On a de la chance en France, on possède de très bonnes
séries. Non, je ne parle pas des Joséphine Ange gardien, Plus belle la Vie, et
autres Scènes de Ménage. Mais il faut reconnaître que l’arrivée de Kaamelott a
bousculé nos habitudes. Un savant mélange de comédie, de légende, et même de
science-fiction parfois. Une réussite totale menée de main de maître par le
brillant Alexandre Astier. Et dans la famille Astier, je demande le frère.
Enfin, le demi-frère plutôt. Vous savez, Simon Astier. Celui qui interprète
Yvain le chevalier au Lion dans Kaamelott. Eh bien c’est le demi-frère
d’Alexandre Astier. Ça se voit en même temps. Et si je le demande, c’est pour
une bonne raison. Il n’a pas que Kaamelott à son actif, non, et bien
heureusement. Parce que le petit frère du Roi Arthur n’est pas qu’un simple
acteur de talent. Il est aussi scénariste et réalisateur.
C’est ainsi qu’avec son ami, acteur et scénariste lui aussi,
Alban Lenoir, il va créer la série Hero Corp. Une série de super-héros. En
France. Eh bien oui, c’est possible ! Il suffit d’avoir le talent
d’écriture qui va avec, une bonne réalisation, de bons acteurs, et hop, le tour
est joué ! Et autant ne pas faire durer le suspense plus longtemps, autant
le dire tout de suite, tout est réuni ici pour faire de cette série une
véritable réussite. On voit que chez les Astier, le talent, c’est contagieux.
Et c’est tant mieux.
Au début des années 80, une guerre entre les super-héros et
les grands vilains méchants fit rage.
Une fois terminée, une agence fut créée afin de répertorier tous les
super-héros, et différents sites furent aménagés un peu partout à travers le
monde. Cette agence, c’est Hero Corp. Elle a pour but de gérer ses super-héros
et de faire régner la paix. Sauf que la vie de super-héros n’est pas aussi
super qu’on pourrait le croire… Et puis, en vingt-cinq ans, les anciennes
gloires ont vieillies, et leurs pouvoirs avec. Quant aux plus jeunes, ils ne
sont pas forcément bien formés, ou leurs pouvoirs ne sont pas forcément si extraordinaires
que ça. Cependant, lorsque le plus grand super vilain de tous les temps, The Lord,
réapparaît, il faut agir.
John, environ vingt-cinq ans, est orphelin. Il a été élevé
par sa tante, Mary. Cela fait toutefois dix ans qu’il n’a plus aucun contact
avec elle, ayant quitté son seul cocon familial dans son adolescence. Lorsqu’on
lui apprend le décès de sa tante, il part pour les funérailles, dans un village
paumé de Lozère, dans l’intention d’y rester juste quelques jours avant de
repartir. Ce qu’il ne sait pas, c’est que c’est tout autre chose qui l’attend.
John est un super-héros, et selon une prophétie, c’est lui qui est censé sauver
le monde. Oui, rien que ça. Il ne reste plus qu’à lui apprendre la nouvelle, à
accepter sa nouvelle condition, à connaître et maîtriser son pouvoir, et à
réussir sa mission. Sauf que dans ce petit village de Lozère, ce sont les
retraités et les petits nouveaux qui font office de super-héros. Pratique
non ?
Hero Corp aurait pu être une simple série humoristique sur
des super-héros moisis et vieillissant. Sauf que la volonté de Simon Astier va
bien plus loin. Bien sûr, à la base c’est une série comique, mais c’est avant
tout une série de super-héros. Il y a donc de l’aventure, de l’action, des
pouvoirs, et des rebondissements à n’en plus finir. La grande force de Hero
Corp, c’est de s’incruster dans une réalité pleinement existante, et non pas
dans un Metropolis ou Gotham City fictif. Et si la Lozère ne semble pas
réellement l’endroit le plus propice à ce genre d’histoire, force est de
constater que l’ensemble passe très bien. A savoir que les lieux de déroulement
de l’histoire vont évoluer peu à peu, ce qui empêche un désintéressement au fil
du temps.
Mais si on reste accroché à Hero Corp, c’est par son univers
et tout ce background qui a été créé. On n’est pas juste dans un village pourri
avec des vieux aux pouvoirs foireux. Un peu, au début, mais très vite on se
sent pris dans l’histoire, qui évolue de façon constante. Et puis, Hero Corp,
c’est un véritable hommage aux héros de notre enfance et aux comics. Il y a une
véritable volonté de faire une série de super-héros sérieuse, sur fond
humoristique. Dès les génériques, façon bande dessinée américaine, qui mettent
dans l’ambiance. Ou encore grâce à divers éléments, comme les journaux de news
sur les super-héros, qui sont en réalité des comics. On ne se sent finalement
pas tant que ça dépaysé. Et puis, c’est aussi tout le décalage autour des
super-héros et de leurs pouvoirs qui donne le ton et permet de bien entrer dans
la série et son univers qui n’est en rien laissé au hasard. Captain Shampooing,
Chauve-Souris Man, Captain Sports Extrêmes, et j’en passe des meilleurs comme
des pires. Tous ont des pouvoirs, tous sont des super-héros, et tous ont leur
passé et leur histoire à eux, bien barré le plus souvent, mais aussi plus
sérieux. Après tout, les super-héros ont eux aussi leurs problèmes.
