Un passé assez douloureux pour Max
En effet, Max Payne ne s’est jamais vraiment remis de ce qui
lui est arrivé. Une adaptation de jeu vidéo en film aussi médiocre… Ah, non, ce
n’est pas de ça qu’il s’agit. Le meurtre sauvage de sa femme et de son gosse,
oui, c’est vrai. Tous ceux qui ont joué aux précédents opus se souviennent de
l’ambiance très sombre et torturée qui y régnait. Le jeu était très noir et la
douleur et la peine de ce cher Max se faisaient clairement ressentir. Les deux
jeux, à l’époque, avaient été développés par Remedy. Rockstar Games n’avait effectué que le portage console pour
le premier opus, et n’était que l’éditeur du second. Et voilà que ce troisième
volet est entièrement développé par Rockstar Games. Connaissant la qualité de
leurs jeux, on se dit qu’il n’y a pas à s’en faire, mais voilà, j’appréhendais
quand même. J’avais peur que le jeu ne soit pas aussi noir et sombre que les
précédents. Pourtant à l’écriture, on retrouve Dan Houser, qui a travaillé sur
GTA IV, et surtout sur le chef-d’œuvre Red Dead Redemption. Niveau qualité
d’écriture, on a rarement fait mieux dans des jeux adultes et souvent très
crus. Alors je ne vais pas y aller par quatre chemins, l’ambiance de Max Payne
3 est tout simplement géniale. J’emploie le terme « génial », mais
disons ce qui est, j’entends par là que l’atmosphère est digne des opus
précédents, bien que différentes. La noirceur est totale ici, elle englobe tout
le jeu, l’empêchant de trouver ne serait-ce qu’un rayon de soleil pour
illuminer un peu cette histoire sordide. Le jeu ne fait aucune concession et il
n’y a aucune issue de secours pour les personnages. Ceux que l’on
essaie de protéger meurent, ceux que l’on essaie de sauver meurent, et des
innocents plus ou moins proches meurent. Constamment de façon abrupte et
radicale. Balles dans la tête à bout portant, ou même brulé vif, voici ce à
quoi vous allez faire face en jouant à ce jeu. Max Payne, malgré lui, entraîne
les cadavres sur la route, il n’a pas fini d’en baver, suite à une bavure.
L’ambiance est sinistre et assez malsaine, à telle point que certaines violences
du jeu mettent mal à l’aise. Si tuer des civils peut être un défouloir dans un
jeu comme GTA, ici, prendre la vie d’une personne innocente sans le faire
exprès vous hantera en tant que joueur presque autant que ce cher Max.
L’atmosphère sordide n’est pas présente uniquement du fait de la violence très
réaliste du titre, mais aussi du fait des environnements et des personnages. A
l’instar de ce bordel/club de strip-tease dans lequel on voit entre autre en
arrière-plan un mec en train de baiser une fille sur une table alors qu’un
second type la tient. Rien n’est laissé au hasard dans Max Payne 3, et
l’ambiance sombre, torturée, et malsaine est magnifiquement bien traitée, et je
dois l’avouer, ça fait plaisir. Voici un titre réellement adulte à ne pas mettre
entre toutes les mains. En jouant à ce jeu, je m’étais amusé à comparer Max
Payne une fois rasé et barbu à Walter White (le héros de la série télévisée
Breaking Bad). Mais force est de constater que le jeu peut être comparable à la
série du fait de sa noirceur absolue, sans aucune échappatoire. Si le second Red
Dead avait pour sous-titre Redemption, ce n’est définitivement pas le cas de ce
Max Payne.
Il a quand même un petit air de Walter White comme ça
Voilà, j’ai parlé assez longuement de l’ambiance fort
réussie du jeu, il est temps de passer
au reste. Et on va donc continuer avec l’atmosphère du jeu… qui ne serait pas
la même sans la qualité graphique du titre. Il faut dire ce qui est, le rendu
visuel est véritablement bluffant. On ne vise pas ici une volonté de réalité
extrême, on n’est pas dans Uncharted, mais cela n’empêche pas au jeu de
posséder des graphismes fins et superbes, qu’il s’agisse des environnements
ou bien de la modélisation des personnages. Chaque lieu est parfaitement bien retranscrit, des immeubles urbains aux favelas, et donne encore plus de réalisme à la descente aux enfers de ce cher Max. On peut constater quelques effets de clipping et d’aliasing
par-ci par-là, propres aux jeux développés par Rockstar Games, mais rien de
dérangeant, encore faut-il même parfois s’en rendre compte. Ce qui peut
éventuellement être gênant, pas pour le jeu, mais plus pour les yeux, c’est
l’abus d’effets de style graphique et de filtres visuels, notamment pendant
certaines cinématiques. Pas de quoi enlever le plaisir de jeu pour autant.
