Tandis que certains jouent à
Bioshock Infinite, d'autres jouent à un autre FPS, adapté d'une
série phare du petit écran. Pourquoi faire dans l'originalité
quand on peut se reposer sur une licence qui fait ses preuves ?
Et puis, The Walking Dead a déjà eu le droit à une première
adaptation en jeu vidéo fort réussie, alors pourquoi ce deuxième
essai serait-il mauvais ? Oui, pourquoi ? Eh bien on va
vous le dire tout de suite.
Avant d'être une série
culte de la chaîne américaine AMC, puis un excellent jeu vidéo,
puis cette adaptation d'Activision, The Walking Dead est un roman
graphique américain, une réflexion sur l'être humain en société avec pour
fond une invasion de zombies. Comme les films de Romero finalement,
qui sont des critiques de la société avant d'être des films de
genre. La série The Walking Dead a du mal à retranscrire cette
ambiance, et certaines phases « vie de famille en société »
ne sont pas forcément folichonnes, mais peu importe, on n'est là
pour parler du jeu. Du jeu inspiré de la série. Oui, The Walking
Dead : Survival Instinct est tiré de la série, et non du
comics. Le titre original, qui apparaît sur le menu d'accueil, est
d'ailleurs « amc The Walking Dead », ce qui prouve bien
que l'on est dans l'adaptation de la série. Quant aux personnages,
ce sont les frères Dixon, Merle et Daryl, créés pour le show télé
justement. On incarnera uniquement Daryl durant l'aventure, mais
rapidement, on va n'en avoir pas grand chose à faire. L'histoire se
déroule avant celle de la série, ce qui aurait pu être l'occasion
d'en apprendre plus sur les deux personnages. Voilà, vous savez tout
ce qu'il faut savoir, il est temps de débuter.
Wahou, que c'est beau !
Malgré quelques textures un peu dégueulasses, on ne s'attendait
vraiment pas à trouver un jeu aussi beau sur Wii. Et... Ah... Le jeu
tourne sur les consoles de génération actuelle... Ok... Inutile de
se leurrer, d'essayer de feinter, ou de trouver des excuses, The
Walking Dead : Survival Instinct est tout simplement laid à en
pleurer. Moche comme rarement possible, le jeu est tout simplement
indigne des consoles sur lequel il est proposé. Textures bâclées
au point de ressembler parfois à de la Playstation, la première,
graphismes moches, animations rigides et bugs à foison, voici le
programme. Et certains bugs sont réellement inacceptables. Des
portes de toilettes qui s'ouvrent en traversant les cuvettes, des
zombies qui disparaissent ou traversent des éléments du décors, ou
encore des pans entiers de décors qui s'envolent, on a l'impression
que les développeurs ont réunis le pire de la Nintendo 64 et de la
Playstation pour les mettre dans leur jeu. Et s'il n'y avait que ça,
ça irait encore, malheureusement ce n'est pas tout. Certes, c'est
moche, mais comme si ce n'était pas suffisant, il faut en rajouter.
Les zombies, totalement ratés, sont environ au nombre de huit. Non
pas qu'il y en ait jamais plus de huit à l'écran, mais ce sont tous
des clones. Il n'est pas rare de tuer deux fois le « même »
à la suite. Quelle joie ! Heureusement, les décors varient.
Non, ce n'est pas vrai. Les environnements sont répétitifs à
souhait et totalement génériques. On a la ferme isolée, et la ville
abandonnée, et à l'exception de rares lieux différents, c'est
toujours la même chose. Des voitures vides partout, des zombies, et
des décors laids et sans âmes. Plutôt cool non ? Seul les
présences de Norman Reedus et Michael Rooker viennent rattraper le
tout. Les deux acteurs prêtent leurs voix au personnages, ceux
qu'ils incarnent dans la série, et que l'on supporte dans le jeu.
