mercredi 4 juillet 2012

The Amazing Spider-Man

-Hé Peter, on se fait une toile ? En plus le nom du réa c’est Webb, c’est quasiment un nom destiné pour ce film. T’en dis quoi ?
-J’en sais rien, ça n’a pas vraiment l’air d’être une toile de maître. Et puis, les araignées, c’est pas vraiment mon truc.
-C’est dommage que tu puisses pas venir. Déjà que Sam et Rémi ne sont pas de la partie, je me demande bien ce que va donner cette séance…

The Amazing Spider-Man vient de sortir, cinq ans après l’ultime volet de Sam Raimi qui venait clore une première trilogie fort réussie, et dix ans après le premier volet. Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, il s’agit d’un reboot, c’est-à-dire un retour aux sources, un nouveau départ, le début d’une nouvelle trilogie avec de nouveaux personnages. Si la comparaison avec les films de Raimi se devrait d’être évitée, on ne peut toutefois pas l’ignorer. Après tout, on compare encore vingt ans après les Batman de Burton avec ceux de Nolan. Alors voilà, je me lance et dévoile mon avis sur le film.

Avant de commencer, je tiens à préciser que j’ai été agréablement surpris par le film, même si évidemment je n’irai jamais jusqu’à dire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre. Il s’agit toutefois pour moi du meilleur film de super-héros depuis 2008 (hors les films de faux super-héros tels que Kick-Ass ou Super, et le véritablement réussi Captain America). Parce que ceux qui aiment les adaptations Marvel destinées aux Avengers, franchement… Faut être sérieux, je parle de film de super-héros là, pas de films sans âmes uniquement destinés à faire du fric et réalisés sans autre but. Alors bon, meilleur film de super-héros depuis 2008, certes, mais cela n’empêche pas la trop grande présence de défauts assez nombreux. Commençons par le commencement, et faisons un bref résumé du film pour ceux qui n’en connaissent pas l’histoire (garanti sans spoil). Peter Parker a été élevé chez son oncle et sa tante après le décès de ses parents dans sa jeunesse. Suite à une morsure d’araignée, il va acquérir certains pouvoirs et ses capacités telles que sa force seront décuplées. Alors qu’il effectue des recherches sur la véritable cause de la mort de ses parents, Peter est confronté à la mort de son oncle. Et comme ce n’est déjà pas assez, un scientifique va se transformer en un lézard géant et surpuissant avec des idées pas très sympathiques. Il est temps pour Peter Parker de devenir Spider-Man. Voilà, il s’agit donc d’un bon gros reboot, avec changement de méchant et de personnages secondaires. N’espérez pas retrouver Mary-Jane Watson ou Harry Osborn, ils ne figurent tout simplement pas au casting, tout comme le Bouffon Vert.

