vendredi 13 avril 2012

Les jeux vidéo sont-ils machistes ?

Avant tout, je tiens à préciser que je ne cherche absolument pas à créer une polémique. Même si le titre de cet article a déjà dû le faire. Je voulais juste tenir un propos sur le sujet, puisque la question mérite d’être posée je trouve. Alors d’ailleurs, pourquoi se poser une telle question ? On reproche déjà assez de choses aux jeux vidéo : ils rendent idiot, contribuent à la violence mondiale, et développent un sous-genre d’être humain inapte à vivre en société. Et en plus ils participeraient à considérer la gente féminine comme inférieure ? Non, non, non, j’ai pas dit ça. J’ai juste dit que j’allais étudier la question.

Qui n’a jamais remarqué que la plupart des jeux vidéo avaient pour héros des personnages masculins ? Moins de nos jours certes, mais qui ne l’a jamais constaté. Mario, Link ou encore Sonic sont des héros, et non des héroïnes. Et la plupart du temps, le personnage féminin sert de prétexte à l’histoire, devant être secouru ou protégé. En revanche, l’inverse… Alors bien sûr, je vois tout de suite les joueurs réagir en disant « Ben, Lara Croft , c’est bien une héroïne de jeu vidéo à part entière ». Oui, effectivement, elle n’a ni moustache ni poils sous les bras. Mais qu’on se le dise, avant d’être reconnue pour ce qu’elle est, c’est-à-dire le personnage principal féminin jouable d’une série de jeu d’aventure à la maniabilité souvent rigide, c’est surtout du fait de ses formes et de ses deux gros amas de pixels qui lui servent de poitrine que les gens connaissent l’aventurière. Et puis, à l’époque, il est inutile de se voiler la face, ce n’est pas pour séduire la gente féminine que la belle Lara a déboulé dans l’univers vidéo-ludique. C’est clairement pour attirer les mecs. Bien sûr, cela n’empêche pas les joueuses de répondre à l’appel, mais une héroïne de jeu ne signifie pas forcément public féminin.

 Lara sait parfois bien se dévoiler

D’ailleurs, en parlant d’héroïne de jeu, en voilà une qui fait bien parler d’elle : Juliet. Le personnage principal du jeu Lollipop Chainsaw qui devrait sortir le 15 juin chez nous. Elle illustre totalement le sujet, et prouve que la cible visée n’est clairement pas les filles qui pourraient se reconnaître en l’héroïne, mais bien les mecs qui ne rateront pas une occasion de mater la jeune lycéenne sous tous les angles proposés par le jeu. Surtout que les différents costumes que l’on peut décider de faire porter à cette chère Juliet ne font pas dans la dentelle, enfin parfois si, mais au sens propre. L’image de la fille dans le jeu vidéo ne serait donc uniquement réduit à cela, à montrer une "bonasse à gros seins" s’exhiber en poussant des petits cris très significatifs ?

 C'est évidemment pour avancer dans le jeu que l'on prendra ce genre de pose

Pas forcément, parfois, comme dit plus haut, les personnages féminins dans les jeux vidéo sont aussi là pour assurer le rôle de la quiche de service. Qu’il s’agisse de la fameuse princesse chère à Mario, bien gentille, mais pas très futée, ou plus récemment, le personnage de la blonde aussi charmante qu’inutile et abrutie dans NeverDead, les stéréotypes clichés de la blonde cruche ou de la fille nunuche ne sont toujours pas tombés.

