jeudi 12 janvier 2012

La Colline aux Coquelicots



Aujourd’hui, j’ai décidé de faire la critique de La Colline aux Coquelicots, le dernier film de Miyazaki. Goro, pas Hayao. Le fils, pas le père. Alors oui, c’est pas du jeu vidéo, mais c’est de l’animation japonaise, donc dans un certain sens, ça peut se rapprocher de la culture geek. Non ? Ben moi je dis que si, donc je le fais. De toute façon, rassurez-vous, j’ai deux articles purement jeu vidéo qui arrivent, quasiment finis, mais je publie ma critique du film avant pour rester dans l’actualité.

Avant tout, je dois expliquer les conditions de visionnage du film. Tout d’abord, l’ayant vu en journée dans l’espoir d’en faire une critique rapidement (ce qui est raté), j’ai dû le visionner en version française. Oui, c’est caca, je sais, mais honnêtement, pour une fois, les doublages français sont très honorables et ne déçoivent pas. Une bonne réussite, tant mieux. En revanche, la qualité de l’image était déplorable. Non pas celle du film en soit, au contraire, mais celle de la salle de cinéma (qui ne m’a jamais déçu pourtant). Le DCP (Digital Cinema Pack, ce qui remplace la pellicule, enfin, le « support » numérique du film pour les projections cinéma) devait être défectueux, pour ne pas dire complètement foireux. Des images décalées, tout comme les couleurs, des contours numériques très visibles et infâmes… Pas le film, la projection. Ne vous inquiétez pas, il y a peu de risque que vous soyez confrontés à ce problème. Enfin, je l’espère pour vous en tous cas. (note personnelle de moi-même : La pellicule, c’est mieux).

Bon, venons-en au film tel qu’il est. Tout d’abord, pour ne pas me lancer dans un fil d’idées, m’y perdre, et ensuite parler de quelque chose qui n’a plus rien à voir, je m’occupe directement de l’emballage du film : la qualité de l’animation et la musique. Pour ce qui est de l’animation, on regarde une production du studio Ghibli, alors qu’on se le dise tout de suite, tout est beau, tout est propre, rien à reprocher. La physionomie des personnages est peut-être un peu trop classique, sans originalité flagrante, mais rien ne choque, alors il est inutile de chipoter, de ce point de vue, c’est du bon. La musique du film, quant à elle, est sympathique, en accord avec ce que l’on nous propose, mais rien de transcendant non plus. Tous les Miyazaki n’ont pas Joe Hisaishi comme compositeur. Mais bon, il y a la chanson de la bande-annonce dans le film, donc ça va. De toute façon, comme cela reste très correct, ça va de toutes manières.

Passons maintenant au contenu du film. La bande-annonce nous promet une histoire entre une lycéenne et un lycéen qui devront choisir entre amour ou amitié, le tout sur une magnifique chanson qui donne le ton d’un mélodrame à propos d’un amour impossible. Oui et non. Devant le film, j’ai un peu eu l’impression de m’être fait flouer par la bande-annonce. Non pas que ce que l’on nous raconte est mauvais, mais cette histoire de sentiment (im)possible ne représente finalement pas toute la plus grande partie du film. Heureusement, ou non, selon les gens et les goûts de chacun. Finalement, ce que l’on nous offre à voir est une représentation de la jeunesse japonaise du début des années 60, de ces gamins nés à la fin de la seconde guerre mondiale, ou juste après. C’est aussi l’histoire d’une jeune fille, en manque de figure paternelle, et en attente du retour de la figure maternelle. L’histoire de ce jeune garçon, mystérieux au départ, et qui apprend à s’ouvrir. L’histoire d’un lycée et de ses élèves. L’histoire d’une défense, d’une protection de l’Histoire, oui, celle avec un grand H cette fois-ci. Et puis, bien sûr, cette romance promise dans la bande-annonce, enfin, seulement si elle peut avoir lieu.

C’est finalement cette rencontre, cette tranche de vie, de deux personnages qui est au centre. Mais c’est au travers de tout un récit presque à part que cette relation entre ces deux jeunes gens va exister. La naissance de sentiments ne vient pas comme ça, et c’est là que le film est intéressant, puisqu’on se perd presque dans une autre histoire auquel on porte intérêt, en se rendant compte peu à peu que, tout comme les deux protagonistes principaux, une relation particulière se créé et commence à évoluer. Alors oui, c’est une histoire d’amour, en quelque sorte, mais c’est avant tout une histoire humaine. Et ce sens de l’humain, on pensait quasiment l’avoir perdu dans les productions actuelles. Par bonheur, il est ici retrouvé, véritable, et sincère. Finalement, rien de si exceptionnel, mais cela fait tellement plaisir à voir à nouveau. Dans son humanité, sa sincérité et sa simplicité, certaines scènes rappellent même Mon Voisin Totoro, sans pour autant en avoir la légèreté et la poésie. Goro n’est pas son père, mais on sent parfois l’inspiration venant du paternel. Comme modèle, on a connu pire.

Le film, c’est donc ça. De l’humanité, de la sincérité, du quotidien, l’évolution d’une relation. Pas de grandes épopées épiques ici, ni même de grandes envolés lyriques, juste la narration de ce qui est : l’être humain dans sa fragilité et dans toute sa splendeur. Dit comme ça, le film pourrait paraître ennuyeux, mais, malgré quelques rares longueurs à mon goût, il n’en est rien. Surtout que certaines scènes sont lourdes en secrets et en conséquences. Je regrette juste que le film ne m’ait pas réellement ému, mais bon, ce sera la prochaine fois Goro. Tu peux toujours demander des conseils à ton père. (En revanche, évite de demander à Isao Takahata, parce que niveau émotions, il nous en a déjà trop fourni avec Le Tombeau des Lucioles)

Humain. Si je devais décrire le film en un seul mot, ce serait humain. Juste aussi. Malgré ses quelques défauts, rien n’est laissé au hasard, et parmi toute la ribambelle de films d’animation qui sortent, cela fait énormément plaisir de respirer cette bonne bouffée d’air frais. La preuve que le studio Ghibli sort encore de bons films. Et même si Goro Miyazaki n’atteint pas l’excellence en la matière de son père, il mérite qu’on lui porte attention. Plus terre à terre, plus ancré dans une réalité, moins poétique ou onirique, La Colline aux Coquelicots vaut véritablement la peine d’être vu, sous peine de passer à côté d’un bon film. Pas un chef-d’œuvre malheureusement, mais un film d’animation de qualité, qui ne sacrifie pas son sujet sur l’autel du bénéfice à tout prix, et de nos jours, c’est devenu trop rare. Si vous ne savez pas quel film aller voir au cinéma, je vous recommande vivement celui-là. On peut être déçu, mais il serait réellement dommage de louper ce film, animé d’une qualité aussi honnête que sincère.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire