lundi 18 juin 2012

Test Lollipop Chainsaw

Test réalisé à partir d’une version Xbox 360

Il y a des jeux que l’on attend parce que l’on sait qu’ils vont être énormes, des jeux dont on a strictement rien à faire, et d’autres que l’on attend un peu honteusement, parce que l’on a hâte d’y jouer, mais secrètement, un peu comme un plaisir coupable, comme l’on regarderait un film avec Steven Seagal. Lollipop Chainsaw est clairement un de ces jeux. On ne s’attend pas forcément à un jeu transcendant, mais découper du zombie avec une tronçonneuse en incarnant une pom-pom girl de 18 ans digne de fantasmes d’un film pour adulte, évidemment, on n’a envie de tâter. C’est donc après avoir joué bien comme il faut que je vais dorénavant vous dévoiler les dessous de Lollipop Chainsaw, et non pas ceux de Juliet son héroïne.

 Comme on le voit sur cette photo... 
Un petit bug de collision au niveau des doigts

Juliet Starling, cheerleader du lycée San Romero, se réveille le jour de ses 18 ans. Toute heureuse, elle va retrouver Nick, son copain, le beau gosse du lycée. Mais voilà, tout ne se passe pas forcément comme prévu. Sur le chemin du lycée, elle se rend compte qu’une invasion de zombie fait rage. Heureusement, la belle possède sa tronçonneuse. Après avoir découpé dans tous les sens des morts bien vivants, elle arrivera enfin à son rendez-vous. Mais voilà, Nick, son boyfriend, s’est fait mordre. Ne voulant pas perdre son cher et tendre, la lycéenne trouve une solution, à coups de tronçonneuse. C’est alors que l’on apprend que Juliet et une chasseuse de zombies, et qu’elle a réussi à sauver Nick, ou plutôt sa tête. En effet, le jeune homme est toujours en vie, mais seul sa tête, séparée de son corps, l’est encore. L’avantage pratique, c’est que la jeune fille pourra le trimballer partout avec elle, accroché à sa ceinture.

 Pratique, le Nick

Sur ce pitch de départ totalement barré et déjanté, vous allez vivre une aventure qui continue sur la même voie pendant toute la durée du jeu. Dans un esprit complètement assumé de teen movie d’horreur comique, le titre se savoure comme un plaisir coupable que l’on se materait avec des potes un samedi soir. Au scénario, on retrouve James Gunn, à qui l’on doit entre autres l’écriture de Tromeo and Juliet, des deux films Scooby-Doo, et de Dawn of the Dead. Les familiers de son univers ne seront pas dépaysés et seront aux anges. On y retrouve son humour tout au long du jeu, et comme tout est assumé pour être dans un esprit teenager, à la limite de la régression, tout ne sera pas forcément aux goûts de tout le monde. Mais bon, si on joue à Lollipop Chainsaw on sait à quoi s’attendre. Tous les clichés sont présents pour assurer un background volontairement décalé et totalement stéréotypé. La pom-pom girl blonde et sexy (on ne s’en plaint pas), le beau gosse trop cool du lycée qui sort avec elle, les lycéens qui fantasment sur la jeune fille, les geeks en retrait à fond sur leur jeux vidéo ou encore le gothique trop mal dans sa peau parce que la vie c’est trop dur. N’y voyez en rien une certaine simplicité à s’accoutumer de ce qui a déjà été fait pour ne pas avoir à être original, tout a vraiment été pensé pour mieux détourner les situations et surtout s’en moquer bien comme il faut. Juliet est certes sexy, mais en contrepartie on ne peut pas dire qu’elle soit très intéressante et elle est assez futile (« Oh my God ! Imagine a giant smiley with zombies, it’ll be so cool ! »), quant à Nick, il n’est réduit qu’à l’état de tête, mais ce n’est pas son cerveau qui prime, mais toujours son physique. Bref, on se marre bien si on se laisse aller dans cette ambiance. Entre les références bien trouvée et très drôles (rien que celle des Zinzins de l’Espace, de Pac-Man et de Mario valent le détour), les situations complètement délirantes voire complètement What The Fuck ?! (un zombie qui nous jette des poulets !), et un humour potache volontaire (« Merci Juliet, je penserai à toi quand je me toucherai dans mon lit ce soir », « Bon, je dois changer mon tampon »), il y a de quoi se payer des bonnes tranches de rigolade pour peu que l’on entre dans cet univers totalement 2nd degré qui se joue parfaitement bien des clichés pour les pousser jusqu’à leur extrême. Enorme travail d’écriture, excellente réussite de ce point de vue-là.