Bien sûr, tout le monde s’insurge, je vous entends « Mais n’importe quoi, ça fait longtemps que ce genre de cliché c’est fini. Maintenant, les femmes sont mieux représentées dans les jeux ». Oui, c’est certain, mais pour les bonnes raisons, en êtes-vous sûrs ? Je prends un exemple récent. Catwoman, personnage jouable dans Batman Arkham City. Elle a son caractère bien trempé, ses armes bien efficaces, et elle sait s’y prendre pour mettre un homme à terre. Bon, ben il n’y a pas de problème alors ? Non, mais honnêtement les mecs, vous pouvez le dire. Lequel d’entre vous ne s’est pas contenté au moins une fois de lui faire faire une glissade juste dans le but d’admirer sa poitrine, penchée en arrière, glissant dans le vent ? Bon, ben voilà, c’est là où je veux en venir. Alors bon, ok, là c’est Catwoman, tout le monde fantasme sur elle, dans le jeu ou bien dans sa version filmée interprétée par Michelle Pfeiffer (Halle Berry ? Connais pas). Mais revenons-en au thème de l’article. Même si ce n’est pas le but premier, une héroïne de jeux vidéo est clairement faite pour être admirée. On ne verra d’ailleurs jamais une fille moche dans un jeu vidéo, pour peu qu’elle soit du côté des héros. Et le genre de jeu qui va le plus loin dans ce sens, c’est clairement la baston. Les combattantes dans les jeux de combats sont toutes, excusez-moi du terme, des bonasses à gros seins. Sonya Blade par exemple. Ou encore dans un autre style Ivy de Soul Calibur. Et bien entendu, il ne faut pas oublier le jeu de combat qui offre le plus à voir de ce côté, Dead or Alive. Ce dernier a même été décliné en jeux de beach volley, ce qui permet de profiter allègrement des formes des combattantes en tenue assez courtes. Et puis, pendant qu’on y est, il y a aussi Rumble Roses, jeu de catch entièrement féminin, allant jusqu’à proposer des combats de femmes dans la boue. Mais, ce sont des héroïnes de jeux vidéo, elles ne sont pas là pour exhiber leur forme évidemment. Plus sérieusement, je me rappelle lors de la sortie du premier Metroïd Prime, les conversations ont très rapidement tournées autour de l’éventualité de voir la vidéo de Samus Aran nue sous sa douche. Comme quoi, il n’y a pas que Lara qui attire les convoitises.

 C'est la balle qu'il faut regarder

Avant de revenir à ce sujet des femmes représentées comme des objets sexuels dans l’univers vidéo-ludique, j’aimerais aussi m’attarder sur les jeux visant un public purement féminin. Léa Passion Vétérinaire, Léa Passion Danseuse Etoile, Léa Passion Salon de Beauté, Léa Passion Baby-sitter, Léa Passion Maîtresse d’Ecole, Léa Passion Bébés, et la liste est encore longue. Je précise que je n’ai inventé aucun titre, tous ces jeux existent véritablement. Voilà, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve cela assez réducteur tout de même. Bien sûr, ces jeux s’adressent à des petites filles, mais ce n'est pas nécessairement une raison. Alors en gros, toutes les filles sont condamnées à devenir plus tard maîtresse d’école, danseuse ou coiffeuse. Voilà. T’as cinq ans, t’as une Nintendo DS, et tu sais ce que tu seras plus tard, puisque c’est comme ça que l’on t’a éduquée. Je vais volontairement loin dans la critique et même dans le cliché, mais ce que je veux dire, c’est que l’on ne trouve pas de jeu s’intitulant Léo Passion Pompier ou bien Léo Passion Pilote de Chasse. Alors pourquoi même au sein des jeux et de leurs concepts on réduit déjà de telle sorte la condition féminine ? Pas la peine de montrer une fille aux gros seins pour forcément rentrer dans les stéréotypes.

 Sérieusement, ce jeu existe

Mais ce qui me gêne surtout, c’est que cette image de la femme parfois dégradante est souvent mise en parallèle avec une valorisation des personnages masculins. Dans la série GTA par exemple, on y trouve des prostitués ou des strip-teaseuses, et c’est le héros, toujours un homme, qui en profite. Aucunement des filles qui iraient voir un homme se déshabiller, ou au moins apparaître en tenue légère. Je cite aussi la série de jeu Leisure Suit Larry, qui est en quelque sorte une simulation de drague. J’exagère beaucoup, surtout que la série possède une bonne dose d’humour, mais le principe consiste tout de même à draguer des filles alors que l’on incarne un petit homme au physique un peu ingrat. Eh non, pas de jeu dans lequel c’est la fille qui doit séduire des mecs. C’est donc ça que je reproche dans un certain sens. On nous pose des bases, préconçues, sans nous en donner l’équivalent pour le sexe opposé.

