Tout le monde connaît la
série Metal Gear, qui a fêté ses vingt-cinq ans l'année dernière.
Créé par Hideo Kojima en 1987, le titre est un des premiers du
genre à proposer de l'infiltration, à une époque où la
plate-forme et l'action (principalement les beat them all) règnent
en maître. Seulement, c'est vraiment en 1998 sur Playstation, avec
le fameux épisode Metal Gear Solid, que la licence va devenir
mondialement connue et connaître enfin le succès qu'elle mérite. Le
support CD permet d'introduire des cinématiques, et Kojima s'en
donne à cœur joie pour faire de son bébé une œuvre purement
cinématographique. Continuant de construire son univers au fil des
épisodes, apportant nouveaux héros, nouveaux personnages, et
scénarios toujours aussi complexes et développés, Kojima a su de
plus en plus créer une communauté de fans. Quatorze ans après
Metal Gear Solid (pour le territoire européen) et plus de quatre ans
après Metal Gear Solid 4, le dernier épisode en date inédit sur
console de salon, un nouvel opus débarque. Metal Gear Rising :
Revengeance, c'est son nom. C'est à nouveau au tour de Raiden
d'occuper la place de héros. Plus axé action, le jeu peut
ressembler à un gros défouloir gore dans lequel on prend un plaisir
décérébré à tout trancher. Une vision peut-être un peu
simpliste du titre.
La saga Metal Gear, depuis
le premier Solid, est réputée pour son aspect cinématographique
très prononcé. Bien évidemment, Rising : Revengeance ne
déroge pas à la règle. Des cinématiques à en pleuvoir sont au
programme, desservant un scénario qui prend part après les
événements de Metal Gear Solid 4. Moins complexe, tout en étant
assez construite, l'histoire se suit sans problème, et s'apprécie
pour ce qu'elle est, même si elle manque tout de même pas mal
d'originalité et de subtilité. Cette approche cinématographique,
constante, est bien évidemment maîtrisée, mais se fait ressentir
sur le gameplay, qui est mis à mal par cette omniprésence de
cinématiques. Trop de scènes cinématiques tue le gameplay. Cela
donne un effet haché et découpé, puisque l'on avance parfois pour
rien après une cinématique, si ce n'est pour en déclencher une
autre. Des phases de jeu où l'on avance sur trois mètres pour mieux
relancer une scène, c'est parfois trop souvent le cas. Rien de réellement embêtant, mais cela casse souvent le rythme. D'autant
plus que lors des phases de jeu, de très réguliers coups de
téléphone viennent interrompre les phases d'avancé, obligeant le
joueur à rester passif et mou devant un Raiden au téléphone,
prisonnier d'un décor dans lequel il ne peut avancer. Le pire
revient encore aux séquences cinématiques qui viennent entrecouper des
phases de combats, qui sont bien amenées, ce n'est pas le problème,
mais qui détruisent un rythme de jeu, et parfois même sa progression,
et qui peuvent devenir presque agaçantes à certains moments. Il faut
savoir faire un choix entre cinéma et jeu vidéo. Et encore, Metal
Gear Rising : Revengeance n'est pas le pire des jeux de ce
genre. Heureusement que la réalisation soignée n'est pas uniquement
un droit acquis uniquement pour les cinématiques. Le jeu, dans ses
phases d'actions, est beau, et malgré quelques animations rigides,
il n'y a pas trop à chipoter. C'est potentiellement du côté du
doublage que l'on peut éventuellement pointer un défaut. Celui de
Raiden ne colle pas réellement. Ressenti qui n'est sûrement pas perçu par tous, mais qui devait être précisé. Heureusement, le
reste de la bande son est à la hauteur, oscillant entre thèmes
épiques et emplis d'émotions lorsqu'il le faut (souvent lors des
cinématiques) et bon gros métal ou gros son électro lors des
phases d'actions. Ça colle à l'ambiance, c'est bien là le
principal.
Ça te la coupe hein!
Côté maniabilité, on se
doute que l'action a été mise en avant. Et pourtant, il ne faut pas
forcément s'attendre à un jeu d'action bourrin où l'on découpe à
tout va sans réfléchir, bien au contraire. D'une part, le côté
infiltration qui fait la réputation de la série n'est pas mis de
côté. Il est même souvent demandé de ne pas se faire repérer.
Pas de doute, on est bien dans un jeu qui demande de l'infiltration.
Bien entendu, si on se fait prendre, il faut combattre, et la
sentence est moins pénalisante que dans un autre Metal Gear.
Cependant, la discrétion est parfois la meilleure des solutions. Et
par chance, on trouve les fameux cartons, bien utiles, parmi d'autres
objets astucieux. Il est aussi possible de surprendre un ennemi de
dos ou de haut afin de l'éliminer discrètement, ce qui n'est pas
forcément plus propre, mais cela a au moins le mérite de ne pas se
faire repérer. Etant donné qu'une carte apparaît constamment sur
l'écran, nous indiquant où il faut aller, et la position des
ennemis, cela peut paraître très simple de la jouer infiltration,
mais ce n'est pas forcément le cas, entraînant alors des combats.
