mercredi 27 mars 2013

Test The Walking Dead : Survival Instinct

Tandis que certains jouent à Bioshock Infinite, d'autres jouent à un autre FPS, adapté d'une série phare du petit écran. Pourquoi faire dans l'originalité quand on peut se reposer sur une licence qui fait ses preuves ? Et puis, The Walking Dead a déjà eu le droit à une première adaptation en jeu vidéo fort réussie, alors pourquoi ce deuxième essai serait-il mauvais ? Oui, pourquoi ? Eh bien on va vous le dire tout de suite.

Avant d'être une série culte de la chaîne américaine AMC, puis un excellent jeu vidéo, puis cette adaptation d'Activision, The Walking Dead est un roman graphique américain, une réflexion sur l'être humain en société avec pour fond une invasion de zombies. Comme les films de Romero finalement, qui sont des critiques de la société avant d'être des films de genre. La série The Walking Dead a du mal à retranscrire cette ambiance, et certaines phases « vie de famille en société » ne sont pas forcément folichonnes, mais peu importe, on n'est là pour parler du jeu. Du jeu inspiré de la série. Oui, The Walking Dead : Survival Instinct est tiré de la série, et non du comics. Le titre original, qui apparaît sur le menu d'accueil, est d'ailleurs « amc The Walking Dead », ce qui prouve bien que l'on est dans l'adaptation de la série. Quant aux personnages, ce sont les frères Dixon, Merle et Daryl, créés pour le show télé justement. On incarnera uniquement Daryl durant l'aventure, mais rapidement, on va n'en avoir pas grand chose à faire. L'histoire se déroule avant celle de la série, ce qui aurait pu être l'occasion d'en apprendre plus sur les deux personnages. Voilà, vous savez tout ce qu'il faut savoir, il est temps de débuter.

Wahou, que c'est beau ! Malgré quelques textures un peu dégueulasses, on ne s'attendait vraiment pas à trouver un jeu aussi beau sur Wii. Et... Ah... Le jeu tourne sur les consoles de génération actuelle... Ok... Inutile de se leurrer, d'essayer de feinter, ou de trouver des excuses, The Walking Dead : Survival Instinct est tout simplement laid à en pleurer. Moche comme rarement possible, le jeu est tout simplement indigne des consoles sur lequel il est proposé. Textures bâclées au point de ressembler parfois à de la Playstation, la première, graphismes moches, animations rigides et bugs à foison, voici le programme. Et certains bugs sont réellement inacceptables. Des portes de toilettes qui s'ouvrent en traversant les cuvettes, des zombies qui disparaissent ou traversent des éléments du décors, ou encore des pans entiers de décors qui s'envolent, on a l'impression que les développeurs ont réunis le pire de la Nintendo 64 et de la Playstation pour les mettre dans leur jeu. Et s'il n'y avait que ça, ça irait encore, malheureusement ce n'est pas tout. Certes, c'est moche, mais comme si ce n'était pas suffisant, il faut en rajouter. Les zombies, totalement ratés, sont environ au nombre de huit. Non pas qu'il y en ait jamais plus de huit à l'écran, mais ce sont tous des clones. Il n'est pas rare de tuer deux fois le « même » à la suite. Quelle joie ! Heureusement, les décors varient. Non, ce n'est pas vrai. Les environnements sont répétitifs à souhait et totalement génériques. On a la ferme isolée, et la ville abandonnée, et à l'exception de rares lieux différents, c'est toujours la même chose. Des voitures vides partout, des zombies, et des décors laids et sans âmes. Plutôt cool non ? Seul les présences de Norman Reedus et Michael Rooker viennent rattraper le tout. Les deux acteurs prêtent leurs voix au personnages, ceux qu'ils incarnent dans la série, et que l'on supporte dans le jeu. Les musiques ne sont pas déplaisantes non plus, surtout lorsqu'elles sont reprises de la série, mais pour le reste, il n'y a rien à rattraper. Les bruitages sont à la ramasse, qu'il s'agisse du bruit des armes, ou pire, des grognements des zombies qui ressemblent à des gremlins. Bref, rien de bien passionnant. Inutile de s'attarder sur la mise en scène du titre, les rares cinématiques présentes se contentant du strict minimum, et encore.

