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je déteste. J’ai
commencé la série lorsque Dybex proposait de les voir en VOST quelques jours
après leur diffusion japonaise, sur Dailymotion. Je me suis arrêté à l’épisode
12 ou 13. J’ai vraiment pas accroché. Pas du tout. D’une l’animation et les
graphismes sont bien en-dessous du premier animé. C’est assez aberrant. Une
série avec une telle notoriété mérite bien mieux. Ensuite, je trouve que c’est
bien d’être fidèle au manga, mais de là à nous servir une version filmée de la
bande dessinée, sans originalité, et sans plaisir, il ne faut pas exagérer non
plus. C’est en grande partie pourquoi j’ai arrêté le visionnage. Réalisation
sans vie, musique pas géniale, animation faible, et une volonté de balancer des
private jokes dans les génériques pour faire genre on connaît le manga… A la
limite, il n’y aurait pas eu la première série, j’aurais peut-être tout
regardé, et avec plaisir qui sait, mais là honnêtement… A croire qu’il fallait
absolument se faire du fric tant que le succès était là. Et puis bon, succéder
à la première série qui était excellente… C’est un peu le syndrome Dragon Ball
GT juste après Dragon Ball Z. Bref, à voir pour les curieux ou les fans
hardcore peu exigeants, sinon à éviter.
Une image suffira
Et maintenant, pour finir, je vais parler du second film,
L’Etoile sacrée de Milos. Un mot suffirait à décrire ce long-métrage.
Affligeant. Voilà, c’est la fin de cette critique. Bon, ok, je continue, pour
vous faire plaisir, mais je vous préviens, ça ne va pas être beau à voir.
D’une, le film, comme Brotherhood, possède une animation tout juste correcte, à
peine plus que bien. Sauf que Fullmetal Alchemist mérite bien mieux que du tout
juste bien. Là, dans le film, il y a certains passages de combats rapides qui
sont constitués d’une suite de storyboards diffusés rapidement. De qui se
moque-t-on ? Du public, des fans, de nous. Ensuite, l’histoire n’a
strictement rien à voir avec l’univers créé par Hiromu Arakawa. Seule la
présence d’Alphonse et d’Edward nous conforte dans l’idée qu’on regarde bien
un film Fullmetal Alchemist. On remplacerait le terme alchimie par magie et on
appellerait les personnages Pierre et Jean, le film fonctionnerait aussi. Rien
à voir avec le manga. Et en plus, l’histoire ne se situe dans aucune continuité
chronologique. Ça ne peut pas être après Brotherhood puisque la fin est normalement
la même que celle du manga. C’est donc un hors-série qui survient comme ça,
sans que l’on puisse le rattacher nulle part. Navrant. Et puis bon, ce scénar
ridicule en plus. Un alchimiste s’échappe d’une prison pour retrouver une fille
immigrée que l’on ramène à la frontière, afin de l’aider à reconstruire sa ville,
se faisant passer pour son frère, alors qu’en réalité il cherche la pierre
philosophale. Non, mais il ne faut pas essayer de comprendre, c’est juste
pitoyable. Moi j’ai mieux à proposer comme scénario s’ils veulent faire un
troisième film. Alphonse et Edward rejoignent une troupe de cirque. Sauf qu’ils découvrent que
le chef est en réalité un ancien alchimiste d’état criminel de guerre lors des
affrontements qui opposèrent l’armée au peuple Ishbal. De surcroît, sous son
maquillage blanc et son sourire constant, le clown de l’équipe dissimule une
peau mate et des yeux rouges. Le pire, c’est que c’est plus respectueux de
l’univers comme pitch de base. Non mais franchement, pourquoi Hiromu Arakawa
fait ça ? Pour le pognon ? Il faut arrêter. A force de prostituer son
gosse, on arrive à des trucs infâmes. Et si c’était tout. Dans le film, il y a
des chimères. Sauf que là, toutes sont des loups, et leur design ressemble à un
croisement raté entre le pokémon Zoroark et un mauvais maquillage de loup-garou
dans un nanar des années 80. Et encore, c’est méchant pour Zoroark. Les rares
personnages secondaires présents ne servent à rien, si ce n’est à faire coucou
pour rappeler qu’on est dans un film Fullmetal Alchemist, et à la limite de
deus ex machina providentiel sans saveur. Contrairement au manga ou à la
première série (et même à Conqueror of Shamballa), ici l’émotion n’est guère
présente et laisse place à de l’action pure et dure sans âme et qui joue dans
la surenchère de violence par moment. Evidemment, c’est bien plus drôle de
faire exploser la tête de son adversaire avec du sang partout, ça plaît à la
jeunesse avide de violence. Et puis, pendant qu’on y est, on va s’arracher la
peau aussi, c’est rigolo. Parce que ce retournement de situation digne de
Nip/Tuck, c’est pas mal quand même. Ben oui, à la fin, en fait, on apprend que
celui qu’on croit être le frère est un méchant pas beau vilain. Et en réalité,
il a découpé le visage du vrai frère afin de se le coller sur lui. Ok, donc
c’est Fullmetal Alchemist, c’est tout à fait normal ce genre de situation… Je
veux bien qu’on se foute de la gueule du monde par moment, mais là c’est pire
que tout. C’est un viol. Voilà, c’est le mot. Un viol du manga et des fans.
Bravo, c’est un joli coup double. En gros, vous l’aurez compris, évitez cette
aberration, particulièrement si vous êtes fan du manga. A la place, relisez les
bouquins ou rematez la première série, ce sera bien plus plaisant.
Je remets un petit coup de musique du premier animé, c'est mieux
Il est temps de finir cet article. Fullmetal Alchemist est
un excellent manga, le meilleur à mes yeux. Je vous conseille absolument de le
lire, ainsi que de regarder la première série animée (les cinquante et un
épisodes et le film Conqueror of Shamballa). Vous pouvez tenter Brotherhood,
seconde adaptation, qui est véritablement fidèle à l’histoire, mais qui procure moins de plaisir. En revanche, évitez absolument le film L’Etoile
sacrée de Milos, qui est tout simplement une honte. Un doigt d’honneur lancé
bien violemment aux fans qui, crédules et naïfs, seraient tentés d’acheter le
DVD ou le Blu-Ray. Ne le faites surtout pas jeunes inconscients ! Voilà,
c’est dit. Et pour conclure en beauté, voilà ce qu’il me reste à dire. L’humanité
ne peut rien obtenir sans donner quelque chose en retour. Pour chaque chose
reçue, il faut en abandonner une autre de même valeur. En alchimie, c’est la
loi fondamentale de l’échange équivalent. A cette époque, nous pensions que
c’était la seule et unique vérité au monde. Nous nous trompions. Mais il a
fallu céder quelque chose pour l’apprendre.
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