 Vais-je réussir à draguer cette jolie donzelle?

Bien sûr, les personnages féminins dans les jeux-vidéo ne sont pas que des bimbos écervelées. Il existe aussi celle qui ont un vrai caractère, et que l’on retient plus pour leurs actions et leur histoire que pour leurs formes. Lara Croft fait aussi partie de cette catégorie, même si la plupart retiennent autres choses de l’aventurière. Il en est de même pour Samus Aran, citée elle aussi un peu plus haut. Je peux en nommer d’autres, tel que l’inoubliable Jade de Beyond Good and Evil, Tifa de Final Fantasy VII, ou encore Terra de Final Fantasy VI. Et encore, on ne peut que constater que leur physique reste toutefois volontairement très agréable à l’œil. Il y a évidemment bien d’autres héroïnes que je pourrais présenter, signe que finalement elles aussi ont leur place dans le domaine du jeu vidéo, sans forcément être la potiche de service, mais ce serait long de toutes les citer. Même si encore et toujours, leur apparence demeure primordiale, alors que pour les héros, on s’en moque, n’est-ce pas Mario ?

Les jeux vidéo sont-ils donc machistes ? On pourrait le croire après ce que je viens d’écrire. Mais il est inutile de nier l’évidence et d’accabler inutilement les jeux vidéo sur un nouveau terrain, juste dans l’optique de diaboliser le média. A la télé, ne voit-on pas assez comme ça de filles peu vêtues ou simplement présentes afin de sourire bêtement pour faire jolie ? Au cinéma, la condition de la femme n’est-elle finalement pas la même que celle dans les jeux vidéo ? Scarface, c’est bien l’histoire d’un homme, et dans son plumard il met des femmes (principalement Michelle Pfeiffer, encore elle !). Qu’on se le dise clairement, sur les écrans la condition de la femme a peu évoluée, et c’est pour cela qu’on continue de les voir comme on nous les présente, cruches et là uniquement pour faire plaisir aux yeux (et pas que) de papa et de fiston, mais ce n’est pas sur nos écrans de télé via nos consoles que cette image perdure, mais bien dans les émissions de télévision ou certains films. Toutes ces émissions de télévisions de télé-réalité nous montrant des pou*iasses vulgaires ou ces clips musicaux dans lesquels les « chanteuses » se donnent elles-mêmes en spectacle dégradant, c’est ceci qui est machiste. Alors oui, les jeux vidéo sont machistes, mais pas autant que ce que l’on ose encore de nos jours nous montrer sur les écrans. Alors au lieu de critiquer ou de diaboliser l’image des jeux, revenez aux origines et regardez plutôt ce que les autres médias se permettent de présenter. En toute honnêteté, je trouve moins dégradant de jouer à Lollipop Chainsaw, plutôt que de regarder certains clips à la télé. Et puis, dans les jeux vidéo, c’est souvent fait avec plein d’humour et de second degré. Duke Nukem l’a bien compris, on montre des filles à poil, mais c’est dans une volonté d’exagération et d’humour trash. Alors contrôler une aventurière bien proportionnée ou une pom-pom girl peu vêtue, ce n’est pas machiste, non. C’est juste la continuité de ce que l’on nous propose à voir tous les jours, c’est fait principalement pour les mecs, mais une fois le côté voyeur amusant passé, on joue pour jouer. Les jeux vidéo sont machistes ou non, c’est un point de vue, mais critiquer un tel domaine alors que tous les jours, sans censure ou véritable avertissement au public ou nous montre pire, c’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité.

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