mercredi 1 mai 2013

Test Far Cry 3 : Blood Dragon

Cela aurait pu être une simple blague. Une annonce accompagnée d'un faux trailer dévoilés le 1er avril. Mais non, c'est très sérieux. Ils sont comme ça chez Ubisoft. Pourtant, ils nous ont habitués aux mauvaises blagues, avec le report de Rayman Legends ou les suites à répétition d'Assassin's Creed. Mais là, le projet est très sérieux. On pensait à un DLC pour Far Cry 3, puisque quelques temps auparavant, le titre Far Cry 3 : Blood Dragon avait fuité, mais finalement, c'est un stand alone, un jeu à part, qui est né. Far Cry 3 : Blood Dragon, aussi douteux qu'il pourrait paraître, est bien un jeu qui rend hommage aux productions des années 80. Couleurs fluos, musiques au synthé, et punchlines ridicules, voici la promesse d'Ubisoft pour ce titre. Reste à voir si le mélange fonctionne bien, ou ressemble plus à l'un des nanars auxquels il rend hommage.

En 2007, la terre a plus ou moins été ravagée et est devenue un endroit aux allures post-apocalyptiques. Le Canada n'est plus qu'un immense désert toxique, tandis que les communistes russes essaient tant bien que mal de conquérir le monde. Une nouvelle race d'homme cyborg, des cybersoldats, se battent chaque jour pour instaurer la paix dans le monde. Rex Power Colt, l'un d'entre eux, va devoir déjouer les plans du méchant Sloan, non pas pour venger son collègue, mais pour sauver l'humanité. Voici le synopsis de Far Cry 3 : Blood Dragon, scénario digne d'un film d'action/science-fiction directement sorti en VHS en 1984. Il faut dire que tout le principe du jeu repose là-dessus. Imaginer un futur apocalyptique comme on l'aurait imaginé dans les années 80, et construire une histoire volontairement ridicule et outrancière comme il y en avait tant à cette époque dans les bacs actions des vidéo clubs. On pioche donc dans ce que l'on pouvait trouver en ce temps pour en faire un mélange aussi agressif pour les yeux que délicat pour les oreilles. Couleurs flashys sont au programme, dans cet univers visuel digne de Tron sous ecstasy, qui aurait rencontré Predator et Commando. Les ennemis portent tous des costumes ridicules, probablement à base de plastique et de carton, comme dans un film au budget réduit, et tirent avec des armes quasiment toutes lasers, futur oblige. Quant à Colt, le héros, il est mi-homme mi-robot, sorte de croisement entre John Rambo, Robocop, et Terminator. Un bras cybernétique, un œil robotique, et une aisance à tuer déconcertante, on tient finalement le héros faussement cynique et sincèrement patriote, qui agit parce que son devoir le demande, et aussi parce que la paix dans le monde en dépend. N'oubliez pas les enfants, winners don't use drugs. Lui aussi tire des lasers fluos, lorsque ce n'est pas encore plus exagéré, mais c'est surtout sa répartie qui en fait un héros déjà culte. Comme au bon vieux temps des films d'actions classés R, c'est une avalanche de punchlines aussi jouissives que ridicules, le plus souvent à base de motherfucker, qui nous met immédiatement dans l'ambiance. La plus mémorable étant sûrement celle-ci, après avoir fait exploser un mec à la grenade :  « He said "Blow me". So, I did it ». Le jeu pourrait se résumer à cette phrase, qui n'aurait pas eu le même impact sans Michael Biehn, qui prête sa voix au héros, connu principalement pour ses performances dans Terminator ou Aliens, le retour. L'acteur incarne parfaitement le côté badass du personnage, qui colle à merveille à l'univers. Et bien sûr, qui dit 80's dit bien entendu musiques qui claquent, principalement à base de synthé. Et de ce côté là, le titre ne déçoit pas, proposant son lot de musiques aussi cultes que ringardes. Entre les thèmes qui parodient celui de Terminator, et les autres qui nous plongent dans une ambiance de film d'action rétro, on est servi. Sans oublier les musiques ou les chansons rock qui se veulent de cette époque. Un grand bravo au générique de fin, ou à la chanson qui sied parfaitement au montage d'entraînement du héros, qui pourraient devenir des classiques des années 80, bien que créés trente ans après. Qu'il s'agisse de l'ambiance sonore ou de l'univers visuel, le jeu fais un sans faute. Ou plutôt il en fait une grosse faute, de goût, pour peu que l'on n'aime pas cet aspect rétro. Mais des fautes de goûts de ce genre, pour peu qu'il en s'agisse d'une, on aimerait en voir plus souvent.

