-J’en sais rien, ça n’a pas vraiment l’air d’être une toile
de maître. Et puis, les araignées, c’est pas vraiment mon truc.
-C’est dommage que tu puisses pas venir. Déjà que Sam et
Rémi ne sont pas de la partie, je me demande bien ce que va donner cette séance…
The Amazing Spider-Man vient de sortir, cinq ans après l’ultime
volet de Sam Raimi qui venait clore une première trilogie fort réussie, et dix
ans après le premier volet. Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, il s’agit
d’un reboot, c’est-à-dire un retour aux sources, un nouveau départ, le début d’une
nouvelle trilogie avec de nouveaux personnages. Si la comparaison avec les films
de Raimi se devrait d’être évitée, on ne peut toutefois pas l’ignorer. Après
tout, on compare encore vingt ans après les Batman de Burton avec ceux de
Nolan. Alors voilà, je me lance et dévoile mon avis sur le film.
Avant de commencer, je tiens à préciser que j’ai été
agréablement surpris par le film, même si évidemment je n’irai jamais jusqu’à
dire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre. Il s’agit toutefois pour moi du meilleur
film de super-héros depuis 2008 (hors les films de faux super-héros tels que
Kick-Ass ou Super, et le véritablement réussi Captain America). Parce que ceux
qui aiment les adaptations Marvel destinées aux Avengers, franchement… Faut
être sérieux, je parle de film de super-héros là, pas de films sans âmes
uniquement destinés à faire du fric et réalisés sans autre but. Alors bon,
meilleur film de super-héros depuis 2008, certes, mais cela n’empêche pas la
trop grande présence de défauts assez nombreux. Commençons par le commencement,
et faisons un bref résumé du film pour ceux qui n’en connaissent pas l’histoire
(garanti sans spoil). Peter Parker a été élevé chez son oncle et sa tante après
le décès de ses parents dans sa jeunesse. Suite à une morsure d’araignée, il va
acquérir certains pouvoirs et ses capacités telles que sa force seront décuplées.
Alors qu’il effectue des recherches sur la véritable cause de la mort de ses
parents, Peter est confronté à la mort de son oncle. Et comme ce n’est déjà pas
assez, un scientifique va se transformer en un lézard géant et surpuissant avec
des idées pas très sympathiques. Il est temps pour Peter Parker de devenir
Spider-Man. Voilà, il s’agit donc d’un bon gros reboot, avec changement de
méchant et de personnages secondaires. N’espérez pas retrouver Mary-Jane Watson
ou Harry Osborn, ils ne figurent tout simplement pas au casting, tout comme le Bouffon
Vert.
Alors finalement, ça parle de quoi ce film ? Puisque l’on
pourrait croire qu’il n’y a personne dedans. Eh bien ça parle de Peter Parker
et de Spider-Man, et d’autres personnages tels que Gwen Stacy ou encore le
Lézard. Voilà. Je pourrais dire que c’est à peu près tout, puisque
malheureusement le scénario n’est pas réellement à la hauteur. Là où le premier
film de Sam Raimi (et les suites aussi) apportaient une véritable dimension
psychologique aux personnages, ici, le tout est vite oublié. Et c’est pour ça
que si le film reste en partie réussi, il n’en demeure pas moins bien en dessous
de ce que l’on aurait aimé qu’il soit. Tout d’abord, le personnage de Peter
Parker est je trouve très mal pensé. Oubliez l’adolescent minable et attachant
des versions de Raimi, qui était invisible aux yeux des filles, qui n’existait
que pour son pote Harry et qui rapidement, après le lycée, devait se contenter
de boulots de merde tout en espérant vendre ses clichés au meilleur prix. Ici,
on a le droit à la version de Peter Parker qui est un mec un peu seul, mais
cool, qui fait de skate, qui est le photographe quasi attitré du lycée, qui se
met Gwen dans la poche et dans la bouche comme ça, et qui se permet d’apparaître
de manière assez antipathique au spectateur, laissant la naïveté et la
sympathie de la version Tobey McGuire au profit d’une sorte de cynisme et de
je-m’en-foutisme déplaisant. Oui, Peter Parker n’est plus ce qu’il était, ce
nouveau film le montre bien. De photographe sans réel emploi, il est devenu un
simple lycéen trop méga fort en science. Ça aurait pu être cool, si le tout
avait était bien amené. Malheureusement, ce qui faisait la force du premier
opus de Sam Raimi n’est plus ici. Le côté teen movie avec son apprentissage de
soi et sa prise de confiance (par le biais de supers pouvoirs) est délaissé, et
ce que l’on nous montre, c’est un ado arrogant qui devient puissant et plus ou
moins aimé grâce à ses nouvelles capacités. D’ailleurs, il faut signaler que le
moment tant attendu de la découverte des pouvoirs est tout simplement
désastreux. Personnellement, j’ai détesté. Aucun charme, aucune poésie, juste
de l’action dénuée de tout intérêt, agrémentée d’un humour pouet pouet ridicule
et pas drôle pour un sou… Vraiment, Sam Raimi me manque.
