Fin 2008, alors que l'on
pensait tous que les jeux d'horreurs, ceux qui font peur, avaient
définitivement disparu, la licence Resident Evil ayant mis en avant
l'action au détriment de l'angoisse, un titre venu de presque nulle
part est venu bouleverser nos habitudes et nos attentes de joueurs.
Dead Space, voici son nom, proposait un concept intéressant, mais
surtout arrivait véritablement à nous effrayer, dans un monde
vidéoludique devenu complètement aseptisé. La peur, la vraie,
celle qui nous prend aux tripes, que l'on ressent au plus profond de
nous, qui nous effraie autant qu'elle nous renvoie à nos sentiments
d'angoisse les plus enfouis, celle que l'on redoute, que l'on craint,
oui, celle-ci, c'était bien elle qui était présente dans Dead
Space. Au point que si jouer seul dans le noir procurait l'expérience
de jeu ultime, c'était aussi presque un gage de courage immense.
Avec sa suite, début 2011, la licence continuait à nous effrayer
tout en changeant son approche. Bien sûr le titre demeurait
inquiétant de par son ambiance et son atmosphère, mais aussi et
surtout par ses effets de surprise rompant souvent un silence de
mort. Rien de plus bête que de sursauter follement à cause d'une
bouche d'aération qui pète ou d'une télé qui s'allume
soudainement, mais il faut avouer que ce genre de peur surprise est
efficace. Lors du premier trailer et des premières phases de
gameplay révélés à l'E3 en 2012 pour l'annonce de Dead Space
3, on avait pu comprendre que le titre serait plus axé action que
terreur, avec coopération à l'appui. Alors au final, qu'en est-il
réellement ?
Les deux premiers volets
jouaient sur nos peurs et angoisses claustrophobes, nous
conditionnant la plupart du temps dans des couloirs étroits et peu
rassurants. On ressentait bien l'influence du film Alien de Ridley
Scott. Dead Space 3 promettait de nouveaux espaces, parfois très
ouvert, ce qui pouvaient faire craindre le pire dans un jeu de ce
genre. Finalement, une bonne partie du jeu se déroule aussi dans de
genre d'endroits oppressants, ces vaisseaux glauques emplis de
créatures sinistres. Toujours peu rassurants au final, malgré une
recette déjà vue deux fois. On retrouve aussi ces
fameuses scènes enneigées, présentés à l'E3. Si on s'inspirait
clairement de Ridley Scott pour les décors fermés, on lorgne ici
plus du côté de The Thing de John Carpenter. Des influences
cinématographiques assez marquées et qui se ressentent clairement,
parfois au détriment du gameplay. En effet, le jeu use énormément
de cinématiques, assez grandiloquentes il faut dire, qui bien que
magnifiquement mises en scène, cassent parfois le rythme et la
progression. A cela s'ajoute des phases de QTE, qui se joignent
parfois à ses séquences cinématiques. Pas vraiment utiles, pas
vraiment intéressantes, mais c'est à la mode, alors c'est
finalement pas vraiment illogique. Heureusement, si ces phases
viennent ternir un tableau de scènes peu rassurantes dans divers
lieux lugubres, certains effets de style visuels, comme des effets de
lumière, viennent nous rappeler que l'on ne joue pas à n'importe
quel jeu. L'aspect graphique est d'ailleurs très correct, même s'il
y a peu de réelle évolution par rapport au deuxième opus qui était
une vrai claque. A cela s'ajoutent des musiques qui viennent souvent
soutenir l'action en grande pompe, mais qui sont parfois presque trop
cinématographiques, faisant penser à celles du Seigneur des Anneaux
ou même de Lost, et bien que superbes, en deviennent presque mal
pensées par rapport à l'image. Les sons et bruitages dérangeants,
à base de cris glaçants sont toujours aussi efficaces, et c'est tant
mieux. Au moins, de ce côté là, il n'y a quasiment rien à redire.
Iron Man Style!
