mardi 19 février 2013

Test Metal Gear Rising : Revengeance

Tout le monde connaît la série Metal Gear, qui a fêté ses vingt-cinq ans l'année dernière. Créé par Hideo Kojima en 1987, le titre est un des premiers du genre à proposer de l'infiltration, à une époque où la plate-forme et l'action (principalement les beat them all) règnent en maître. Seulement, c'est vraiment en 1998 sur Playstation, avec le fameux épisode Metal Gear Solid, que la licence va devenir mondialement connue et connaître enfin le succès qu'elle mérite. Le support CD permet d'introduire des cinématiques, et Kojima s'en donne à cœur joie pour faire de son bébé une œuvre purement cinématographique. Continuant de construire son univers au fil des épisodes, apportant nouveaux héros, nouveaux personnages, et scénarios toujours aussi complexes et développés, Kojima a su de plus en plus créer une communauté de fans. Quatorze ans après Metal Gear Solid (pour le territoire européen) et plus de quatre ans après Metal Gear Solid 4, le dernier épisode en date inédit sur console de salon, un nouvel opus débarque. Metal Gear Rising : Revengeance, c'est son nom. C'est à nouveau au tour de Raiden d'occuper la place de héros. Plus axé action, le jeu peut ressembler à un gros défouloir gore dans lequel on prend un plaisir décérébré à tout trancher. Une vision peut-être un peu simpliste du titre.

La saga Metal Gear, depuis le premier Solid, est réputée pour son aspect cinématographique très prononcé. Bien évidemment, Rising : Revengeance ne déroge pas à la règle. Des cinématiques à en pleuvoir sont au programme, desservant un scénario qui prend part après les événements de Metal Gear Solid 4. Moins complexe, tout en étant assez construite, l'histoire se suit sans problème, et s'apprécie pour ce qu'elle est, même si elle manque tout de même pas mal d'originalité et de subtilité. Cette approche cinématographique, constante, est bien évidemment maîtrisée, mais se fait ressentir sur le gameplay, qui est mis à mal par cette omniprésence de cinématiques. Trop de scènes cinématiques tue le gameplay. Cela donne un effet haché et découpé, puisque l'on avance parfois pour rien après une cinématique, si ce n'est pour en déclencher une autre. Des phases de jeu où l'on avance sur trois mètres pour mieux relancer une scène, c'est parfois trop souvent le cas. Rien de réellement embêtant, mais cela casse souvent le rythme. D'autant plus que lors des phases de jeu, de très réguliers coups de téléphone viennent interrompre les phases d'avancé, obligeant le joueur à rester passif et mou devant un Raiden au téléphone, prisonnier d'un décor dans lequel il ne peut avancer. Le pire revient encore aux séquences cinématiques qui viennent entrecouper des phases de combats, qui sont bien amenées, ce n'est pas le problème, mais qui détruisent un rythme de jeu, et parfois même sa progression, et qui peuvent devenir presque agaçantes à certains moments. Il faut savoir faire un choix entre cinéma et jeu vidéo. Et encore, Metal Gear Rising : Revengeance n'est pas le pire des jeux de ce genre. Heureusement que la réalisation soignée n'est pas uniquement un droit acquis uniquement pour les cinématiques. Le jeu, dans ses phases d'actions, est beau, et malgré quelques animations rigides, il n'y a pas trop à chipoter. C'est potentiellement du côté du doublage que l'on peut éventuellement pointer un défaut. Celui de Raiden ne colle pas réellement. Ressenti qui n'est sûrement pas perçu par tous, mais qui devait être précisé. Heureusement, le reste de la bande son est à la hauteur, oscillant entre thèmes épiques et emplis d'émotions lorsqu'il le faut (souvent lors des cinématiques) et bon gros métal ou gros son électro lors des phases d'actions. Ça colle à l'ambiance, c'est bien là le principal.

 Ça te la coupe hein!