 Les cinématiques en 2D sont géniales

Mais attendez ! Blood Dragon porte le nom de Far Cry 3 ! Alors c'est quoi le lien ? La petite figurine de vahiné qu'il y a dans la voiture. Bon, ok, ce n'est bien évidemment pas le seul lien de parenté avec le titre qui lui donne son nom. D'une, Blood Dragon utilise le même moteur graphique. Donc oui, en plus de posséder un véritable cachet, le jeu est beau. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un jeu en dématérialisé que ça doit être bâclé après tout. Ensuite, là où Blood Dragon rejoint véritablement Far Cry 3, c'est dans sa maniabilité. Bien sûr il y a des différences, mais dans l'ensemble, c'est très similaire. On explore une île, de façon libre, et l'on peut exécuter différentes missions annexes au choix. On peut aussi chasser différentes espèces, mais attention, comme dans Far Cry 3, des hommes patrouillent régulièrement, il faut donc faire gaffe à ne pas se faire repérer. Afin d'augmenter la durée de vie, et de faciliter les voyages rapides, il est possible de libérer des garnisons, un peu comme les postes radio de Far Cry 3, à la différence qu'il y a plus de boulot à libérer les garnisons. Et l'on peut aussi trouver divers éléments, qui sont ici appropriés à l'univers, comme des TV Sets, ou bien des VHS. Pour le reste, c'est vraiment similaire. On se déplace de la même manière, on choisit ses armes, qu'il est possible d'améliorer, on tire, et l'on se soigne soit avec des seringues, soit moins efficacement avec ses propres moyens. Bien que plus orienté action, le titre ne délaisse en rien l'infiltration, et il faudra aussi savoir se faufiler et exécuter ses ennemis de dos au couteau, afin de progresser, même si ceux qui préfèrent faire parler les gros guns qui tachent le pourront toujours. Le jeu n'est d'ailleurs pas avare en explosions, le plus souvent inutiles, mais qui nous rappellent les meilleurs moments de ces films que l'on aime tant. C'est un peu ça Far Cry 3 : Blood Dragon, reprendre le meilleur d'un titre et le mettre à sa sauce.

 A fond les canons!

