Personne ne connaît exactement les possibilités techniques
de la Wii U pour le moment, malgré des informations dévoilées non officielles à
prendre avec des pincettes. Et de toute manière, la console est en début de
vie, on sait très bien qu’avec le temps, les graphismes s’amélioreront et les
développeurs arriveront à mieux exploiter la bête. Tout ça pour dire qu’il ne
faut pas blâmer certains des premiers jeux qui d’un point de vue technique ne
reflètent en rien les capacités de la Wii U. Et Zombi U en fait partie. Le titre
aurait été beau, s’il était sorti aux alentours de début 2008. Malheureusement,
2013 approchant, ça fait vraiment dépassé. Les graphismes sont vieillots, et
les textures pas très attrayantes. C’est dommage. On est loin de la claque que
certains pensaient prendre. Heureusement, l’ambiance est là, bien présente,
bien pesante, mais pas bien-pensante. Même si l’ensemble n’est pas forcément
très original, se démarquant peu des autres productions, l’angoisse et le
stress sont au rendez-vous. Et puis, Londres est assez reconnaissable, pour
certains endroits notamment, tel que Buckingham Palace, avec ces tableaux et
son ambiance sonore particulière. D’ailleurs, l’ambiance sonore du jeu est
assez appréciable. Assez glaçante et peu rassurante, n’importe quel cri ou râle
fait monter le niveau de stress. Et selon les situations, les cris du
personnage que l’on incarne sont presque plus terrifiants que ceux des zombies.
Plus on frappe, plus les cris de rage s’intensifie, s’apparentant quasiment à
ceux d’une bête. C’est finalement assez réaliste, et ça renforce quand même pas
mal l’immersion. C’est un bon point, pour un jeu qui se veut de survie.
Coucou! Tu veux voir ma batte?
La survie justement, c’est le cœur du jeu. Si vous cherchez
un titre on l’on mitraille des zombies à tour de bras, passez votre chemin et
retournez jouer à Resident Evil 6. Ici, l’essentiel n’est pas de tuer à tout
bout de champs, mais bien de réussir à vivre le plus longtemps possible.
Evidemment, il faudra se défendre, ou bien attaquer, mais la sensation de
réalisme prime sur le spectaculaire. Le jeu est d’ailleurs assez lent, parfois
presque trop. A l’inverse des films blockbusters auxquels peuvent s’apparenter
certaines grosses productions vidéoludiques, Zombi U serait un film du
néo-réalisme, qui prend son temps, eu risque d’en faire perdre aux plus
impatients. Mais c’est finalement cette ambiance lente et pesante qui donne son
charme à Zombi U, au risque de déstabiliser les joueurs de plus en plus
habitués à l’action et non à la sensation. Ici, les munitions se font rares, et
les armes aussi. Seule la batte de cricket est notre meilleure amie lorsqu’il
s’agit de défoncer le crâne à des zombies plutôt résistants. Et elle s’avèrera
bien utile. Bien sûr, exploser des zombies à coups de pistolet, fusil, ou autre
arme de ce type est possible, mais encore une fois, sans les munitions qui vont
avec, l’arsenal devient bien vite inutile. La survie, la vraie, c’est quasiment
sans arme, mas pas sans peur. Ce qui inclut que l’on répète plus ou moins
constamment les mêmes gestes avec la batte. Cela renforce l’immersion et donne
un côté viscéral au jeu, même si cela peut vite s’avérer répétitif, bien que
réaliste. Surtout qu’il faut bien entre trois et huit coups pour se débarrasser
des infectés. Ça peut paraître beaucoup, mais face à des zombies, en vrai, peu
ferait les fiers.
Surtout qu’une seule morsure, et c’est la mort assurée. On peut
avoir sa barre de vie complète, si on se fait mordre, c’est foutu. C’est en
soit assez frustrant. Encore plus lorsque l’on sait que la mort est définitive.