Mais ce qui marque principalement l’univers de Max Payne 3,
c’est la mise en scène. Digne des meilleurs films d’actions, elle ne laisse pas
la place à l’ennui. Et parfois elle n’en laisse même pas au jeu. Je m’explique
sur l’un des points noirs assez conséquent du titre. A vouloir concurrencer le
cinéma, Max Payne 3 se perd un peu dans ce qui est d’être un jeu. Heureusement,
on n’est pas dans un Asura’s Wrath ou un Heavy Rain, il ne s’agit pas de
transformer ce qu’il reste de jeu en suite de QTE aussi inutile que barbante. Je
reviendrai sur le gameplay plus tard, mais pas de ça ici. Tant mieux. Ce que j’insinue
dans ma critique, c’est que le jeu laisse trop de place aux séquences
cinématiques. Elles sont de qualité, donc finalement, on pourrait croire qu’il
n’y a pas de quoi se plaindre, que je fais ma fine bouche, mais le problème c’est
qu’elles prennent plus de place en temps que les phases de jeu. On se retrouve
donc devant des cinématiques, et puis, de temps à autre, des phases de
gameplay. J’exagère un poil il est vrai, mais à la longue, le trop de
cinématiques en deviendrait lassant. Heureusement qu’il s’agit ici de Rockstar
Games qui sait maîtriser son sujet, parce qu’à vouloir s’approcher trop près d’un
média qui n’est pas le sien, on s’y brûle les manettes. Et cette sur-présentation de cinématiques peut véritablement devenir gênante lorsque jute
après une fusillade, une séquence se déclenche, et se termine juste avant la
fusillade qui suit. Le jeu est presque parasité parce ce qui aurait pu être une
de ses forces. On évite certes le côté obscur des jeux trop cinématographiques,
Max Payne 3 use peut être abondamment de ce procédé, mais au moins, il le fait
bien. On regrette que cela nuise un peu à l’aisance et la fluidité du jeu.
-Tu tires, ou tu pointes? -Je tire, et dans ta gueule!
Et qui dit cinéma et jeu vidéo, dit écriture. Je l’ai déjà précisé
plus haut, Max Payne 3 bénéficie d’un ton très sombre parfaitement bien
retranscrit. Il est vrai que tout est formidablement bien écrit, jusqu’aux dialogues,
parfois eux aussi un peu trop présents (surtout les monologues de Max). « Fucking
Fuckers », « Die Motherfucker, die ! » sont de parfaits
exemples de l’emploi magnifique de la langue de Shakespeare dans le titre. Evidemment,
je prends deux citations volontairement outrageuses et grossières, pour le
plaisir de contredire ce que j’ai écrit juste avant, mais véritablement, les
dialogues sont de très grandes qualités, tout comme le reste de l’écriture du
jeu. Et en plus ils sont desservis par des
doublages anglais assez exceptionnels. Et de nos jours, c’est un véritable
point fort cette narration, puisqu’on ne se contente pas ici de simplement nous balancer une
situation avant de nous lancer dans un gameplay à base de tuage de monstres ou
d’ennemis, sans que l’on cherche réellement à comprendre.
Bon, ben maintenant que tout ceci est dit, passons enfin à
ce qui nous intéresse vraiment, la maniabilité. J’ai fait ce test sur PS3, et c’est
la première fois que je jouais à un Max Payne sur console. Dans un sens, j’ai
envie de dire tant mieux vu que j’ai de plus en plus de mal à jouer aux jeux d’action
à la troisième personne sur PC. C’est alors, manette en main, que j’ai pu me
rendre compte que la jouabilité de ce Max Payne n’a quasiment pas évolué depuis
les opus précédents. Tout n’est pas vrai bien sûr, mais Rockstar Games a
conservé le gameplay old-school des volets précédents et la parfaitement adapté
pour qu’aujourd’hui encore il soit agréable à jouer. Le maniement de Max est
très simple et intuitif, en dépit d’une certaine rigidité dans le déplacement
de la caméra, peu perceptible certes mais toutefois présente. Assez évidente, la maniabilité est accessible directement, même aux novices du genre. Cependant, la
marque de fabrique de Max Payne, sa carte de visite, ce sont les ralentis. Le bullet
time je vous rassure, est évidemment de la partie. Pour ceux qui ne
connaîtraient pas, il s’agit d’une jauge, qui se remplit selon le nombre d’ennemis
tués et lorsque l’on se fait tirer dessus, et qui permet de ralentir le temps. En
plus d’avoir l’air trop cool, cela permet surtout de viser avec plus d’aisance
ses ennemis, mettant fin plus rapidement à une fusillade ou à une situation
dangereuse. Ce bullet time est aussi accompagné du shootdodge, qui offre la
possibilité de sauter au ralenti, pour tirer avec plus de facilité et
énormément de classe. Néo peut aller se rhabiller, Max Payne fait bien plus
fort que Matrix. Et afin de ne pas lasser le joueur des fusillades, qui
remplissent 95% du temps de gameplay, ces phases de gunfights varient. Accroché
aux pales d’un hélicoptère, à bord d’un bateau en marche, ou bien en sniper,
les développeurs ont pensé à tout pour essayer de diversifier les séquences du
jeu. On constate toutefois que la plupart du temps, hors cinématiques, on se
contente d’avancer, de régler une fusillade, et c’est tout. L'ensemble étant bien
géré et très agréablement maniable, on ne reprochera pas à Max Payne 3 de ne
pas assez élargir les possibilités de jeu, surtout qu’en soi rien n’est
répétitif, mais on regrette que Rockstar Games n’ait pas pris plus de risques.