Côté maniabilité, on se doute que l'action a été mise en avant. Et pourtant, il ne faut pas forcément s'attendre à un jeu d'action bourrin où l'on découpe à tout va sans réfléchir, bien au contraire. D'une part, le côté infiltration qui fait la réputation de la série n'est pas mis de côté. Il est même souvent demandé de ne pas se faire repérer. Pas de doute, on est bien dans un jeu qui demande de l'infiltration. Bien entendu, si on se fait prendre, il faut combattre, et la sentence est moins pénalisante que dans un autre Metal Gear. Cependant, la discrétion est parfois la meilleure des solutions. Et par chance, on trouve les fameux cartons, bien utiles, parmi d'autres objets astucieux. Il est aussi possible de surprendre un ennemi de dos ou de haut afin de l'éliminer discrètement, ce qui n'est pas forcément plus propre, mais cela a au moins le mérite de ne pas se faire repérer. Etant donné qu'une carte apparaît constamment sur l'écran, nous indiquant où il faut aller, et la position des ennemis, cela peut paraître très simple de la jouer infiltration, mais ce n'est pas forcément le cas, entraînant alors des combats. Ces combats représentent bien entendu une grosse part du jeu, et sont aussi une partie importante du gameplay. Il y a les attaques classiques, à utiliser avec les boutons, et que l'on utilise principalement, mais on peut aussi passer en mode katana. En appuyant sur une des gâchettes, on change de point de vue, on passe au ralenti, et l'on contrôle uniquement son sabre, soit avec des boutons, soit en mode libre avec le stick droit. Dans ce mode, on ne peut plus se déplacer, on peut uniquement modifier son champ de vision, et l'on consomme aussi de la batterie (qui se recharge en combat normal). Il faut donc user avec parcimonie de ce mode, bien plus douloureux, donc bien plus efficace, et surtout s'en servir aux moments les plus opportuns. Ce mode, lorsque la batterie est pleine, permet aussi de trancher des ennemis et de leur arracher la colonne vertébrale afin de reprendre de la vie, ce qui est réellement très pratique. Certains ennemis peuvent aussi se finir via des QTEs, qui les achèvent souvent, ou qui servent uniquement à bien les endommager. Il est possible d'upgrader ses armes, armures, barres de vie ou d'énergie, et ses compétences grâce au PC accumulé ou en trouvant des améliorations dans des coffres cachés. Utile, surtout vers la fin du jeu.

 Hum, appétissant non?

Parce qu'il y a une chose qu'il faut savoir à propos de Metal Gear Rising : Revengeance, c'est que sous son allure de jeu d'action bête et méchant qui consiste à trancher à tout va par plaisir sadique, se dissimule en fait un titre à la difficulté réellement très élevée. Se lancer dans un combat sans savoir comment s'y prendre, c'est quasiment du suicide. La maniabilité et les phases de combats nécessitent une maîtrise absolue de toutes les techniques. Il faut clairement savoir comment attaquer, et surtout, il faut pouvoir éviter les attaques pour se prendre le moins de dégâts possibles. Il faut donc avoir un contrôle totale, rapide, et parfaitement réfléchi de la technique de parade et de contre, sous peine récurrente de mort. Sincèrement, le jeu est très difficile, au point que les développeurs ont ajouté un mode assisté au mode facile, et malgré tout, cela reste encore peu évident. Il faut réaliser que sans la maîtrise parfaite du système de défense, certains passages à la fin sont réellement infranchissables. Cela paraît insensé, mais c'est pourtant vrai. Le jeu est dure, et cette difficulté rebutante peut vite devenir frustrante, surtout sans entraînement, et particulièrement chez les joueurs peu patients ou peu à l'aise avec ces conditions de jeu. Evitons de parler du boss de fin, qui risque de devenir un véritable calvaire pour beaucoup de joueurs. Si les boss sont parfois assez costauds, on peut s'en sortir avec une bonne maîtrise des commandes, avant de les finir avec des QTEs qu'il est nécessaire de déclencher au bon moment, mais ce boss de fin, il est quand même bien hardcore dans le genre. Au final, cette difficulté est une manière artificielle de rallonger une durée de vie assez courte, sans être une honte pour autant. Il y a aussi les missions RV, à débloquer, qui sont là pour ça, et qui peuvent servir d'entraînement. Il y a donc de quoi faire, même si on aurait pu espérer un jeu plus long, et non rallongé artificiellement par une difficulté bien trop relevée et des cinématiques à n'en plus finir.

Metal Gear Rising : Revengeance est un bon jeu, aux phases d'infiltration réellement présentes bien que peu mises en avant, et à la fluidité et à la nervosité efficace en combat. L'action est privilégiée, mais ce n'est pas un mal, même si les fans pourront avoir du mal à s'y faire. Cependant, il faut bien réaliser que sa difficulté, bien trop élevée, demande une maîtrise totale et absolue des commandes et particulièrement du système de parade et de contre, au risque de très souvent périr. Très propre, la réalisation n'a de défauts que de rares doublages, et une volonté cinématographique inhérente à la série et presque étouffante dans les phases de gameplay. Bien sûr, on dénote aussi de légers soucis de caméra et d'angles mal positionnés, mais c'est finalement le mal de tout un genre depuis son passage à la 3D. S'il n'en a pas le nom, ce Metal Gear est solide, et malgré ses défauts et sa difficulté abusive et presque démoralisante, il n'en demeure pas moins un produit de très bonne facture. Trop court aussi peut-être, on arrive tout de même aisément à se satisfaire du contenu proposé. En attendant l'énigmatique épisode Ground Zeroes, qui sortira probablement sur la prochaine génération de console, on peut se contenter de cet opus, réservé à un public averti du fait d'un côté hardcore réellement rebutant.

16/20

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