Et lorsque l’on suit le scénario, on a de quoi se sentir
frustré. On part sur Peter Parker qui recherche la vérité sur la mort de ses
parents, et finalement, à moins de la moitié du film, hop, on oublie tout et on
n’en reparle plus, on s’en fout. Comme si Parker n’en avait plus rien à faire,
ils sont morts, ils sont morts, et puis voilà. Et je préfère ne pas parler de
la mort de l’oncle Ben (il ne colle jamais !) et sa tentative de vengeance
qui si elle commence bien, fait ensuite vraiment regretter le premier film de
Sam Raimi. Et je ne parle pas de toutes les incohérences ou les facilités de
scénario à la limite de nous prendre pour des cons.
Mais finalement, ce film est mauvais alors ? Non, je l’ai
dit, il est en partie réussi, mais il faut attendre l’arrivée de l’homme
araignée pour que le film devienne enfin intéressant. Ce qui finalement est
assez étrange pour un réalisateur, dont c’est le deuxième film, et qui n’a
précédemment réalisé qu’une comédie romantique. On se serait attendu à l’inverse,
et pourtant. Si le film n’est pas transcendant, dans sa deuxième partie,
véritablement concentrée sur Spider-Man et plus ciblée action, il réussit à
nous faire enfin entrer dans le film. Le tout s’impose alors comme une bonne
production de genre (malgré certains choix scénaristiques) et nous offre un
final totalement grandiose qui nous fait regretter que l’ensemble du film ne
soit pas à ce niveau. En revanche, les scènes de voltige à la première personne,
rappelant fortement le jeu Mirror’s Edge, hormis la première qui tient la route
du fait d’une exploitation rationnelle, les quelques autres sont assez
inutiles. On regrette aussi le plan de fin, qui est vraiment too much. Alors qu’une
minute avant, il y avait le plan de fin parfait pour finir le film (mais qui n’aurait
sûrement pas plu aux producteurs, puisqu’il s’agissait d’un plan sans l’homme
araignée), on nous fourgue un ralenti dégueulasse voulant faussement profiter
de l’effet 3D. Bon… Le film tient donc la route, dans son ensemble, même s’il
faut passer une première moitié de film peu intéressante et mal développée, un
comble alors que l’on cherche à nous introduire un personnage.