Alors finalement, ça parle de quoi ce film ? Puisque l’on pourrait croire qu’il n’y a personne dedans. Eh bien ça parle de Peter Parker et de Spider-Man, et d’autres personnages tels que Gwen Stacy ou encore le Lézard. Voilà. Je pourrais dire que c’est à peu près tout, puisque malheureusement le scénario n’est pas réellement à la hauteur. Là où le premier film de Sam Raimi (et les suites aussi) apportaient une véritable dimension psychologique aux personnages, ici, le tout est vite oublié. Et c’est pour ça que si le film reste en partie réussi, il n’en demeure pas moins bien en dessous de ce que l’on aurait aimé qu’il soit. Tout d’abord, le personnage de Peter Parker est je trouve très mal pensé. Oubliez l’adolescent minable et attachant des versions de Raimi, qui était invisible aux yeux des filles, qui n’existait que pour son pote Harry et qui rapidement, après le lycée, devait se contenter de boulots de merde tout en espérant vendre ses clichés au meilleur prix. Ici, on a le droit à la version de Peter Parker qui est un mec un peu seul, mais cool, qui fait de skate, qui est le photographe quasi attitré du lycée, qui se met Gwen dans la poche et dans la bouche comme ça, et qui se permet d’apparaître de manière assez antipathique au spectateur, laissant la naïveté et la sympathie de la version Tobey McGuire au profit d’une sorte de cynisme et de je-m’en-foutisme déplaisant. Oui, Peter Parker n’est plus ce qu’il était, ce nouveau film le montre bien. De photographe sans réel emploi, il est devenu un simple lycéen trop méga fort en science. Ça aurait pu être cool, si le tout avait était bien amené. Malheureusement, ce qui faisait la force du premier opus de Sam Raimi n’est plus ici. Le côté teen movie avec son apprentissage de soi et sa prise de confiance (par le biais de supers pouvoirs) est délaissé, et ce que l’on nous montre, c’est un ado arrogant qui devient puissant et plus ou moins aimé grâce à ses nouvelles capacités. D’ailleurs, il faut signaler que le moment tant attendu de la découverte des pouvoirs est tout simplement désastreux. Personnellement, j’ai détesté. Aucun charme, aucune poésie, juste de l’action dénuée de tout intérêt, agrémentée d’un humour pouet pouet ridicule et pas drôle pour un sou… Vraiment, Sam Raimi me manque.

Et lorsque l’on suit le scénario, on a de quoi se sentir frustré. On part sur Peter Parker qui recherche la vérité sur la mort de ses parents, et finalement, à moins de la moitié du film, hop, on oublie tout et on n’en reparle plus, on s’en fout. Comme si Parker n’en avait plus rien à faire, ils sont morts, ils sont morts, et puis voilà. Et je préfère ne pas parler de la mort de l’oncle Ben (il ne colle jamais !) et sa tentative de vengeance qui si elle commence bien, fait ensuite vraiment regretter le premier film de Sam Raimi. Et je ne parle pas de toutes les incohérences ou les facilités de scénario à la limite de nous prendre pour des cons.

Mais finalement, ce film est mauvais alors ? Non, je l’ai dit, il est en partie réussi, mais il faut attendre l’arrivée de l’homme araignée pour que le film devienne enfin intéressant. Ce qui finalement est assez étrange pour un réalisateur, dont c’est le deuxième film, et qui n’a précédemment réalisé qu’une comédie romantique. On se serait attendu à l’inverse, et pourtant. Si le film n’est pas transcendant, dans sa deuxième partie, véritablement concentrée sur Spider-Man et plus ciblée action, il réussit à nous faire enfin entrer dans le film. Le tout s’impose alors comme une bonne production de genre (malgré certains choix scénaristiques) et nous offre un final totalement grandiose qui nous fait regretter que l’ensemble du film ne soit pas à ce niveau. En revanche, les scènes de voltige à la première personne, rappelant fortement le jeu Mirror’s Edge, hormis la première qui tient la route du fait d’une exploitation rationnelle, les quelques autres sont assez inutiles. On regrette aussi le plan de fin, qui est vraiment too much. Alors qu’une minute avant, il y avait le plan de fin parfait pour finir le film (mais qui n’aurait sûrement pas plu aux producteurs, puisqu’il s’agissait d’un plan sans l’homme araignée), on nous fourgue un ralenti dégueulasse voulant faussement profiter de l’effet 3D. Bon… Le film tient donc la route, dans son ensemble, même s’il faut passer une première moitié de film peu intéressante et mal développée, un comble alors que l’on cherche à nous introduire un personnage.

