mardi 10 juillet 2012

Oldies : Kirby’s Dream Land

Il y a des jeux qui vous marquent, sans savoir véritablement pourquoi. La nostalgie, la jeunesse, la manière dont on l’a découvert, ou bien son ambiance, son gameplay, son univers. Et parfois, c’est tout à la fois. Rare sont les jeux qui m’ont procuré un tel effet, de mélange de ce tout qui se complète absolument. Et pourtant, il y en a bien qui existe. Kirby’s Dream Land en fait partie. Beaucoup doivent être surpris. Pourquoi ce jeu et pas un autre ? Eh bien moi-même je ne pourrais presque pas l’expliquer. Cependant, je vais tout de même parler de ce jeu, qui vingt ans après, reste dans les mémoires, et pas uniquement parce qu’il a lancé un nouveau héros et une nouvelle licence.

 Un écran titre mythique

Kirby, c’est une petite boule rose/blanche/jaune (rayer la mention inutile), habitant du Pays des Rêves, le fameux Dream Land. Alors que lui-même et ses semblables (que l’on ne voit que dans cet épisode, et de dos) vivent heureux et en paix, l’ignoble Roi Dadidou vole toute la nourriture de ces gentils habitants. Courageux, et probablement affamé, c’est avec détermination que Kirby décide de partir botter l’arrière-train du roi pingouin (ou un truc qui y ressemble). L’aventure commence, et elle va vous marquer à vie.

 La cinématique d'intro du premier niveau

Si Kirby’s Dream Land reste ancré dans les mémoires des joueurs, c’est qu’il a marqué son temps. Et cela d’une manière assez prodigieuse et astucieuse. En effet, Mario saute en scrolling, Link donne des coups d’épée vu du dessus, Donkey Kong mange des bananes, et Kirby avale. Ses ennemis. Et c’est ça qui fait toute l’originalité du jeu : son concept simple mais accrocheur, qui mise sur une idée nouvelle. En effet, inutile de sauter sur ses ennemis, cela équivaudrait à se faire toucher. Pas la peine de donner des coups d’épées, vous n’en avez pas (pas encore). Et les bananes… Non, franchement, les bananes, quel rapport avec Kirby ? Pour en revenir aux ennemis, il faut bien s’en débarrasser, et c’est là que le jeu devient intéressant et révèle tout son potentiel. Kirby, tel un aspirateur Dyson sans sac qui peut aspirer à l’infini sans jamais s’essouffler, avale ses ennemis grâce à sa puissance pulmonaire et peut les recracher sur d’autres ennemis. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups. Et c’est assez pratique dans le jeu. On peut aussi avaler ses ennemis, les digérer et sûrement les désintégrer dans l’acide gastrique de notre estomac, mais bon, cela ne sert à rien à part à s’en débarrasser. Comme quoi, avaler, c'est pas forcément mieux que recracher.

 Vas-y, avale mon grand

Pour ceux qui ne connaîtraient que Kirby depuis peu, vous vous posez très certainement la question suivante : mais il peut pas absorber les pouvoirs de ses adversaires ? Question très pertinente, qui montre aussi que la jeunesse d’aujourd’hui ne connaît plus ses classiques (forcément, Call Of, c’est mieux… Bon, j’arrête de faire mon vieux con rageux). La réponse est donc non, notre chère boule rose ne possède pas un tel talent lors de sa première aventure. C’est uniquement à partir de Kirby’s Adventure, sorti en 1993 sur NES (soit l’année d’après) que notre héros tout mignon tout rond obtiendra cette capacité. Cela n’empêche pas le soft Game Boy premier du nom de proposer une aventure inédite et colorée (en noir et blanc) qui offre un plaisir immédiat et instantané. Tellement immédiat et instantané qu’en une vingtaine de minute le jeu est terminé. C’est court. Oui, mais non.