Une autre chose dans le film, c’est sa volonté de se
démarquer de ses trois prédécesseurs. On se doute que la production sera très
différente de ce qu’ont été les films de Sam Raimi, et c’est d’une manière
assez étrange, et pourtant logique, que le film s’y prend. En effet, en voulant
faire ce reboot, ce que l’on constate, c’est que le film s’inspire d’autres œuvres,
et principalement de Kick-Ass ou de The Dark Knight. Tout d’abord, le héros
sans réel pouvoir qui apprend à en devenir un. Bien sûr, Spider-Man possède des
pouvoirs, mais sa toile par exemple, il la tire grâce à ses lance-toiles qu’il
a lui-même confectionnés. Et comme le film se veut actuel, on vit dans la
génération I-pod et Youtube, ou les
exploits du héros sont filmés, et c’est ainsi qu’il devient véritablement
célèbre. Mais évidemment, un peu comme dans Super de James Gunn, les actions
de l’homme araignée sont controversées, et même s’il ne combat que les
criminels, on le prend lui aussi pour un truand. Et c’est en ça que le film
rejoint peu à peu The Dark Knight, vu que Spider-Man est considéré comme un
criminel cagoulé et que tous les flics de la ville ont pour ordre de l’arrêter.
Et en plus de cela, simple lycéen qu’il est, il ne peut jouer au justicier que la nuit (un peu comme Dave Lizewski finalement), ce qui inclut un côté nocturne
que Batman ne renierait pas (principalement dans Batman Begins). On se retrouve
alors avec une œuvre hybride qui pioche dans ce qui a été fait récemment, en s’en
emparant, mais sans véritablement s’en démarquer. Assez déroutant. Et pour ceux
qui voudraient louer des louanges au film, on pourrait presque faire une
analogie avec La Mouche de Cronenberg. Au final, le Lézard, c’est un peu ça, c’est
une expérience purement scientifique sur la transgénèse qui a foirée, ou plutôt
mal évoluée. Mais bon, on va éviter de comparer les deux films quand même, parce
que l’un est évidemment bien au-dessus de l’autre.
Bon, je ne peux pas finir sans réellement comparer avec les
versions de Sam Raimi, ou au moins préciser de grandes différences. Tout d’abord,
les toiles mécaniques, fidèles à la version originale de Spider-Man, qui
succèdent aux toiles organiques des versions de Raimi. Je dois avouer que
personnellement j’étais plus séduit par l’aspect toile organique, qui fait plus
super-héros, mais ici, on se base véritablement sur le comics d’origine. Malheureusement,
toutes les possibilités que cet aspect présente ne sont pas exploitées, ou
alors assez mal. Le fait que les toiles soient mécaniques entraîne le fait que
Peter Parker se doit de les recharger, et donc qu’il puisse être à court. Le
concept est génial, imaginez, en pleine phase de voltige ou de combat « Oups,
j’ai plus de toile ». Ouais, génial dans l’idée et dans la bande dessinée,
mais pas dans le film… Autre différence de taille, le méchant, qui fait pâle
figure par rapport au Bouffon Vert, à Docteur Octopus et à l’Homme-sable. Ajoutons
à cela une musique franchement pas terrible, et qui ne se démarque qu’à deux
reprises, vers la fin du film, et effectivement, on se rend compte que les
versions de Sam Raimi étaient tout bonnement des œuvres magistrales empruntes d’un
souffle épique monumentale et de psychologie humaine réussie. En revanche, ce
qu’il n’y a pas dans la première trilogie, c’est Emma Stone, et rien que ça, c’est
un bon argument pour aller voir la version de Marc Webb.
Au final, et malgré tout ce que je viens de dire sur le
film, le résultat est satisfaisant, sans plus pour autant. On ne peut détrôner
le maître Sam Raimi sur son territoire, et en même temps, vu les piètres
adaptations Marvel auxquelles on a eu droit récemment, on ne peut que trouver
celle-ci correcte. A défaut d’être un immense film de super-héros ou un bon
gros blockbuster qui assure, The Amazing Spider-Man n’en demeure pas moins un
bon film sympathique de l’été, c’est déjà ça.
Ouai alors en fait c'est une trilogie qui va voir le jour? tu l'as dit au début. le but concernant les parents de Parker, c'est à voir dans la suite. Puisque l'ADN de Peter pourrait être la seul compatibilté avec la morsure d'araignée et ses pouvoirs sur Peter. Mais sinon. bon article
RépondreSupprimer