 Attention chérie, ça va trancher

Les pubs du jeu annonçaient « Sexy, gore, et rock’n’ roll ». Pour le sexy, je pense que je l’ai assez précisé pour Juliet, et les visuels du jeu que vous avez sûrement vu confortent cette idée. Pour ce qui est d’être gore, comme le titre propose de découper des zombies à coups de tronçonneuse, oui, attendez-vous à des scènes bien crades, mais toujours dans la bonne humeur. Pour ce qui est du rock’n’roll, ne nous voilons pas la face, c’est clairement le cas. Véritable concentré de pop culture, le jeu est centré sur l’univers musical. Chacun des boss est un archétype d’une culture toujours axée plus ou moins rock. Du punk au rock’n’roll d’antan en passant par le metal ou le psyché hippie, chaque niveau possède donc un univers musical bien à lui. Et qu’on se le dise, les compositions sont toutes génialissimes, un véritable régal pour les oreilles. Le jeu rock de cette année. Les seuls jeux qui étaient parvenus à posséder une bande son dans le même ton aussi réussie, hors jeux musicaux, ce sont les Tony Hawk ou Crazy Taxi. Et dans Lollipop Chainsaw, tout passe naturellement. Et si pour une raison ou une autre, vous n’aimez pas la musique d’un niveau, vous pouvez toujours en changer pour mettre les musiques débloquées dans les niveaux précédents. Vraiment de quoi faire plaisir. Surtout qu’aux compositions créées pour le jeu par Akira Yamaoka (Silent Hill) et Little Jimmy Urine s’ajoutent des compositions existantes. DragonForce, Arch Enemy, The Human League, Joan Jett and the Blackhearts, ou encore Dead or Alive (pour l’un des moments le plus What the Fuck! Du jeu), vous aurez de quoi rendre vos oreilles heureuses. Ajoutons à cela un doublage, uniquement en version anglaise heureusement, très réussi, avec dans le casting des habitués des productions James Gunn, tel que Michael Rooker ou Sean Gunn, et l’on obtient une des meilleures bande sonore de ce premier semestre de l’année.