La classe, tout simplement
Je reviens sur un point du gamepaly auquel je consacre un paragraphe entier. Contrairement à la plupart des jeux actuels du genre, la jauge
de santé de notre ami Max ne se restaure pas toute seule au bout d’un certain temps.
Il faut trouver des antalgiques et en user à bon escient, afin de ne pas mourir
bêtement de ses blessures. Et parfois, lorsqu’on n’en trouve pas, on redécouvre
enfin le stress des jeux d’antan, puisque attendre à couvert ne vous aidera
pas. Allions à cela une difficulté assez corsée, et on se retrouve face à un
challenge, un vrai, pas insurmontable bien heureusement, mais qui mérite d’être
souligné, vu que la tendance actuelle semble vouloir s’adapter à tous les
publics.
Voilà, tout est dit à propos de Max Payne 3. Sa réalisation
de très haut niveau, d’un point de vue visuel comme sonore, prouve encore une
fois que Rockstar Games sait y faire. Son gameplay, bien que peu évolué par rapport
aux précédents volets, demeure simple et très efficace, avec toujours autant de
style lors des bullet time et des shotdodge. Mais ce qui marque principalement dans Max Payne 3, c’est son univers sombre, torturé, cru, très violent et réaliste. Jamais
la violence n’aura mis autant mal à l’aise dans un jeu. C’est cette ambiance
glauque et malsaine brillamment retranscrite qui permet à Max Payne de
véritablement sortir du lot, même si pour cela, il faut faire avec une
omniprésence des cinématiques à l’intérieur du jeu. A la fois film noir et film
d’action musclé, Max Payne 3 se savoure et se vit comme le meilleur des
productions hollywoodiennes du genre.
18/20
Bon test, bien écrit.
RépondreSupprimerJe suis particulièrement d'accord avec le côté à double-tranchant de l'alternance très saccadée entre phases de jeu et cinématiques.
Toutefois, pour ma part, je ne trouve pas que Rockstar ait manqué de "prise-de-risque" sur le gameplay : Je regrette au contraire l'efficace simplicité des opus précédents réalisés par Remedy...!
En effet, le rajout de fonctionnalités de type "GTA4" telles que "se mettre à couvert derrière un obstacle" sont certes intéressantes, mais pas si bien réalisées que cela : On reste "accroché" à l'obstacle trop longtemps lorsqu'on veut s'en décrocher et on se retrouve à utiliser le ralenti juste pour compenser ce lag...
...En fait, d'une façon générale, d'ailleurs, sur ( un excellent ) PC en tout cas, les mouvements sont lourds ( Temps nécessaire à se relever une fois accroupi, shootdodges interrompus manu-militari et un peu n'importe comment lorsqu'aboutissant contre un obstacle, déplacements très lents en mode accroupi, caméra figée en mode "sprint", et pour finir mouvements erratiques lorsqu'on malmène clavier et souris pour s'extirper des situations induites par ces lourdeurs et contraintes totalement absentes des précédents opus )
Ce gros défaut de maniabilité ( crucial pour un Max Payne, à mon sens ) me rappelle la prise en main assez exécrable des personnages à la 3°personne dans la série des GTA de Rockstar ( Jeux que j'apprécie beaucoup par ailleurs pour leur liberté d'action... )
bref, j'aurais préféré qu'ils n'y touchent pas du tout et qu'ils profitent de leur propre "patte" pour rajouter un peu d'espace à explorer dans les corridors "Max Payne" !!!