 Oh ben t'as l'air frais toi!

La réalisation ne fait pas tout dans un jeu, il y a aussi et surtout le gameplay qui joue un rôle important. Activision semble l'avoir compris, et propose des idées intéressantes qui collent bien avec l'univers du jeu. Il est par exemple nécessaire de récolter le plus possibles de ressources ; vivres, essence ou munitions ; afin de ne jamais se retrouver en rade. Le jeu consiste d'ailleurs à se déplacer d'un point à un autre sur une carte afin d'effectuer des missions. Une fois finie, on reprend sa voiture, et l'on va ailleurs. Sauf que si l'on a pas assez d'essence, c'est la panne sèche assurée, et il faut en trouver assez là où on se trouve afin de repartir. Il faut d'ailleurs choisir sa route, selon la consommation d'essence, le risque de panne de batterie, et la possibilité de trouver des ressources. Bonne idée, qui fera prendre des décisions selon sa manière de jouer. De même, au cours du jeu, il est possible de rencontrer d'autres survivants qui peuvent se joindre à nous. On ne peut toutefois en avoir avec soi que selon le nombre de places disponibles dans la voiture, et il faut parfois choisir ceux que l'on va garder, ou que l'on va abandonner. Tous ont des capacités différentes, et pendant que l'on part en missions, on peut les envoyer chercher des ressources, dans l'espoir de les retrouver vivant au retour, ce qui n'est pas sûr. En voilà de bonnes idées ! Sur le papier sûrement, mais dans le jeu, bien moins. Elles sont bonnes, mais elles ne sont en rien exploitées, au point de devenir des idées, et c'est tout, sans réel impact sur le gameplay. Le principe d'essence est très vite casse-pied, puisque l'on en a rarement assez, et l'on s'arrête constamment sur la route pour en trouver. Le choix des routes est tellement peu intéressant, que l'on prendra sans cesse la route au possibilité moyenne, histoire de ne pas se prendre la tête. Quant aux survivants, le principe est bon, mais on en a finalement rien à faire. Comme des ustensiles dans un inventaire, on s'en sert sans s'en soucier, s'ils crèvent, tant pis, rien ne sera là pour nous en rappeler la tristesse, et si l'on doit en abandonner un, c'est la même chose. Ou comment avoir des idées, mais n'en avoir rien à foutre et les intégrer au développement juste parce que c'est prévu.

 Ces QTEs sont pires que Satan!