Les musiques ne sont pas déplaisantes non plus, surtout lorsqu'elles
sont reprises de la série, mais pour le reste, il n'y a rien à
rattraper. Les bruitages sont à la ramasse, qu'il s'agisse du bruit
des armes, ou pire, des grognements des zombies qui ressemblent à
des gremlins. Bref, rien de bien passionnant. Inutile de s'attarder
sur la mise en scène du titre, les rares cinématiques présentes se
contentant du strict minimum, et encore.
Oh ben t'as l'air frais toi!
La réalisation ne fait pas
tout dans un jeu, il y a aussi et surtout le gameplay qui joue un
rôle important. Activision semble l'avoir compris, et propose des
idées intéressantes qui collent bien avec l'univers du jeu. Il est
par exemple nécessaire de récolter le plus possibles de
ressources ; vivres, essence ou munitions ; afin de ne
jamais se retrouver en rade. Le jeu consiste d'ailleurs à se
déplacer d'un point à un autre sur une carte afin d'effectuer des
missions. Une fois finie, on reprend sa voiture, et l'on va ailleurs.
Sauf que si l'on a pas assez d'essence, c'est la panne sèche
assurée, et il faut en trouver assez là où on se trouve afin de
repartir. Il faut d'ailleurs choisir sa route, selon la consommation
d'essence, le risque de panne de batterie, et la possibilité de
trouver des ressources. Bonne idée, qui fera prendre des décisions
selon sa manière de jouer. De même, au cours du jeu, il est
possible de rencontrer d'autres survivants qui peuvent se joindre à
nous. On ne peut toutefois en avoir avec soi que selon le nombre de
places disponibles dans la voiture, et il faut parfois choisir ceux
que l'on va garder, ou que l'on va abandonner. Tous ont des capacités
différentes, et pendant que l'on part en missions, on peut les
envoyer chercher des ressources, dans l'espoir de les retrouver
vivant au retour, ce qui n'est pas sûr. En voilà de bonnes idées !
Sur le papier sûrement, mais dans le jeu, bien moins. Elles sont
bonnes, mais elles ne sont en rien exploitées, au point de devenir
des idées, et c'est tout, sans réel impact sur le gameplay. Le
principe d'essence est très vite casse-pied, puisque l'on en a
rarement assez, et l'on s'arrête constamment sur la route pour en
trouver. Le choix des routes est tellement peu intéressant, que l'on
prendra sans cesse la route au possibilité moyenne, histoire de ne
pas se prendre la tête. Quant aux survivants, le principe est bon,
mais on en a finalement rien à faire. Comme des ustensiles dans un
inventaire, on s'en sert sans s'en soucier, s'ils crèvent, tant pis,
rien ne sera là pour nous en rappeler la tristesse, et si l'on doit
en abandonner un, c'est la même chose. Ou comment avoir des idées,
mais n'en avoir rien à foutre et les intégrer au développement
juste parce que c'est prévu.
Ces QTEs sont pires que Satan!
Qu'on se le dise, le reste
du gameplay ne sauve pas cette sous-exploitation d'idées brillantes.
The Walking Dead : Survival Instinct est un FPS qui semble dater
du début des années 2000 avec pour rares nouveautés des phases de
jeu façon Call of Duty moderne. Enfin, moderne, dans la version
2007. Une fois arrivé dans un lieu, on avance là ou la flèche de
la boussole nous indique d'aller, on trouve l'objet ou la personne
voulue, puis on avance à nouveau afin de trouver un objet ou un survivant,
puis soit on continue, soit c'est fini. Voilà, c'est aussi simple
que ça. Bienvenue en 1999 ! Une mission consiste même à aller
retrouver le chat d'une vieille dame, afin de le lui rendre, et c'est
tout. Génial ! Parce qu'il faut savoir que, par souci de trop
de cohérence sûrement, on rencontre souvent des survivants, seuls
et sans armes, au milieu de zombies, mais qui résistent,
tranquillement. Quant à notre héros, il peut trimbaler trente-huit
objets sur lui sans que cela le dérange. À tel point que pour
pousser certains objets, ou simplement interagir avec, il n'y a
aucune animation du personnage. Evidemment, le level design est horriblement daté, donnant de fausses perceptions de
liberté aux joueurs, alors qu'il n'en est rien. On découvre
rapidement qu'il n'y a pas trente-six solutions, et que les murs
invisibles sont légions. Il n'y a parfois même pas d'effort pour
créer une barrière honteuses avec des objets du décor, parfois on
ne peut juste pas avancer... Dans du vide. Heureusement, il y a les
zombies. Enfin... Là où dans un jeu normal, les zombies sont censés
faire peur, ils sont ici tous plus laids et idiots les uns les
autres. Cela est dû à une intelligence artificielle totalement
bâclée et le plus souvent aléatoire. On peut passer tranquillou
devant ou à côté sans problème, et parfois se faire repérer
alors qu'on est hyper discret. Le bruit, la lumière, ou l'odeur sont
des critères qui en théorie doivent les attirer, mais plus on
avance dans le jeu, plus on se rend compte que tout ça n'est pas
forcément à prendre en compte tant les réactions sont aléatoires.
