mercredi 6 février 2013

Test Dead Space 3

Fin 2008, alors que l'on pensait tous que les jeux d'horreurs, ceux qui font peur, avaient définitivement disparu, la licence Resident Evil ayant mis en avant l'action au détriment de l'angoisse, un titre venu de presque nulle part est venu bouleverser nos habitudes et nos attentes de joueurs. Dead Space, voici son nom, proposait un concept intéressant, mais surtout arrivait véritablement à nous effrayer, dans un monde vidéoludique devenu complètement aseptisé. La peur, la vraie, celle qui nous prend aux tripes, que l'on ressent au plus profond de nous, qui nous effraie autant qu'elle nous renvoie à nos sentiments d'angoisse les plus enfouis, celle que l'on redoute, que l'on craint, oui, celle-ci, c'était bien elle qui était présente dans Dead Space. Au point que si jouer seul dans le noir procurait l'expérience de jeu ultime, c'était aussi presque un gage de courage immense. Avec sa suite, début 2011, la licence continuait à nous effrayer tout en changeant son approche. Bien sûr le titre demeurait inquiétant de par son ambiance et son atmosphère, mais aussi et surtout par ses effets de surprise rompant souvent un silence de mort. Rien de plus bête que de sursauter follement à cause d'une bouche d'aération qui pète ou d'une télé qui s'allume soudainement, mais il faut avouer que ce genre de peur surprise est efficace. Lors du premier trailer et des premières phases de gameplay révélés à l'E3 en 2012 pour l'annonce de Dead Space 3, on avait pu comprendre que le titre serait plus axé action que terreur, avec coopération à l'appui. Alors au final, qu'en est-il réellement ?

Les deux premiers volets jouaient sur nos peurs et angoisses claustrophobes, nous conditionnant la plupart du temps dans des couloirs étroits et peu rassurants. On ressentait bien l'influence du film Alien de Ridley Scott. Dead Space 3 promettait de nouveaux espaces, parfois très ouvert, ce qui pouvaient faire craindre le pire dans un jeu de ce genre. Finalement, une bonne partie du jeu se déroule aussi dans de genre d'endroits oppressants, ces vaisseaux glauques emplis de créatures sinistres. Toujours peu rassurants au final, malgré une recette déjà vue deux fois. On retrouve aussi ces fameuses scènes enneigées, présentés à l'E3. Si on s'inspirait clairement de Ridley Scott pour les décors fermés, on lorgne ici plus du côté de The Thing de John Carpenter. Des influences cinématographiques assez marquées et qui se ressentent clairement, parfois au détriment du gameplay. En effet, le jeu use énormément de cinématiques, assez grandiloquentes il faut dire, qui bien que magnifiquement mises en scène, cassent parfois le rythme et la progression. A cela s'ajoute des phases de QTE, qui se joignent parfois à ses séquences cinématiques. Pas vraiment utiles, pas vraiment intéressantes, mais c'est à la mode, alors c'est finalement pas vraiment illogique. Heureusement, si ces phases viennent ternir un tableau de scènes peu rassurantes dans divers lieux lugubres, certains effets de style visuels, comme des effets de lumière, viennent nous rappeler que l'on ne joue pas à n'importe quel jeu. L'aspect graphique est d'ailleurs très correct, même s'il y a peu de réelle évolution par rapport au deuxième opus qui était une vrai claque. A cela s'ajoutent des musiques qui viennent souvent soutenir l'action en grande pompe, mais qui sont parfois presque trop cinématographiques, faisant penser à celles du Seigneur des Anneaux ou même de Lost, et bien que superbes, en deviennent presque mal pensées par rapport à l'image. Les sons et bruitages dérangeants, à base de cris glaçants sont toujours aussi efficaces, et c'est tant mieux. Au moins, de ce côté là, il n'y a quasiment rien à redire.

 Iron Man Style!

Le gameplay maintenant, puisque c'est aussi l'une des forces du jeu, et que la peur vient aussi beaucoup de là. Il est évident de constater que Visceral Games à compris qu'il n'était pas absolument nécessaire de changer une recette qui avait fait ses preuves. On prend les mêmes, et on recommence comme on dit. Alors au final, ce n'est pas si terrible. Il faut avouer que la maniabilité de Dead Space est très bien pensée, et un changement fondamental aurait été casse-gueule. On se retrouve donc face à ce que l'on connaît. On choisit ses armes, on avance, on résout certaines énigmes, et on essaye de survivre face aux différents nécromorphes qui en veulent à notre peau. Il est toujours nécessaire de les démembrer d'une certaine manière afin de les éliminer, et il ne faut pas hésiter à les écraser pour récupérer ensuite des munitions ou objets. La stase est bien entendu présente, permettant toujours de ralentir le temps quand cela est nécessaire, ou bien pour se faciliter la tâche. Evidemment, on ne peut pas en user autant qu'on le souhaite, et la réserve a même tendance à se vider assez rapidement. Il ne faut pas trop faciliter le boulot non plus. On peut aussi se servir de la télékinésie, soit pour ouvrir une porte, résoudre une énigme, ou bien pour utiliser un membre ennemi comme arme et ne pas gaspiller ses munitions. Rien de neuf sous les étoiles de Dead Space. Il manque pourtant un élément important. La peur. Si les environnement arrivent à retranscrire une atmosphère glauque et inquiétante, ce n'est pas le cas des phases de jeu, qui enchaînent les séquences sans quasiment nous surprendre. Soit en tant que joueur, nous sommes trop habitués, soit l'action a été mise plus en avant cette fois-ci, au détriment de la terreur.

 Tu tires, ou tu pointes?

Et en effet, c'est ce qui paraît le plus évident lorsque l'on joue. Des phases de shoot certes intenses pour la plupart, mais qui n'effraient pas. La seule peur qui peut survenir est éventuellement celle de mourir lors d'un affrontement raté, mais pour le reste, il n'y a plus de quoi être angoissé à l'idée d'avancer dans les environnements, ne sachant jamais à quoi s'attendre. À cela s'ajoutent des phases de tirs molles et sans réel intérêts contre des humains dont on cherche encore la raison autre que purement et vainement scénaristique. Dommage, la saga vaut quand même bien mieux que ça. On note aussi la possibilité de créer ou optimiser ses armes grâce à différents matériaux que l'on peut récolter. Pas forcément nécessaire ni utile, mais intéressant en soit, même si l'on s'en passera facilement. On peut aussi changer d'armure pour une autre avec des capacités différentes. Et pour ceux qui aimeraient en connaître plus sur l'univers, il est aussi possible de ramasser et de lire divers enregistrements audio. Toujours intéressant, même s'il n'est bien sûr pas obligatoire des tous les trouver. Cela rallonge tout de même un peu la durée de vie, particulièrement pour les amateurs de 100%. On n'oublie pas le mode coopération, jouable uniquement en ligne. Pas de frayeurs à deux sur le canapé, même si la moindre angoisse est vite dissipée lorsque le nombre de joueur dépasse un. Ce mode coop, pas nécessaire pour finir l'aventure, offre certaines missions inédites, même si la plupart sont les mêmes qu'en solo. S'il n'est pas mauvais en soit, il est tout de même très préférable de jouer avec un ami en ligne plutôt qu'avec un inconnu, cela risquant de nuire à l'expérience de jeu, la ralentissant sans cesse. Bref, si on a l'occasion, autant y jouer, sinon, on peut s'en passer.

Vous l'aurez compris, malgré tout, Dead Space 3 est un bon jeu. Malheureusement, venant de la licence qui avait réussi à nous effrayer à deux reprises, cette suite a du mal à convaincre totalement. L'action est bien trop mises en avant au détriment de la terreur et de l'angoisse, même si la peur arrive tout de même a faire son petit effet selon les séquences. Il n'en reste pas moins un shooter classique mais efficace avec la patte Dead Space tant dans la maniabilité au poil que dans l'atmosphère oppressante et parfois pesante. Joliment réalisé bien que trop cinématographique, le titre ne dissimule en rien ses inspirations et pioche ses influences autant dans Alien que dans The Thing pour les passages les plus intimidants. Malgré un côté action trop prononcé, un mode coopération pas forcément nécessaire, certains ajouts peu utiles et des nouveautés malvenues, Dead Space 3 reste un bon jeu et reste un digne successeur aux deux premiers volets, même s'il n'a pas forcément les épaules assez solides pour porter un tel héritage.

16/20

2 commentaires: