Faire la critique d'un film de Michael
Bay sur ce blog, en voici une idée surprenante. D'une, parce que le
film n'est pas apparenté à ce que l'on aime appeler la « culture
geek », sur laquelle se concentre le site, et de deux, parce
que les films de Michael Bay, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé.
Entre des Transformers interdits aux épileptiques ou des films
d'action/de guerre/catastrophe à gros budgets, le maître des
explosions a su se faire apprécier d'un public pop corn, cartonnant
au box office, mais son style a souvent était critiqué, a juste
titre la plupart du temps, par les autres. Cette fois-ci, c'est un
film à « petit » budget que réalise Bay. Seulement 26
millions de dollars pour ce drame au ton de comédie presque
surréaliste, qui pourtant est tiré d'une histoire vraie. Faites
péter les stéroïdes, et préparez-vous à faire des pompes, c'est
dans un centre de fitness que tout commence !
Daniel Lugo, ex taulard,
emprisonné pour cause d'arnaques, travaille dans un centre de
fitness. Il y est coach personnel, et sa passion dans la vie, c'est
d'avoir une bonne silhouette, des gros muscles, et quasiment pas de
graisse. Son autre passion, c'est The American Dream. Ce rêve
américain, il compte bien l'atteindre, l'obtenir. Pour lui, ce n'est
pas juste une possibilité, c'est un devoir de citoyen. Or sa
situation ne lui permet pas vraiment d'accéder à son objectif. Mais
pour lui, d'est un dû, quelque chose d'acquis à la naissance sur le
territoire américain. Alors quoi de mieux pour l'obtenir que de le
voler à un autre. Un étranger qui a réussi sur le territoire,
c'est encore mieux. C'est de ce point de départ aussi absurde
qu'idiot dans son principe que Lugo va élaborer un plan. Avec deux
autres culturistes, il prévoit d'enlever un riche client afin de lui
faire cracher TOUT ses biens, de manière « légale », en
l'obligeant à signer des papiers cédant ses propriétés et
richesses. Rappelons que tout ceci est tiré d'une histoire vraie
ayant eu lieu en 1995.
Tout ne se passe pas comme
prévu pourtant, puisque le riche client reconnaît ses agresseurs.
Le tuer après dépouillement est donc la seule solution. Sauf que l'homme survit. Et il compte bien les faire arrêter ! Là où le
film aurait pu se contenter d'être un simple film policier, il puise sa
force ailleurs, dans divers éléments qui rendent le tout plus
qu'appréciable. D'une part, le film, bien que dramatique à son
origine, est drôle. Constamment le public est amené à rire ou à
sourire. Pour une raison toute simple. Les personnages sont des cons.
Sans méchanceté, et tout simplement. Les trois anti-héros sont
tous des abrutis finis, qui pensent tous être des génies, mais qui
sont de véritables crétins. Et c'est d'ailleurs l'un des propos du
film, qui dit clairement qu'ils ont tous été jugés pour leur
crimes, sauf leur plus grand : « leur immense connerie ».
Et c'est bien ça qui fait de ce film une réussite dans son
ensemble. No Pain No Gain n'est pas un film d'action, comme l'affiche
avec un Mark Wahlberg sous hormone, et un Dwayne « The Rock »
Johnson toujours aussi costaud, pourrait le faire croire. On est bien
face à une histoire vraie, qui traite avant tout de personnages.
L'occasion d'apprécier des jeux d'acteur qui jouent les cons de manière assez savoureuse. Mention spéciale à Dwayne Johnson, dont
l'interprétation de l'abruti est absolument géniale, et prouve
que l'acteur n'en est clairement pas un. Assurément le personnage le
plus attachant et le plus marquant du film.
Les autres ne sont pas en
reste pour autant, et les différents points de vue, variant
régulièrement, apportent de la fraîcheur au récit,
et permettent de mieux comprendre chacun des personnages. Une bonne
chose, puisque l'on cible directement leurs intentions, ce qui permet
une meilleure fluidité. Les personnages, parlons-en encore,
puisqu'ils sont quasiment tous assez détestables et dégagent peu de
compassion. A l'exception de deux, à certains moments du film
uniquement, personne n'est épargné parmi les protagonistes
principaux. Il ne faut pas oublier que les anti-héros du film sont
avant tout des criminels, et c'est bien de les montrer tels qu'ils
sont, pas forcément méchants, mais assez cons pour être dangereux.
Cela n'empêche en rien de prendre du plaisir à regarder le film,
bien au contraire.
Mais tout ceci, c'est bien
beau, mais la réalisation tient-elle le route ? Parce que Bay
n'est pas forcément là pour nous rassurer. Pourtant, aucun
problème, à l'exception de certains effets de style qui peuvent
déranger, au début principalement, et encore, qui servent en partie
des propos avec les images. On se trouve donc face à un film plus
que plaisant, principalement dans sa première moitié, aussi
surprenante qu'amusante. Bay s'amuse même à inclure une petite
référence à Bad Boys, qu'on reconnaîtra ou non. Une bonne
surprise en soit.
No Pain No Gain n'est
évidemment pas le film de l'année, mais il est peut-être le
meilleur film de Michael Bay, qui avec ce sujet plus « intimiste »,
et un budget plus réduit, a su tirer un film intéressant sur des
personnages, qui laissent place à l'humour quand il le faut, mais
qui n'oublie pas d'être l'adaptation d'un fait divers. Avec un trio
d'acteur savoureux, Dwayne Johnson en tête, ce film de personnages
est un film de cons, qui prouvent pourtant que celui derrière la
caméra est loin d'en être un, alors que beaucoup aimeraient le
croire. A voir si le cœur vous en dit, mais on vous le conseille
vivement.
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