Les zombies sont tout simplement cons ! Voilà, c'est dit. Il
suffit de courir un peu pour leur échapper. Et quand on doit les
affronter, c'est à coup de batte/couteau/marteau qui nécessitent
plusieurs coups pour achever les morts-vivants, qui attendent
patiemment qu'on les frappe, ou avec un fusil/revolver/arbalète qui
n'ont besoin que d'un seul headshot (oui, tirer ailleurs de leur fait
rien). Bon, et puis pendant qu'on y est, il y a bien entendu des QTEs. Enfin, un seul type, dans une seule circonstance, et qui deviendra
votre pire ennemi. Dès qu'un zombie vous attaque au corps à corps,
il n'y a plus qu'un moyen de s'en sortir, agiter la joystick dans le
bon sens pour viser la tête du mort-vivant, et appuyer sur une des
gâchettes au bon moment, afin de le tuer en un coup. D'une, c'est
infaisable, c'est juste chiant, mais ce qu'il y a de pire, c'est
qu'une fois que l'on passe en ce mode, tous les zombies présents
devront être exécutés de cette même manière ! Il n'y a aucun
moyen de s'en sortir autrement. Tous les zombies attendent donc
patiemment leur tour avant de se faire tuer. Et encore, quand on se
débat on perd toujours un peu de vie, donc quand le nombre de zombie
devient totalement exagéré, dépassant parfois les dix (tout le
monde sait que les zombies attendent à la queue leu leu plutôt que
d'attaquer en groupe), on ne peut plus s'en sortir vivant. Chouette !
Et sinon, comme les zombies sont cons, on peut bien entendu
« s'infiltrer » derrière eux pour les tuer d'un coup de
couteau, façon Call of Style. Qu'il est bon ce réalisme et qu'elle
est géniale cette cohérence dans le jeu.
Inutile d'en dire plus, vous
l'aurez compris, The Walking Dead : Survival Insticnt est un jeu
exécrable, développé à la va-vite dans l'espoir de faire du fric
sur le dos des joueurs naïfs. Véritable purge, le jeu est moche et
propose une expérience de jeu qu'il serait simple de résumer par le
mot supplice. Il y a bien de bonnes idées, mais elles sont là pour
faire jolies et n'ont pas de réel impact sur un gameplay qui en
aurait bien eu besoin tant il est mauvais. En plus d'être un FPS raté, le titre est une adaptation honteuse de la série, que seul
certains points sonores rattrapent un peu. Les développeurs
mériteraient d'être fouettés nus sur une place publique pour cet
outrage à la série. Les zombies n'ont jamais été aussi ridicules,
ressemblant à des morts-vivants pédophiles (il leur manque juste le
« viens dans mes bras » pour le faire) sortis d'un
mauvais train fantôme. Pour le coup, le jeu est bien plus mort que
vivant. The Walking Dead : Survival Instinct porte finalement
bien son nom. L'instinct de survie est présent. Pas celui de fuir
les zombies, non, celui de fuir ce jeu.
5/20
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