Le Roi Dadidou, boss de fin de jeu

Avant de reparler de la durée de vie du titre, qui ne propose pas de sauvegarde (préparez les piles neuves), je vais parler du jeu en soi. Et viendra alors le temps de revenir à la durée de vie. Kirby des étoiles (c’est son nom nippon), qui avale, recrache, et vole (oui, il vole, indéfiniment, jusqu’à ce qu’il recrache de l’air), part pour l’aventure à travers Dream Land, qui se découpe en cinq niveaux, eux-mêmes découpés en plusieurs parties, afin de retrouver sa boustifaille. Le charme du jeu tient avant tout de son univers, mignon, frais, rond, mais pas nécessairement niais. Chaque niveau, tous différents, sont introduits par une petite cinématique rigolote qui montre rapidement l’univers dans lequel notre héros va évoluer. La forêt, un château, une île, ou encore le ciel, les différentes parties de Dream Land à explorer sont variées et font plaisir aux yeux. En effet, le jeu a beau avoir été développé sur Game Boy, c’est un petit ravissement pour les mirettes. Les animations des personnages sont toutes réussies et formidablement amusantes, et les décors sont tout aussi jolis. Quant aux musiques, elles sont parfaitement admirables. Qui aujourd’hui ne connaît pas le thème de Green Greens par exemple ? Et puis ce thème d’intro de l’écran titre, ultime ! D’ailleurs Nintendo l’a utilisé dans la vidéo de présentation de la compilation 20 ans de Kirby qui sortira sur Wii fin juillet (mais toujours pas prévu en Europe…). Alors voilà, c’est pour ça que Kirby’s Dream Land demeure aujourd’hui encore un grand jeu.

 Bubbly Clouds, la cité dans les nuages

Et bien sûr, ce premier opus frappe aussi par la présence de ses personnages déjà emblématiques. Principalement des ennemis (que des ennemis en fait, puisque Kirby est le seul gentil du jeu), ses protagonistes (enfin, plutôt antagonistes) vont quasiment tous faire partie de la mythologie de la saga Kirby. L’arbre souffleur Whispy Woods, le nuage cyclope Kracko, les Waddle Dee, ou encore le fameux roi Dadidou (Dedede pour les fans puristes qui n’ont joué qu’au premier), tous sont présents afin d’assurer la vie dans la cartouche grise. Seul Meta Knight n’est pas encore là, il apparaîtra dans Kirby’s Adventure, comme le fait de pouvoir absorber les pouvoirs de ses ennemis. Attention, n’allez pas voir dans le fait de ne pas absorber les pouvoirs ennemis une sorte de jeu mal exploité qui sert de brouillon aux productions qui suivent. Ce serait affligeant de penser ça. Et faux. Mario n’a pas eu de triple saut dès Super Mario Bros. Bon, et pourtant, on ne va pas critiquer le jeu. C’est pour ça que si l’on ne peut pas par exemple absorber les pouvoirs des Sir Kibble afin de posséder le pouvoir Boomerang (ou tranchant), ce n’est pas grave, puisque le jeu se fait avec un réel plaisir.

 Whispy Woods, le gardien de la forêt

Mais malheureusement, plaisir rime ici avec durée de vie bien trop courte (ah ben non en fait, ça ne rime pas…). En effet, le jeu est très simple et donc très facile à terminer. La plupart des ennemis se promènent tranquillou, à la fraîche, décontracté du… flan, et ne sont donc pas de véritables menaces pour le peu qu’on arrive à les éviter. Seuls les mini boss et boss peuvent potentiellement poser problème, et encore. En gros, le jeu se finit rapidement, c’est vrai, mais une fois terminé, une manipulation est donnée afin de pouvoir jouer en mode Extra Game. Et la difficulté est alors présente. Rien d’insurmontable évidemment, mais la sensation de défi est là. Et une fois ce mode Extra terrassé, une autre manipulation apparaît, ouvrant alors le secret du mode options, permettant de choisir son nombre de vies et de points de santé avant la partie, et donnant accès au Sound Test, pour écouter à volonté les musiques et bruitages du jeu.