Heureusement, la sauce ne sent pas le réchauffé et apporte sont lot de nouvelles saveurs. Pour la chasse par exemple, ne vous attendez pas à croiser des tigres ou des sangliers, mais plutôt leurs équivalents mutants ou robotiques. C'est totalement débile, complètement assumé, et assurément jubilatoire. De même, lorsque l'on se soigne, les animations ont été adaptées pour l'occasion, avec soudure à la clé, et exercice rapide de musculation pour s'auto-alimenter en électricité. Le charme du kitsch à son apogée. Un peu comme ce shuriken qu'il est possible d'envoyer sur un ennemi proche après une élimination discrète. Quant aux véhicules qu'il est possible de conduire, si l'on retrouve les voitures ou deltaplanes, on vous laissera découvrir le plus saugrenu, mais aussi le plus jouissif de tous, parce que ce serait un crime de vous le dévoiler. Bien entendu, il y a aussi de réelles nouveautés, à commencer par les fameux dragons. Ces sortes de T-Rexs fluos ne vous faciliteront pas la vie, au contraire, ils essaieront le plus souvent de vous la prendre. Alors face à eux, au choix, courez, courez aussi vite que vous le pouvez, ou bien jouez la finement pour ne pas finir en steak tartare. Et pour cela, le meilleur moyen, c'est de rester accroupi et de les distraire en balançant un peu plus loin des cœurs cybernétiques. Oui, ce sont les cœurs que vous avez (ou non) ramassé sur les corps de vos ennemis. Sympa hein ! Eh bien ces cœurs sont très pratiques pour éviter de se faire sauvagement dévorer par ces dragons T-Rexs mutants. Surtout qu'elle sont pas évidentes à tuer ces grosses bestioles. On peut d'ailleurs jeter un cœur près d'un ennemi pour le laisser se faire manger. On note aussi dans les changements que l'expérience accumulée fait monter de niveaux, mais qu'on ne sélectionne plus ses compétences, elles se débloquent en fonction du niveau que l'on vient d'atteindre. Ce qui est intéressant à voir, c'est comment ce Blood Dragon arrive à parodier de main de maître l'un des scènes initiatiques de Far Cry 3 pour en faire un hommage au film de fantasy des années 80. Ce qui aurait pu rester similaire est tout à fait magnifier par des idées qui viennent apporter une touche en plus au jeu. Comme les cinématiques, non pas en 3D, mais en 2D façon Super Nintendo, avec des images fixes et des animations faussement dégueulasses, qui additionnées au scénario volontairement nanardesque, au dialogues écrits de manière très travaillée pour être parfaitement ridicules, et aux multiples références aux films de genre, permettent d'obtenir un résultat qui tient du pur génie. Et puis, un jeu dans lequel on peu faire un doigt à ses victimes ou à leurs cadavres en appuyant sur une touche, c'est forcément bien.

On pouvait craindre le pire, on a obtenu le meilleur. Ce qui aurait pu être une simple blague potache entre collègue s'est finalement concrétisé en un résultat plus que spectaculaire. L'idée de faire de ce jeu ce que l'on aurait pu avoir dans un film d'action des années 80 avait tout pour donner un titre tout juste bon, mais c'était sans compter le génie des développeurs qui n'ont pas fait le travail à moitié. Entre le gameplay aux petits oignons, la réalisation graphique, mais surtout l'ambiance et l'univers conçu, rien n'a été laissé au hasard, et au lieu de se retrouver devant une production médiocre, on fait face à un titre qui surpasse bon nombre de productions. L'écriture avait de quoi faire peur, parodier un nanar faisant souvent en naître un nouveau, mais tout ici est totalement maîtrisé, au point que l'on est sans cesse ébloui par ce qui se dégage du jeu. Clairement ce Blood Dragon rappelle les meilleures pires heures des années 80, sans aucun cynisme, mais avec une véritable volonté d'hommage à un genre qui n'existe quasiment plus. Le résultat n'en est que meilleur, puisque l'on jubile à chaque cinématique ou punchline, et que l'on exalte devant cet univers aussi bien visuel que sonore à l'humour très prononcé. Certes, l'aventure prend environ six heures en ligne droite, et environ huit ou neuf si l'on veut quasiment tout faire, mais devant son faible prix et son contenu, il serait dommage de bouder son plaisir, surtout lorsque certains jeux proposant à peine plus sont vendus au prix fort. S'il porte le nom de Far Cry 3, ce Blood Dragon transcende et surpasse celui qui lui a permis de voir le jour. À la fois nanar ultime et chef-d’œuvre absolu, Far Cry 3 : Blood Dragon est un titre à posséder absolument, encore plus si on est amateur de films d'actions des années 80. C'est peut-être le fan qui parle, mais devant un tel contenu, une tel réussite, et un tel prix, peu de jeux font la comparaison. Il ne vous reste plus qu'une chose à faire, vous procurez le jeu, et be badass all the way.

19/20

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