Mais la véritable puissance de Hero Corp, c’est de proposer
une histoire solide, qui remplit son contrat de série de super-héros, avec ses
scènes d’action, ses pouvoirs, ses rebondissements, ses
méchants vraiment méchants, et j’en passe. Il ne faut pas voir en la série une
simple parodie d’histoire de super-héros. Derrière cette façade de série
humoristique se cache un véritable potentiel de série dramatique et plus
sérieuse. On y retrouve d’ailleurs énormément de thématiques propres au genre,
comme l’acceptation de soi, la découverte de son potentiel, les rites
d’initiations, la mort, la peur, la faiblesse, etc… Oui, dit comme ça, ça peut
paraître ennuyeux, mais ça ne l’est pas du tout. S’il faut avouer que la
première saison prend son temps, et ne décolle que vers la fin, la suite envoie
du très très lourd. On passe de la série rigolote sur les super-héros désuets à
la série fantastique d’aventure avec suspense, action, émotion, et tout ce que
l’on attend de ce genre de série. Tout s’emballe, il n’y a plus de temps mort,
et l’on est constamment scotché devant son écran pour savoir ce qui va arriver. Les
épisodes sont riches en rebondissements, et nous offrent des révélations à n’en
plus finir qui feraient passer le « Je suis ton père » de Darth Vader
pour un classique éculé. Sans oublier les fins d’épisodes qui se concluent sur
des cliffhangers de ouf. Il y a vraiment de quoi se faire plaisir, sans voir le
temps passer. Parce que chaque saison est constituée de quinze épisodes de
vingt-cinq minutes. C’est peu, mais mieux vaut privilégier la qualité à la
quantité.
Evidemment, qui dit Astier dit forcément invités de prestige. Dans
Kaamelott on a eu le droit à un beau gratin d’acteurs. Il y en a évidemment
moins dans Hero Corp, mais c’est déjà assez pour être plaisant. On retrouve
bien évidemment la famille. Lionel Astier (Léodagan, son père en vrai),
Alexandre Astier (Arthur, mais son demi-frère dans la vie), ou encore Josée
Drevon (la mère d’Arthur, mais la mère de Simon Astier dans la réalité), mais
aussi d’autres acteurs connus de la série, tel que Christian Bujeau, le fameux
maître d’armes. Tous les invités ne sont pas nécessairement passés dans
Kaamelott au préalable évidemment, mais il est toujours intéressant de voir ces
têtes, souvent connues, faire une simple apparition, ou tenir un plus grand
rôle. On n’est loin d’Amel Bent et de son « rôle » dans Scènes de
Ménage, et ça fait plaisir de voir des acteurs qui s’amusent, tout en prenant
leur interprétation au sérieux. C’est bien là la preuve d’une grande série,
non ?
L'aspect Comics est bien présent, dès le générique
Vous l’aurez compris, Hero Corp est une série à voir
absolument. Hommage aux comics, aux séries et aux films de genre, sous la
façade de comédie pouet pouet se cache une réelle aventure de super-héros.
C’est un peu comme si ce côté humoristique était Clark Kent, et l’aspect
fantastique Superman. On dissimule son identité pour mieux dévoiler ensuite la
vérité, plus puissante. Bien sûr, tout n’est pas exempt de défauts, comme de
rares jeux d’acteurs un poil en dessous des autres, ou quelques scènes un brin
moins bien réalisées, mais devant l’ampleur d’une telle série, on ne peut que
s’agenouiller et remercier ses créateurs. Entre son humour absurde qui colle
parfaitement à l’ambiance, son ton décalé, et son ambiance héroïque bien
présente, ce serait dommage de passer à côté.
La deuxième saison s’est terminée en 2010, et puis plus
rien. Heureusement, après des années de doutes et d’absence, on a appris
récemment qu’une troisième saison verra le jour, probablement grâce au soutien
et aux actions des fans. Pas de dates, mais pourquoi pas été ou automne 2013.
L’important, c’est que cette saison existe, surtout quand on voit la fin de la
saison 2 et son fameux « à suivre… » totalement fou et surprenant. Qui
sont les gentils, qui sont les méchants, que se passe-t-il ? On en aura je
l’espère des réponses dans cette nouvelle saison. A savoir aussi qu’une bande
dessinée adaptée de la série sortira bientôt. On ne peut pas mieux faire comme produit dérivé du
fait des inspirations. Enfin bon, voilà, vous savez ce qu’il vous reste à
faire. Un coffret regroupant les deux premières saisons est sorti, au prix de
29,99 euros. Ça fait moins d’un euro l’épisode, le tout avec presque dix heures
de bonus, et dans un beau packaging. Un beau cadeau pour Noël. Qu'on se le dise, il y a bien trois séries françaises à ne pas louper. Kaamelott, Le Visiteur du Futur, et Hero Corp. Et le point commun entre les trois c’est… Simon Astier.
Coïncidence ? Je ne crois pas.
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