 La récompense ultime du jeu?

Mais voilà, si Kirby’s Dream Land peut se terminer en à peine vingt minutes, sans compter le mode Extra Game, c’est sa rejouabilité qui fait tout le titre. Sous ses airs enfantin et torché en dix minutes les doigts dans le slip, se cache un véritable labyrinthe qui n’est pas présenté comme tel, et qui regorge de secret. Une tomate cachée dans un bloc impossible à avaler et qu’il faut débloquer en crachant du feu dessus, un passage secret dans un nuage que l’on traverse en appuyant sur haut alors que rien ne nous l’indique, voilà le genre de secrets que l’on prend plaisir à découvrir en rejouant au jeu, parce qu’il est impossible de tout découvrir en une partie.

 Juste là, il y a un passage secret. Il faut le savoir.

Les plus attentifs auront fait attention, j’ai écrit juste au-dessus que Kirby pouvait cracher du feu. Oui, c’est le cas en effet. La petite boule rose dispose d’autres capacités, disponibles uniquement en avalant un certain type d'aliment. Les sucettes procurent un temps d’invincibilité, les sorbets permettent de cracher des boules de feu, quant au citron, il donne a Kirby le pouvoir de voler et cracher de l’air sans jamais se dégonfler. Les fameux sodas et tomates sont là pour redonner des points de vie, pas de capacités spéciales. Si ces fameux pouvoirs que la nourriture nous donne ne sont pas au centre du jeu, ils parviennent à insuffler de la fraîcheur au gameplay qui ne souffre donc d’aucune redondance. Ils sont forts chez Hal Laboratory et Nintendo.

 Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour

Un autre point marquant de Kirby’s Dream Land, c’est sa diversité, particulièrement dû à ses univers et surtout à ses boss. La technique pour les battre est simple, et elle reste la même. Il faut aspirer ce que les boss « font tomber » afin de leur recracher à la gueule (ça leur apprendra à polluer). Des pommes, des caisses, des étoiles ou des Waddle Doo, voilà donc ce qui sert à éliminer les boss. La seule exception vient du dirigeable, qui propose un gameplay différent, tel une bataille spatiale dans les cieux, au cours de laquelle Kirby vole constamment et crache sur le boss. Savoir changer de gameplay lors d’un affrontement contre un boss alors que les autres proposent la même technique (mais heureusement ils sont tous très différents et aucun ressenti de déjà-vu ne pointe le bout de son nez) il fallait oser, et surtout il fallait réussir. Et là, c’est clairement le cas.

 Le boss le plus atypique du jeu, même dans sa façon de le battre

Le jeu est court, mais il est bon. Il est varié, drôle (Kirby et sa fameuse danse de la victoire), agrémenté de multiples cinématiques rigolotes, doté d’un gameplay plus que bien pensé, beau graphiquement, et tout simplement légendaire. Passer à côté de ce jeu serait un crime contre le jeu vidéo. Disponible sur Game Boy, il est de même présent sur l’eShop de la 3DS, ce qui laisse finalement peu d’excuses pour ne pas y jouer. Il est aussi présent sur la compilation Kirby’s Dream Collection qui sortira fin juillet au Japon et aux Etats-Unis, et potentiellement, avec de la chance, en France à la fin de l’année (j’espère vraiment que cette compil regroupant six jeux Kirby sortira chez nous). Vous n’avez donc aucune excuse pour passer à côté de ce bijou. Drôle, frais, accrocheur et emblématique, Kirby’s Dream land est un des plus grands jeux de la Game Boy. Alors, à vos consoles, vous savez ce qui vous reste à faire. Sur ce je vous laisse, j’ai envie d’avaler un truc. Pas un citron, je risque de le recracher… Une tomate, c’est bien ça. Avec une bouteille de Coca. Vive Kirby !

T'inquiète pas, on se reverra

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