Le gameplay maintenant,
puisque c'est aussi l'une des forces du jeu, et que la peur vient aussi
beaucoup de là. Il est évident de constater que Visceral Games à
compris qu'il n'était pas absolument nécessaire de changer une
recette qui avait fait ses preuves. On prend les mêmes, et on
recommence comme on dit. Alors au final, ce n'est pas si terrible. Il
faut avouer que la maniabilité de Dead Space est très bien pensée,
et un changement fondamental aurait été casse-gueule. On se
retrouve donc face à ce que l'on connaît. On choisit ses armes, on
avance, on résout certaines énigmes, et on essaye de survivre face
aux différents nécromorphes qui en veulent à notre peau. Il est
toujours nécessaire de les démembrer d'une certaine manière afin
de les éliminer, et il ne faut pas hésiter à les écraser pour
récupérer ensuite des munitions ou objets. La stase est bien
entendu présente, permettant toujours de ralentir le temps quand
cela est nécessaire, ou bien pour se faciliter la tâche.
Evidemment, on ne peut pas en user autant qu'on le souhaite, et la
réserve a même tendance à se vider assez rapidement. Il ne faut
pas trop faciliter le boulot non plus. On peut aussi se servir de la
télékinésie, soit pour ouvrir une porte, résoudre une énigme, ou
bien pour utiliser un membre ennemi comme arme et ne pas gaspiller
ses munitions. Rien de neuf sous les étoiles de Dead Space. Il
manque pourtant un élément important. La peur. Si les environnement
arrivent à retranscrire une atmosphère glauque et inquiétante, ce
n'est pas le cas des phases de jeu, qui enchaînent les séquences
sans quasiment nous surprendre. Soit en tant que joueur, nous sommes
trop habitués, soit l'action a été mise plus en avant cette
fois-ci, au détriment de la terreur.
Tu tires, ou tu pointes?
Et en effet, c'est ce qui
paraît le plus évident lorsque l'on joue. Des phases de shoot
certes intenses pour la plupart, mais qui n'effraient pas. La seule
peur qui peut survenir est éventuellement celle de mourir lors d'un
affrontement raté, mais pour le reste, il n'y a plus de quoi être
angoissé à l'idée d'avancer dans les environnements, ne sachant
jamais à quoi s'attendre. À cela s'ajoutent des phases de tirs
molles et sans réel intérêts contre des humains dont on cherche
encore la raison autre que purement et vainement scénaristique.
Dommage, la saga vaut quand même bien mieux que ça. On note aussi
la possibilité de créer ou optimiser ses armes grâce à différents
matériaux que l'on peut récolter. Pas forcément nécessaire ni
utile, mais intéressant en soit, même si l'on s'en passera
facilement. On peut aussi changer d'armure pour une autre avec des
capacités différentes. Et pour ceux qui aimeraient en connaître
plus sur l'univers, il est aussi possible de ramasser et de lire
divers enregistrements audio. Toujours intéressant, même s'il n'est
bien sûr pas obligatoire des tous les trouver. Cela rallonge tout de
même un peu la durée de vie, particulièrement pour les amateurs de
100%. On n'oublie pas le mode coopération, jouable uniquement en
ligne. Pas de frayeurs à deux sur le canapé, même si la moindre
angoisse est vite dissipée lorsque le nombre de joueur dépasse un.
Ce mode coop, pas nécessaire pour finir l'aventure, offre certaines
missions inédites, même si la plupart sont les mêmes qu'en solo.
S'il n'est pas mauvais en soit, il est tout de même très préférable
de jouer avec un ami en ligne plutôt qu'avec un inconnu, cela
risquant de nuire à l'expérience de jeu, la ralentissant sans
cesse. Bref, si on a l'occasion, autant y jouer, sinon, on peut s'en
passer.
Vous l'aurez compris, malgré
tout, Dead Space 3 est un bon jeu. Malheureusement, venant de la
licence qui avait réussi à nous effrayer à deux reprises, cette
suite a du mal à convaincre totalement. L'action est bien trop mises
en avant au détriment de la terreur et de l'angoisse, même si la
peur arrive tout de même a faire son petit effet selon les
séquences. Il n'en reste pas moins un shooter classique mais
efficace avec la patte Dead Space tant dans la maniabilité au poil
que dans l'atmosphère oppressante et parfois pesante. Joliment
réalisé bien que trop cinématographique, le titre ne dissimule en
rien ses inspirations et pioche ses influences autant dans Alien que
dans The Thing pour les passages les plus intimidants. Malgré un
côté action trop prononcé, un mode coopération pas forcément
nécessaire, certains ajouts peu utiles et des nouveautés malvenues,
Dead Space 3 reste un bon jeu et reste un digne successeur aux deux
premiers volets, même s'il n'a pas forcément les épaules assez
solides pour porter un tel héritage.
16/20
Superbe test merci +1
RépondreSupprimermouai
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