Ninja Gaiden 3, c’est des QTE à n’en plus finir sans réel intérêt,
des phases d’actions bourrines sanglantes mais sans les traditionnels
démembrements, des combats trop faciles pour s’adapter à tous, un scénario qui
faisait regretter à Ryu Hatabusa, le héros, chaque meurtre qu’il commettait,
une seule arme, et une réalisation en dessous de ce à quoi la franchise avait
habitué les joueurs. Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge, c’est la promesse de
rectifier le tir afin d’offrir le jeu complet qu’on aurait dû avoir il y a un
an. Si la réalisation est honnête, mais ne casse pas trois sabres à un ninja,
on constate avec joie le retour des démembrements qui ont fait le bonheur des
inconditionnels de la série et des plus sadiques qui assumaient clairement ce
plaisir coupable. Certes, la violence c’est mal, mais les jeux vidéo ne sont
pas la réalité, alors pourquoi se priver lorsqu’un titre va jusqu’au bout de
ses idées ? A cela, on note que le scénario, s’il reste le même en grande
partie, a quelque peu été modifié. Fini les regrets que l’on peut ressentir
après un meurtre, fini les choix de tuer ou non certains adversaires, ici on
avance et on découpe un point c’est tout. Si la malédiction touche toujours Ryu,
on ne nous inflige plus ces scènes pénibles, et c’est tant mieux. Pour le
reste, le scénario ne change pas, il est toujours digne d’un action movie
nanardesque des années 80 couplé à un film fantastique totalement absurde du
début des années 2000. Et toujours avec un premier degré de rigueur. Mais peu
importe si c’est risible, ça en devient parfois tellement outrancier et
caricatural que l’on se prend facilement à aimer et à suivre l’histoire. Et après
tout, il y a bien pire comme scénar dans certains jeux ou films, alors bon,
inutile de trop cracher dessus.
C'est ce qu'on appelle trancher dans le vif
Ce que l’on constate avant tout, même s’il s’agit d’une
suppression d’un pan scénaristique et de gameplay assez peu intéressant, ce
sont les ajouts. Après tout, le contenu assez faiblard de la version d’origine
ne pouvait qu’être étoffé. On trouve donc une campagne solo un peu plus garnie,
sans être non plus grandement rehaussée. Deux niveaux inédits ont été ajoutés. Ce
qui marque cependant, c’est qu’on n’y contrôle pas ce cher Ryu Hayabusa, mais
la jeune et séduisante Ayane. Et tout de suite, c’est un argument plus vendeur,
mais aussi plus légitime pour la série. Si son insertion dans le scénario n’est
pas réellement folichonne, ni même tout à fait cohérente, ces passages ont au
moins le mérite d’exister, et ne serait-ce que pour le plaisir des yeux petits coquinous,
c’est déjà fort plaisant. A noter qu’en mode défi, il est aussi possible d’incarner
Kasumi. Un jeu qui du point de vue de ses personnages jouables est en forme,
comme ses héroïnes finalement. Cependant, l’intérêt est ailleurs dans Ninja
Gaiden, série qui s’est toujours démarquée par son gameplay technique et
exigeant.
On vous a dit qu'Ayane faisait son retour?
Ninja Gaiden c’est une difficulté légendaire, une peur
constante de mourir, et une maîtrise absolue des méthodes de combats et des
combos pour survivre. Ninja Gaiden 3, c’est une simplicité accessible à tous,
des QTE à tout va, et un défi inexistant. Heureusement, cette version Razor’s
Edge a su relevé le niveau. Inutile de s’attendre toutefois à un défi ultime
quasi inaccessible pour les novices et que seul les plus agiles et les plus
acharnés réussiront à affronter. Certes, la difficulté a été revu à la hausse,
et c’est tant mieux, cependant l’ensemble demeure encore assez accessible pour
peu que l’on maîtrise les combats. Et encore. S’il est clairement nécessaire d’assimiler
les différents combos et les stratégies les plus adéquates, le titre reste
relativement peu technique. Certes, c’est bien mieux de savoir où et quand appuyer
sur un bouton, quand attaquer, quand esquiver, mais dans certaines situations marteler la manette à tout bout
de champs peut aussi s’avérer utile. A défaut d’être un jeu d’action très
technique, Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge a au moins le mérite d’être un
jeu d’action bourrin et défoulant à souhait. On peut regretter une certaines
répétitivité dû au genre, et des ennemis qui tendent à se répéter et peinent à
se renouveler au fur et à mesure de l’aventure. Au moins, la caméra n’est pas
trop gênante pour une fois, même si parfois une légère confusion peut advenir,
mais ce n’est pas réellement la faute de la caméra. La grosse nouveauté, c’est
la présence de différentes armes, à découvrir au fur et à mesure, et
interchangeables à souhait, qu’il est possible d’upgrader, là où la première
version ne proposait que le sabre. De même, les ninpos, sont eux aussi
upgradables, et on peut bien entendu apprendre de nouvelles techniques au choix
au cours de l’aventure, ce qui renforce le dynamisme des combats. Malgré tout,
bien que rythmé et finalement plaisant, on regrette que les QTE, pourtant
grandement évincés de cette version, soient toujours de la partie. Certes, ils
sont bien moins dérangeants qu’auparavant, mais ils nuisent au rythme et à l’aspect
héroïque de certaines séquences. Sans parler des phases d’escalade assez
laborieuses qui consistent à appuyer sur les gâchettes, clairement affichées à l’écran.
D’ailleurs, si l’ensemble des phases d’action s’en sort bien, le reste est un
peu moins avantageux. Dans des décors couloirs, on avance, on participe à des
phases de plate-forme maladroites, et on avance encore jusqu’aux prochains
ennemis. On aurait pu espérer mieux, malheureusement ce n’est pas le cas. Dommage,
même si ce n’est pas pour ça que l’on va jouer au jeu.
Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge est finalement un mélange
entre The Expendables et Kill Bill. D’un côté, l’Action Hero invincible qui
dézingue des ennemis à tout va, de l’autre une complaisance dans le gore et les
effusions de sang provoqués par des lames bien tranchantes. A cela on peut
aussi ajouter une dose de fantastique un poil outrancière à la Asura’s Wrath,
et on obtient la recette du titre. Et avec les doublages japonais de surcroît !
Voilà de quoi séduire les amateurs d’action à la limite du risible, mais qui s’assume
au point d’en devenir intéressant. Bien entendu, on joue pour le gameplay, pas
pour le scénario. Bien que la difficulté ait été relevée, l’ensemble demeure
toujours trop accessible, perdant la difficulté légendaire de la série. Au final
on tranche dans tous les sens sans
réelle peur de périr, mais on se surprend à aimer. Certes,
le jeu n’a pas la trempe d’un Ninja Gaiden et ne mériterait presque pas de
porter ce nom, mais malgré tout, on prend un certain plaisir à parcourir l’aventure, et surtout on remercie le studio d'enfn nous offrir la version complète du titre. Pas le jeu du siècle, pas le jeu de l’année, mais un titre réservé aux fans d’action non stop qui veulent simplement jouer sans se
prendre la tête en s'offrant un petit plaisir coupable rouge sang. De nos jours, c’est déjà bien, alors ce serait dommage de bouder son plaisir.
14/20
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