 Donc toi tu es punk

Pour le moment, on pourrait croire que le jeu fait un sans-faute, puisque je n’ai encore rien critiqué. Mais voilà, il est temps de s’y mettre. Parce que la sucette, bien que douce et sucrée comme il faut, laisse un arrière-goût un peu amer dans la bouche. Commençons par la maniabilité. Lollipop Chainsaw est clairement un beat’em all japonais sous un enrobage teen américain. Juliet avance, casse du zombie, et avance, et continue d’avancer, et ainsi de suite. C’est le principe de ce genre de jeu, mais tout concept à ses limites. Et le premier constat porte sur les zones de jeu, toutes restreintes. On doit aller à un endroit bien précis, et c’est tout. Inutile d’essayer d’aller ailleurs, vous ne pourrez pas. Même sauter par-dessus certains objets est impossible, puisqu’en soit cela n’est pas nécessaire. En gros, si vous essayez de dévier de votre route, vous vous cognerez à des murs invisibles. Alors en soit, rien de catastrophique ou de très gênant, mais bon, de nos jours, sur une console next-gen, on aurait espéré un peu mieux. Mais bon, il faut croire que ce genre de jeu est, la plupart du temps, réduit à un tracé simple constitué de couloir, quand il ne s’agit pas d’arène. Heureusement, malgré le tout, le gameplay arrive à être intéressant et à ne pas se constituer de simples coups de tronçonneuse durant tout le jeu. Au fur et à mesure des niveaux Juliet recevra des améliorations pour son outil de démembrement. Le Chainsaw Dash permet de foncer sur ses ennemis à grande vitesse tronçonneuse enclenchée, et donne aussi la possibilité de franchir certains passages. Le Chainsaw Blaster transforme l’engin en canon afin de dégommer les zombies de loin, entraînant avec lui certaines phases de shoot imposées, même si dans l’ensemble on devient rapidement libre de son utilisation. Et sinon, quand on ne se sert pas de son arme fétiche, on peut se servir de sa tête. Ou plutôt de celle de son copain. En effet, dans le jeu, Nick ne va parfois plus savoir où donner de la tête. En récupérant un ticket Nick puis en l’activant on enclenche une roulette et en appuyant au bon moment, on provoque une attaque. Utiliser la tête comme un ruban de pom-pom girl afin de dégommer les morts-vivants, s’en servir de boulet de canon pour assommer les ennemis, voilà un exemple d’attaques, qui au fil de jeu seront plus nombreuses. Le jeune homme sans corps peut aussi s’en approprier un. Juliet le pose sur le corps décapité d’un zombie et le contrôle afin qu’il lui vienne en aide pour franchir un passage le plus souvent. Original et rigolo, malgré les QTE obligatoires, surtout que le corps change à chaque fois.

 Nick est utile en fait

Lollipop Chainsaw, c’est aussi des mini-jeux inclus dans les niveaux, et que l’on doit réussir pour continuer. Le basket-ball zombie ou encore le base-ball zombie, ces mini-jeux assez drôles ne sont pas évidents pour autant, mais ils ont le mérite de varier des phases d’actions pures et dures, même si l’on y continue d’y tronçonner ou shooter du zombie. A noter que pour éviter la redondance, les niveaux abordent chacun un lieu et un thème différent, avec les zombies qui vont avec. Dans le stade, il faudra faire face aux joueurs de football américain, dans les couloirs du lycée il faudra faire attention aux professeurs parfois bien costauds, et dans les salles d’arcade, ce seront les zombies geeks qu’on devra éradiquer. Je tiens d’ailleurs à féliciter les développeurs pour ce niveau qui inclut des phases de jeux rétro qui tranchent radicalement avec le reste du jeu. Mais bon, je parle, je parle, mais finalement, ce qu’on attend d’un beat them all, ce sont les boss. Comme vous vous en doutez, chaque fin de niveau signifie affrontement. Et comme précisé plus haut, chacun de ses zombies sont tirés d’un univers rock bien précis. Qu’ils s’agissent d’un punk à crête qui hurle des insultes dont les lettres géantes foncent sur vous  (« COCKSUCKER » ), ou d’un viking metalleux, les combats ne seront pas de tout repos, même si en soit il ne sont pas très difficiles. Dans le doute pensez tout de même à faire le plein de sucettes (qui vous redonnent de l’énergie). On pourrait regretter la présence des QTE pour les boss (et aussi pour certaines phases de jeu), mais il faut croire que depuis God of War c’est devenu un standard de ce genre de jeu. D’ailleurs, si en soit ces derniers ne nuisent pas trop au jeu, dans certains combats contre des boss, une simple erreur vous fera tout perdre, et c’est assez rageant. Enfin, les combats du jeu, parlons-en. Vous pouvez frapper avec votre tronçonneuse, ou bien à coups de pompons. Il existe différents combos et au fur et à mesure du jeu vous pourrez acheter de nouveaux enchaînements. Dévastateurs, ces coups peuvent aussi être assez drôles (et un peu sexiste) comme ce magnifique coup de fesse pour assommer ses ennemis. Tout bête, mais assez jouissif. Est aussi présent une jauge, qui une fois remplie permet de tuer les zombies d’un coup. Pratique pour déclencher une Boucherie Strass et récolter un maximum de médailles de platine. On remarque aussi la présence de certains objets ou lieux qui peuvent provoquer des actions de combats assez improbables, comme dézinguer des zombies sur une barre de pole dance. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais c’est assumé, et moi, j’aime bien. Malgré tout, c’est la faiblesse de ce genre de production, on note une certaines répétitivité et surtout le fait que malgré le nombre conséquent de coups disponibles, on se contente souvent de faire les mêmes enchaînements. Et comme toujours, la caméra fait parfois des siennes en se plaçant dans des endroits peu pratiques. Dommage.

