Satoshi Kon, vous connaissez ? C’est un réalisateur
japonais de long-métrage d’animation, à qui l’on doit notamment Perfect Blue ou encore Tokyo Godfather entre autres. Mais
aujourd’hui, c’est un autre de ses films qui nous intéresse. Assez récent, il
faut le dire, mais cela ne l’empêche pas de demeurer une œuvre majeure du
cinéma d’animation japonais. Un film qui m’a considérablement marqué et qui je
pense s’est forcément inscrit dans l’esprit de ceux qui l’ont vu. Il suffit
même de le regarder pour constater qu’il a énormément influencé un des plus
grands blockbusters de ces dernières années. Ouais, rien que ça. Alors, de quel
film s’agit-il ? De Paprika,
sorti en 2006. Non, il ne s’agit pas du goût des Pringles que j’ai mangé hier,
mais bien d’un film, et pu*ain, quel film !
Voici l'une des
bande-annonce du film. Déroutante sûrement, mais plus intéressante que
la plupart des autres trouvées sur le net je trouve.
Si j’ai choisi ce film, et pas un autre, c’est parce qu’il m’a
véritablement marqué, mais aussi parce que j’ai eu la chance de le voir au
cinéma, dans d’excellentes conditions donc. Je vais d’ailleurs préciser la
situation de ce visionnage. C’était il y a peu, c’est aussi pour ça que la
trace de la claque de ce film est encore bien visible sur ma joue, le 5
novembre 2011 pour être précis, et la Cinémathèque Française le diffusait. Dès lors
que j’ai aperçu le nom du film dans le programme de la Cinémathèque, ni une ni
deux j’ai réservé cet après-midi afin d’être sûr de pouvoir y aller. Et par
chance, j’y étais. Et franchement, quelle chance !
Paprika c’est le nom de l’héroïne qui donne son titre au
film. Avant d’essayer de vous expliquer en quoi ce film est tout simplement un
chef-d’œuvre, je vais vous présenter l’histoire, sans rien spoiler. Au japon,
un nouveau traitement expérimental permet de soigner certaines personnes en
analysant leurs rêves. Pour cela, un appareil, le DC Mini, est nécessaire. Cet
outil permet d’enregistrer les rêves des patients afin de les lire ensuite sur
un ordinateur, et alors la personne concerné et la fameuse Paprika essaient de
comprendre d’où viennent les troubles à partir de ces rêves. Mais voilà, un
jour, les trois seules DC Mini existants sont volés. Le responsable arrive
alors à contrôler les rêves des gens et à les manipuler même s’ils ne sont pas
endormis. S’en suit alors une traque pour retrouver et arrêter le coupable,
mêlant réel, rêve, et parfois les deux à la fois. Voici un résumé très simpliste,
mais je n’en dirai pas plus pour ne rien vous révéler.
Alors, qu’est-ce qui fait le charme de ce film, qu’est-ce
qui le rend encore plus prenant qu’un autre ? Tout d’abord, son animation.
On se doute bien qu’un long-métrage japonais de ce standing ne va pas nous
sortir une animation digne d’une production bâclée des mangas des années 80
(dont certains sont très bons), mais tout de même. Il n’y a rien à dire, ici,
tout est irréprochable. En même temps, c’est un film de Satoshi Kon, on est
habitué à de la qualité, ne feignons pas non plus la grande surprise. Mais quand
même. Et puis, cette musique… Comment dire ? Je vais tout bêtement l’exprimer
simplement. Les compositions musicales sont sublimes, entraînantes, et restent
en tête très très longtemps après avoir vu le film. Certaines vous
accompagneront sûrement jusqu’à votre mort même. En particulier celle du
générique d’ouverture, que j’écoute énormément souvent, encore maintenant. En ce
moment même d’ailleurs, pendant que j’écris, c’est le cas. Susumu Hirasawa a
réellement fait un travail remarquable et d’excellente qualité. Et pour preuve,
je vous laisse ici un petit extrait, le fameux générique d’ouverture.
Le doublage est évidemment de très bonne facture aussi. Pas de
fausse note des acteurs, rien n’est mal joué, tout est admirable et dans le bon
ton. Quand je l’ai vu, je me rappelle, je me suis senti « geek »,
puisque j’ai immédiatement reconnu l’actrice de doublage de l’héroïne Paprika,
qui entre autre a participé à Neon Genesis Evangelion. Pas la peine d’avoir l’oreille,
c’est juste que ben voilà, je suis une sorte de geek il faut croire.
Mais c’est surtout son scénario, ses thèmes, et sa forme qui
en font en chef-d’œuvre du genre. Complexe et abordable, simple et réfléchi,
astucieux et prenant, voilà comment résumer ce qui émane de ce film et de son
histoire. Le rêve dans le rêve, l’interprétation qu’on en fait, la signification,
le côté science-fiction action thriller, se perdre dans ce que l’on voit, dans
ce que l’on croit. Non, c’est bien plus évident que ça en a l’air, et c’est en
plus un tel ravissement en tant que divertissement, qu’il serait réellement
dommage de passer à côté. Et puis avouez, vous avez tous vu Inception de Christopher Nolan. Bon, ben
vous vous en doutez peut-être dorénavant, mais le film de Satoshi Kon a été une
source d’inspiration majeure pour le réalisateur. Certaines scènes ou références sont
même assez évidentes. A la différence que Paprika
ose et se permet ce que l’on ne pourrait jamais voir dans un blockbuster
américain, à l’instar de ce génie scientifique obèse et boulimique. Cela peut
paraître absurde, mais ce personnage clé du film, c’est aussi par ce fait qu’on
s’y attache et qu’il est aussi reconnaissable. Et ce n’est pas uniquement pour
attirer l’œil qu’il est ainsi, c’est une véritable caractéristique qui sert le
film. Ce qui pourrait sembler dérangeant (mais qui ne l’est en rien) aux yeux
de certains n’est pas montré dans les films américains tous publics. Et c’est
aussi ce qui fait le charme des productions japonaises, on y voit ce que l’on
ne verrait jamais ailleurs. Comme cette parade infernale, qui hante l’esprit du
spectateur en même temps que les rêves peu à peu cauchemardesques des
protagonistes. Tout dans ce film atteint l’esprit du spectateur et le marque à
jamais, que ce soit dans son histoire, ses personnages, ou bien son animation.
Paprika est tout
simplement un chef-d’œuvre absolu, une merveille de l’animation japonaise et un
bijou de film. Il est l'ouvrage d’un génie du nom de Satoshi Kon. Il s’agit d’une
œuvre à la puissance phénoménale à voir absolument. C’est aussi le dernier film
de Satoshi Kon. Le réalisateur au talent fou s’est éteint en 2010 à l’âge de 48
ans. Alors, quand on sait qu’il n’a réalisé que quatre longs métrages et que le
dernier (les autres aussi) est un véritable joyau, un concentré de perfection,
un chef-d’œuvre (je ne le répéterai jamais assez), on se dit que oui, peut-être
il est temps d’enfin le voir si ce n’est pas encore le cas.
Petit bonus, voici la version longue de la musique du
générique d’ouverture. Enjoy and share.
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