Qu'on se le dise, le reste du gameplay ne sauve pas cette sous-exploitation d'idées brillantes. The Walking Dead : Survival Instinct est un FPS qui semble dater du début des années 2000 avec pour rares nouveautés des phases de jeu façon Call of Duty moderne. Enfin, moderne, dans la version 2007. Une fois arrivé dans un lieu, on avance là ou la flèche de la boussole nous indique d'aller, on trouve l'objet ou la personne voulue, puis on avance à nouveau afin de trouver un objet ou un survivant, puis soit on continue, soit c'est fini. Voilà, c'est aussi simple que ça. Bienvenue en 1999 ! Une mission consiste même à aller retrouver le chat d'une vieille dame, afin de le lui rendre, et c'est tout. Génial ! Parce qu'il faut savoir que, par souci de trop de cohérence sûrement, on rencontre souvent des survivants, seuls et sans armes, au milieu de zombies, mais qui résistent, tranquillement. Quant à notre héros, il peut trimbaler trente-huit objets sur lui sans que cela le dérange. À tel point que pour pousser certains objets, ou simplement interagir avec, il n'y a aucune animation du personnage. Evidemment, le level design est horriblement daté, donnant de fausses perceptions de liberté aux joueurs, alors qu'il n'en est rien. On découvre rapidement qu'il n'y a pas trente-six solutions, et que les murs invisibles sont légions. Il n'y a parfois même pas d'effort pour créer une barrière honteuses avec des objets du décor, parfois on ne peut juste pas avancer... Dans du vide. Heureusement, il y a les zombies. Enfin... Là où dans un jeu normal, les zombies sont censés faire peur, ils sont ici tous plus laids et idiots les uns les autres. Cela est dû à une intelligence artificielle totalement bâclée et le plus souvent aléatoire. On peut passer tranquillou devant ou à côté sans problème, et parfois se faire repérer alors qu'on est hyper discret. Le bruit, la lumière, ou l'odeur sont des critères qui en théorie doivent les attirer, mais plus on avance dans le jeu, plus on se rend compte que tout ça n'est pas forcément à prendre en compte tant les réactions sont aléatoires. Les zombies sont tout simplement cons ! Voilà, c'est dit. Il suffit de courir un peu pour leur échapper. Et quand on doit les affronter, c'est à coup de batte/couteau/marteau qui nécessitent plusieurs coups pour achever les morts-vivants, qui attendent patiemment qu'on les frappe, ou avec un fusil/revolver/arbalète qui n'ont besoin que d'un seul headshot (oui, tirer ailleurs de leur fait rien). Bon, et puis pendant qu'on y est, il y a bien entendu des QTEs. Enfin, un seul type, dans une seule circonstance, et qui deviendra votre pire ennemi. Dès qu'un zombie vous attaque au corps à corps, il n'y a plus qu'un moyen de s'en sortir, agiter la joystick dans le bon sens pour viser la tête du mort-vivant, et appuyer sur une des gâchettes au bon moment, afin de le tuer en un coup. D'une, c'est infaisable, c'est juste chiant, mais ce qu'il y a de pire, c'est qu'une fois que l'on passe en ce mode, tous les zombies présents devront être exécutés de cette même manière ! Il n'y a aucun moyen de s'en sortir autrement. Tous les zombies attendent donc patiemment leur tour avant de se faire tuer. Et encore, quand on se débat on perd toujours un peu de vie, donc quand le nombre de zombie devient totalement exagéré, dépassant parfois les dix (tout le monde sait que les zombies attendent à la queue leu leu plutôt que d'attaquer en groupe), on ne peut plus s'en sortir vivant. Chouette ! Et sinon, comme les zombies sont cons, on peut bien entendu « s'infiltrer » derrière eux pour les tuer d'un coup de couteau, façon Call of Style. Qu'il est bon ce réalisme et qu'elle est géniale cette cohérence dans le jeu.

Inutile d'en dire plus, vous l'aurez compris, The Walking Dead : Survival Insticnt est un jeu exécrable, développé à la va-vite dans l'espoir de faire du fric sur le dos des joueurs naïfs. Véritable purge, le jeu est moche et propose une expérience de jeu qu'il serait simple de résumer par le mot supplice. Il y a bien de bonnes idées, mais elles sont là pour faire jolies et n'ont pas de réel impact sur un gameplay qui en aurait bien eu besoin tant il est mauvais. En plus d'être un FPS raté, le titre est une adaptation honteuse de la série, que seul certains points sonores rattrapent un peu. Les développeurs mériteraient d'être fouettés nus sur une place publique pour cet outrage à la série. Les zombies n'ont jamais été aussi ridicules, ressemblant à des morts-vivants pédophiles (il leur manque juste le « viens dans mes bras » pour le faire) sortis d'un mauvais train fantôme. Pour le coup, le jeu est bien plus mort que vivant. The Walking Dead : Survival Instinct porte finalement bien son nom. L'instinct de survie est présent. Pas celui de fuir les zombies, non, celui de fuir ce jeu.

5/20

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