Il y a bien longtemps que
l'on avait pas vu Sly. Enfin, la dernière fois pourtant, c'était en
2012, avec toute une bande d'autres icônes, pour s'en foutre plein
la gueule. Ça s'appelait The Expendables 2. Mais ça c'est Sly l'acteur, parlons plutôt de l'autre, celui qui nous intéresse aujourd'hui. Lui aussi nous est apparu
en 2012, avec d'autres figures iconiques, dans PlayStation All-Stars
Battle Royale. Mais avant ça, on ne l'avait pas vu depuis 2005, sur
PS2. De l'eau a coulé sous les ponts, de nouvelles consoles sont
arrivées, de nouveaux héros aussi, et la console de Sony s'est
trouvé d'autres personnages emblématiques. Pourtant, sorti de
presque nulle part, alors qu'on ne l'attendait plus, le raton voleur
est revenu. On nous avait plus ou moins préparé avec la ressortie
de la trilogie en HD sur PS3, et désormais, c'est officiel, le Sly
nouveau est arrivé. Cooper est de retour, il reste à voir si en un
peu plus de sept ans la formule fait toujours son effet, ou si on
sent clairement le poids des âges.
Nom de Zeus ! La
famille Cooper risque de ne plus devenir ce qu'elle est. Un grand
méchant a volé toutes les serpes des ancêtres Cooper pour empêcher
la famille de devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Il est donc temps
de faire un petit saut dans le temps, direction non pas le futur,
mais le passé. C'est via ce postulat de départ que le jeu commence,
au vu du titre, Voleurs à travers le Temps, on ne s'en serait pas
douté. Aussi farfelue qu'elle en a l'air, cette histoire est une
bonne occasion pour aller visiter divers pays et différentes
époques. Le japon des samouraïs, la préhistoire, le Far West, ou
encore l'Angleterre médiévale, les époques se succèdent mais ne
se ressemblent pas. Sans oublier Paris bien entendu. Il nous restera
toujours Paris. Cela donne un aspect véritablement sympathique au
jeu qui tombe rarement dans la redite d'un point de vue visuel.
Chaque époque possède sa propre galerie de personnages et un
univers graphique unique, renforcé par l'aspect cartoon du titre.
Sly n'a pas perdu ses habitudes. Le jeu est toujours présenté sous
un rendu cell-shading qui est une marque de fabrique de la licence
depuis le premier opus, et alterne aussi avec des cinématiques en
dessin animé du plus bel effet. Bien sûr, l'humour, indissociable
de la saga, est toujours de la partie, et les doublages français de
qualité ne font que le retranscrire. Malheureusement, si dit comme
ça cet enrobage fait bien baver, on se rend rapidement compte que
tout n'est pas forcément à la hauteur. Rien n'est moche, mais
l'ensemble ressemble clairement à de la PS2 HD. Un peu comme si le
moteur graphique était celui de la trilogie remaniée. Et c'est
d'ailleurs là le plus gros problème du jeu, tout est pensé dans
une logique de jeu PS2. Certes, le jeu est en Haute Définition est
brille plus que s'il avait été développé sur PS2, mais des
animations, des bugs graphiques, et la géométrie de certains objets
ou éléments du décors nous ramènent clairement sept ou huit ans
en arrière. Heureusement que l'univers tient la route et que les
intentions du jeu sont louables, sinon, cela n'aurait pas réellement
été pardonnable.
La bande est de retour
Si la réalisation, honnête
malgré tout, souffre parfois d'une ressemblance trop grande avec les
trois premiers jeux, d'une autre époque, qu'en est-il de la
maniabilité ? Dans cet épisode, on incarne bien évidemment
Sly, mais aussi ses deux acolytes, Bentley la tortue et Murray
l'hippopotame. Chacun possède sa maniabilité propre, et les
missions s'enchaînent sans problème. Assez classiques, ces dernières
sont à base de filatures, infiltrations, vols, piratages, et action principalement. Rien de très original, mais du classique qui tient
la route. Carmelita Fox s'incruste elle aussi dans le casting, comme
ce fut le cas auparavant, mais la réelle nouveauté, c'est qu'il est
possible d'incarner les ancêtres de Sly. Eux aussi possèdent leur
maniabilité qui leur est propre et permettent d'accéder à des
endroits inaccessibles autrement. Ce sont donc pas moins de neuf
personnages, et donc gameplay, différents qu'il est possible de
contrôler tout au long de l'aventure. Et encore, c'est sans préciser
les costumes de Sly, qui offrent de nouvelles capacités au
personnages. Utiliser un boulet comme arme, une peau de bête pour
sauter plus loin, ou bien un costume de voleur digne des mille et une
nuits pour ralentir le temps, voici un petit aperçu de ce qu'il est
possible de faire. Les missions, quant à elle, si elles tendent
parfois à se répéter, offrent pourtant de la diversité. Entre les
phases de plate-forme assez classiques, viennent se mêler des types
de gameplay différents qui viennent donner un petit coup de fouet.