Ces combats représentent bien entendu une grosse part du jeu, et sont aussi une partie importante du gameplay. Il y a les attaques classiques, à
utiliser avec les boutons, et que l'on utilise principalement, mais
on peut aussi passer en mode katana. En appuyant sur une des
gâchettes, on change de point de vue, on passe au ralenti, et l'on
contrôle uniquement son sabre, soit avec des boutons, soit en mode
libre avec le stick droit. Dans ce mode, on ne peut plus se déplacer,
on peut uniquement modifier son champ de vision, et l'on consomme
aussi de la batterie (qui se recharge en combat normal). Il faut donc
user avec parcimonie de ce mode, bien plus douloureux, donc bien plus
efficace, et surtout s'en servir aux moments les plus opportuns. Ce
mode, lorsque la batterie est pleine, permet aussi de trancher des
ennemis et de leur arracher la colonne vertébrale afin de reprendre
de la vie, ce qui est réellement très pratique. Certains ennemis
peuvent aussi se finir via des QTEs, qui les achèvent souvent, ou
qui servent uniquement à bien les endommager. Il est possible
d'upgrader ses armes, armures, barres de vie ou d'énergie, et ses
compétences grâce au PC accumulé ou en trouvant des améliorations
dans des coffres cachés. Utile, surtout vers la fin du jeu.
Hum, appétissant non?
Parce qu'il y a une chose
qu'il faut savoir à propos de Metal Gear Rising : Revengeance,
c'est que sous son allure de jeu d'action bête et méchant qui
consiste à trancher à tout va par plaisir sadique, se dissimule en
fait un titre à la difficulté réellement très élevée. Se lancer
dans un combat sans savoir comment s'y prendre, c'est quasiment du suicide. La maniabilité et les phases de combats nécessitent
une maîtrise absolue de toutes les techniques. Il faut clairement
savoir comment attaquer, et surtout, il faut pouvoir éviter les
attaques pour se prendre le moins de dégâts possibles. Il faut donc
avoir un contrôle totale, rapide, et parfaitement réfléchi de la
technique de parade et de contre, sous peine récurrente de mort.
Sincèrement, le jeu est très difficile, au point que les
développeurs ont ajouté un mode assisté au mode facile, et malgré
tout, cela reste encore peu évident. Il faut réaliser que sans la
maîtrise parfaite du système de défense, certains passages à la
fin sont réellement infranchissables. Cela paraît insensé, mais
c'est pourtant vrai. Le jeu est dure, et cette difficulté rebutante
peut vite devenir frustrante, surtout sans entraînement, et
particulièrement chez les joueurs peu patients ou peu à l'aise avec
ces conditions de jeu. Evitons de parler du boss de fin, qui risque
de devenir un véritable calvaire pour beaucoup de joueurs. Si les
boss sont parfois assez costauds, on peut s'en sortir avec une bonne
maîtrise des commandes, avant de les finir avec des QTEs qu'il est
nécessaire de déclencher au bon moment, mais ce boss de fin, il est
quand même bien hardcore dans le genre. Au final, cette difficulté
est une manière artificielle de rallonger une durée de vie assez
courte, sans être une honte pour autant. Il y a aussi les missions
RV, à débloquer, qui sont là pour ça, et qui peuvent servir
d'entraînement. Il y a donc de quoi faire, même si on aurait pu
espérer un jeu plus long, et non rallongé artificiellement par une
difficulté bien trop relevée et des cinématiques à n'en plus
finir.
Metal Gear Rising :
Revengeance est un bon jeu, aux phases d'infiltration réellement
présentes bien que peu mises en avant, et à la fluidité et à la
nervosité efficace en combat. L'action est privilégiée, mais ce
n'est pas un mal, même si les fans pourront avoir du mal à s'y
faire. Cependant, il faut bien réaliser que sa difficulté, bien
trop élevée, demande une maîtrise totale et absolue des commandes
et particulièrement du système de parade et de contre, au risque de
très souvent périr. Très propre, la réalisation n'a de défauts
que de rares doublages, et une volonté cinématographique inhérente
à la série et presque étouffante dans les phases de gameplay. Bien
sûr, on dénote aussi de légers soucis de caméra et d'angles mal
positionnés, mais c'est finalement le mal de tout un genre depuis son
passage à la 3D. S'il n'en a pas le nom, ce Metal Gear est solide,
et malgré ses défauts et sa difficulté abusive et presque
démoralisante, il n'en demeure pas moins un produit de très bonne
facture. Trop court aussi peut-être, on arrive tout de même
aisément à se satisfaire du contenu proposé. En attendant
l'énigmatique épisode Ground Zeroes, qui sortira probablement sur
la prochaine génération de console, on peut se contenter de cet
opus, réservé à un public averti du fait d'un côté hardcore
réellement rebutant.
16/20
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