 Gotta shoot'em all

Dans la catégorie je suis un gros point faible d’un jeu, voici un spécialiste qui vient faire son travail sur Lollipop Chainsaw, la réalisation graphique. Si les personnages principaux sont en soit correctement modélisés (encore heureux, c’est un peu pour ça qu’on a acheté le jeu non ?), le reste est parfois assez désagréable à l’œil. Pas forcément dégueulasse, mais assez pauvre et cubique. Comme si on était sur PS2, mais en tout juste un peu mieux, et encore. Alors bon, je sais à quoi vous pensez, c’est le cul de Juliet qui compte, et en effet, c’est le cas, mais quand même. Et c’est dommage parce que le titre possède une véritable identité graphique, avec des effets de cel-shading et des passages façon bande dessinée. A cela s’ajoutent d’incessants temps de chargement. Certes, ils sont très rarement longs, ils sont même plutôt courts, c’est la moindre des choses, mais ils sont quasiment omniprésents, à chaque fin d’une cinématique, ou en franchissant certains points de passage. Une vague impression d’être revenu sur Playstation première du nom. Quelques bugs graphiques et de collision sont aussi de la partie, et même s’ils ne sont pas bien méchants ni dérangeants, ils doivent être signalés.

 Eh oui, une barre de pole dance peut vous sauver la vie

Et pour finir, voici ce qui est vraiment douloureux : la durée de vie. En mode normal, j’ai mis 6 heures. C’est un peu court jeune fille, et je ne parle pas de votre jupe. Les fans de high score pourront toujours essayer de battre tous les scores du jeu pour finir premier partout, et il y a du challenge. On peut aussi tout faire pour obtenir les deux fins différentes (une heureuse, une malheureuse). Mais la rejouabilité va varier selon les joueurs. Les petits coquins qui aiment tout collectionner pourront passer des heures à tout refaire pour obtenir un maximum de médailles platine afin d’acheter les tenues de Juliet. Il en faut 85 pour le bikini et autant pour la tenue de soubrette. Ça en fait des médailles et des heures de jeu. Et justement, le jeu en vaut la chandelle, puisque certains costumes sont vraiment… Voilà. Perso, j’ai un petit faible pour la tenue d’écolière japonaise que j’ai réussi à débloquer. Mais cela n’empêche pas le titre d’être court, un peu trop, et payer 50 euros pour ça, ça peut être douloureux.

 Rien à dire, tout à voir

Ultra référencé, décalé, assumé et à la limite de la régression, Lollipop Chainsaw est fun et jouissif manette en main. Juliet Starling n’est pas uniquement cruche et sexy, elle est aussi charismatique à sa manière. On peut saluer le travail de Suda 51 et de James Gunn pour nous proposer un jeu aussi jubilatoire, rock’n’roll, gore et ironisant sur tous les clichés existants. Sorte d’histoire d’amour dans un lycée avec des zombies, le jeu aurait pu s’appeler Romero et Juliet. Malgré tout, ses défauts, trop présents, et sa durée de vie aussi longue que le mini-short en jean de Juliet font que le titre ne peut pas se hisser au rang de grand jeu. Teen movie décalé avec des zombies et une héroïne bien gaulée, le jeu se déguste comme un plaisir coupable (ou solitaire ?) que l’on assume avec ses potes mais que l’on dissimule à sa copine. Lollipop Chainsaw se savoure comme une sucette, sucrée et acide à la fois, mais dont on arrive trop vite au bâtonnet.

14/20

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