Jeu de rythme avec touches à reproduire, piratage sous forme de
minis jeux, ou autres phases parfois délirantes s'ajoutent au reste,
souvent pour le meilleur. Quant aux boss, il faut trouver l'astuce
idéal pour les battre, et s'ils ne demandent pas énormément de
difficulté, ils sont dans l'ensemble bien pensés.
Oui, il y a un petit côté Assassin's Creed
Malheureusement, oui,
malheureusement, tout n'est pas aussi rose que la couleur de peau de
Murray. Et comme pour la réalisation, le gros point noir vient avant
tout de cette logique PS2. On n'a réellement pas l'impression
d'évoluer au sein d'un jeu de cette génération. Même le level
design, pourtant pas dégueulasse (à l'exception d'une époque),
sent bon la naphtaline et l'ère PS2. Ce qui aurait été pardonnable
en 2007 ou 2008 l'est forcément un peu moins de nos jours. Le pire
revient au saut et surtout à la manière de s'accrocher aux
différentes parois. On ne peut pas s'agripper quelque part sans
appuyer sur le bouton rond auparavant. Sinon, on passe au travers, ou
on ne s'accroche pas. Ce n'est pas instinctif du tout, et surtout,
pas digne d'une console comme la PS3. Et une fois accroché, si on
saute, il faut tout de même réappuyer sur rond pour s'agripper à
nouveau au même endroit. Ce qui passait il y a sept ans ne passe
plus forcément bien maintenant. A ces défauts s'ajoutent des
passages, peu heureusement, au Sixaxis, la reconnaissance de
mouvement de la DualShock 3, qui comme on l'imagine sont assez peu
maniables. Comme quoi, innovation ne rime pas forcément avec bon. On
note aussi que la hitbox de certains coups de boss est un peu
foireuse, ce qui fait qu'on se prend parfois des coups alors qu'on ne
se fait pas réellement toucher. Pourtant, la difficulté du jeu
n'est pas bien grande, pensée pour les plus jeunes probablement.
C'est bien aussi, puisque l'on peut parcourir le jeu et le finir sans
trop de problème, pour en profiter pleinement, mais les joueurs à
la recherche de défi risquent d'être déçus. Au final, rien ne
vient vraiment entacher la maniabilité, mais cette logique PS2 est
malgré tout assez pesante, empêchant le jeu de décoller réellement
de ce qu'il aurait pu être.
Pas inintéressant, bourré
d'humour, et à l'aspect visuel toujours aussi plaisant, Sly Cooper :
Voleurs à travers le Temps ne nie en rien ses origines sur PS2, et
c'est bien là son plus grand défaut. Les nouveautés sont agréables
et apportent un vent de fraîcheur au titre, mais malgré tout, on ne
peut pas s'empêcher de pester contre certains problèmes. De voyage
dans le passé il est question, et c'est en effet le cas, puisque ce
nouvel opus nous ramène dans le passé, sept ans en arrière. Une
époque où la plate-forme 3D nous proposait de grandes expériences.
Ce Sly Cooper n'en est peut-être pas une, mais il en a tous les
ingrédients, et au début de la PS3, il aurait été génial. Les
années ont passé, la magie opère toujours, mais moins. L'univers
du jeu séduira les joueurs à coup sûr, et son faible prix aussi.
Il serait alors bête de s'en priver. Il est simplement dommage que
la formule d'auparavant ne soit plus aussi magique aujourd'hui.
15/20
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