Pas de Game Over direct, mais un survivant qui devient infecté. On se réveille
alors dans l’abri, la base de départ, incarnant un autre survivant. Et il faut
tuer le zombie de son prédécesseur pour récupérer ses affaires dans son sac. Si
le principe est génial, en pratique il s’avère assez pénible. Cette volonté d'originalité devient quasiment un aspect punitif assez lassant à force. Comme on
reprend à la base, il faut se retaper tout le chemin avant de continuer. Et malgré
la présence de raccourcis, cela reste peu agréable, et tue un peu le jeu. Et bien
sûr, si l’on meut avant d’avoir récupérer le sac de son prédécesseur, les
affaires seront redistribuées aléatoirement sur des zombies, au lieu de rester
bien au chaud dans leur sac. Punitif, c’est bien le mot.
Deux écrans, pour deux fois plus de plaisir?
Heureusement, la maniabilité tire bien profit du Gamepad. Et
heureusement. Parce que s’il y a des secrets à découvrir dans Zombi U, bien
cachés, et à chercher, le reste est particulièrement fade. Un point, une
direction, on y va et l’on fait ce que l’on a à faire avant d’aller vers un
autre point, etc… Très dirigiste, avec un peu trop de chemin couloir, c’est
dommage. Sans oublier des temps de chargement trop présents, un peu longs, et
parfois pour peu, comme pour uniquement ouvrir une porte qui mène vers une zone un
peu « vaste ». Heureusement que l’aspect FPS fonctionne bien, et que
la survie est réellement au cœur du jeu. On vise et tire/frappe assez
facilement, et la vue subjective renforce la sensation de peur et de stress,
immersion oblige. Le Gamepad affiche le point où aller pour la mission, et la
carte, pour peu qu’on l’ait obtenue en piratant le système. Un radar est aussi
présent, que l’on peut déclencher lorsque l’on en a envie, et qui indique la
position des infectés, mais aussi des rats ou corbeaux, inoffensifs. Toutes formes
de vies en soit, et c’est intéressant, puisque parfois stressant, même si c’est
surtout bien utile. On peut aussi se servir du Gamepad pour analyser les lieux,
et ainsi repérer des éléments à ramasser, ou des documents. Mais c’est surtout
utile pour savoir où fouiller, afin de ne pas perdre de temps à chercher des objets partout en vain. D’ailleurs, lorsque l’on fouille un tiroir, un corps, ou que l’on
vérifie juste son inventaire, tout se passe sur le GamePad. Sauf que le jeu ne
se met pas en pause, il faut donc constamment gérer les deux écrans, puisqu’un
zombie peut très bien nous attaquer alors que l’on cherche des objets. Quant au
Gamepad, on peut aussi s’en servir pour faire apparaître des images ou indices
que l’on ne peut pas percevoir autrement. A noter aussi que si l’on joue sa
partie solo connecté au net, on peut laisser des messages sur les murs, ou bien
lire ceux d’autres joueurs. Pas réellement utile, mais sympathique.
Zombi U a pour but de faire revenir vers Nintendo des
joueurs plus hardcore qui auraient été déçus par la Wii. Si son ambiance
oppressante et son intérêt qui privilégie la survie immersive à l’action
non-stop ont de quoi séduire, le reste est moins convaincant. Malgré une
utilisation intelligente du Gamepad, son aspect trop dirigiste, ses temps de
chargements trop présents, et son utilisation bancale des multiples héros
risquent de déranger et de ne pas forcément plaire. Le titre peut toutefois
attirer des joueurs qui voudraient vivre une expérience nouvelle, et qui n’ont
pas peur de la difficulté. Pas un gros ratage, pas du tout même, juste un jeu
qui aurait pu être plus peaufiné, mais qui malgré tout n’en est pas déplaisant.
On aurait juste aimé que l’invasion soit plus réussie, c’est tout.
13/20
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