Une autre chose dans le film, c’est sa volonté de se démarquer de ses trois prédécesseurs. On se doute que la production sera très différente de ce qu’ont été les films de Sam Raimi, et c’est d’une manière assez étrange, et pourtant logique, que le film s’y prend. En effet, en voulant faire ce reboot, ce que l’on constate, c’est que le film s’inspire d’autres œuvres, et principalement de Kick-Ass ou de The Dark Knight. Tout d’abord, le héros sans réel pouvoir qui apprend à en devenir un. Bien sûr, Spider-Man possède des pouvoirs, mais sa toile par exemple, il la tire grâce à ses lance-toiles qu’il a lui-même confectionnés. Et comme le film se veut actuel, on vit dans la génération I-pod et Youtube, ou les exploits du héros sont filmés, et c’est ainsi qu’il devient véritablement célèbre. Mais évidemment, un peu comme dans Super de James Gunn, les actions de l’homme araignée sont controversées, et même s’il ne combat que les criminels, on le prend lui aussi pour un truand. Et c’est en ça que le film rejoint peu à peu The Dark Knight, vu que Spider-Man est considéré comme un criminel cagoulé et que tous les flics de la ville ont pour ordre de l’arrêter. Et en plus de cela, simple lycéen qu’il est, il ne peut jouer au justicier que la nuit (un peu comme Dave Lizewski finalement), ce qui inclut un côté nocturne que Batman ne renierait pas (principalement dans Batman Begins). On se retrouve alors avec une œuvre hybride qui pioche dans ce qui a été fait récemment, en s’en emparant, mais sans véritablement s’en démarquer. Assez déroutant. Et pour ceux qui voudraient louer des louanges au film, on pourrait presque faire une analogie avec La Mouche de Cronenberg. Au final, le Lézard, c’est un peu ça, c’est une expérience purement scientifique sur la transgénèse qui a foirée, ou plutôt mal évoluée. Mais bon, on va éviter de comparer les deux films quand même, parce que l’un est évidemment bien au-dessus de l’autre.

Bon, je ne peux pas finir sans réellement comparer avec les versions de Sam Raimi, ou au moins préciser de grandes différences. Tout d’abord, les toiles mécaniques, fidèles à la version originale de Spider-Man, qui succèdent aux toiles organiques des versions de Raimi. Je dois avouer que personnellement j’étais plus séduit par l’aspect toile organique, qui fait plus super-héros, mais ici, on se base véritablement sur le comics d’origine. Malheureusement, toutes les possibilités que cet aspect présente ne sont pas exploitées, ou alors assez mal. Le fait que les toiles soient mécaniques entraîne le fait que Peter Parker se doit de les recharger, et donc qu’il puisse être à court. Le concept est génial, imaginez, en pleine phase de voltige ou de combat « Oups, j’ai plus de toile ». Ouais, génial dans l’idée et dans la bande dessinée, mais pas dans le film… Autre différence de taille, le méchant, qui fait pâle figure par rapport au Bouffon Vert, à Docteur Octopus et à l’Homme-sable. Ajoutons à cela une musique franchement pas terrible, et qui ne se démarque qu’à deux reprises, vers la fin du film, et effectivement, on se rend compte que les versions de Sam Raimi étaient tout bonnement des œuvres magistrales empruntes d’un souffle épique monumentale et de psychologie humaine réussie. En revanche, ce qu’il n’y a pas dans la première trilogie, c’est Emma Stone, et rien que ça, c’est un bon argument pour aller voir la version de Marc Webb.

Au final, et malgré tout ce que je viens de dire sur le film, le résultat est satisfaisant, sans plus pour autant. On ne peut détrôner le maître Sam Raimi sur son territoire, et en même temps, vu les piètres adaptations Marvel auxquelles on a eu droit récemment, on ne peut que trouver celle-ci correcte. A défaut d’être un immense film de super-héros ou un bon gros blockbuster qui assure, The Amazing Spider-Man n’en demeure pas moins un bon film sympathique de l’été, c’est déjà ça.

1 commentaire:

  1. Ouai alors en fait c'est une trilogie qui va voir le jour? tu l'as dit au début. le but concernant les parents de Parker, c'est à voir dans la suite. Puisque l'ADN de Peter pourrait être la seul compatibilté avec la morsure d'araignée et ses pouvoirs sur Peter. Mais sinon. bon article

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