mercredi 22 février 2012

Test Asura’s Wrath

Il y a des choses qui mettent en colère dans la vie. Casser la mine de son dernier crayon alors qu’on a paumé son taille-crayon la semaine précédente. Perdre sa sauvegarde de Final Fantasy. Ou simplement se cogner le petit orteil contre le pied de la table. Pour Asura, ce qui le met en colère, c’est le meurtre de sa femme et l’enlèvement de sa fille après avoir été victime d’un complot. Pas de quoi s’énerver pour ça, mais bon, il faut bien un prétexte pour démarrer un jeu. Asura donc, un dieu figurant parmi les huit divinités du monde, est très en colère, et sa vengeance ne va pas rester dissimulée. Au contraire, quand il est pas content le monsieur, il le montre, et ça fait mal.

 Pas content le monsieur

Tout commence tranquillement, enfin presque, pour Asura. Lui est ses comparses, les sept autres dieux, doivent protéger la Terre d’un vilain démon. Directement Asura se lance à corps perdu dans la bataille, mitraillant la bête, lui infligeant de grands coups, et finalement, triomphant. Tout va donc très bien dans le meilleur des mondes. Asura rentre alors, retrouve sa femme, sa fille, et tout le monde est content. On se croirait presque dans 7 à la maison. Le problème dans les jeux vidéo, c’est que si tout va bien, en plus de ne pas y avoir d’histoire, on s’ennuie. C’est pour ça que soudain, tout bascule. Asura retrouve le cadavre du grand empereur, sans se rappeler de ce qui s’est passé, et ses mains sont en plus couvertes de sang. Evidemment, il est accusé du meurtre. Il court retrouver sa femme, mais encore une fois, il trouve un cadavre. Sa femme et morte, et de surcroît sa fille a été enlevée. Retrouvé par les autorités, jugé par ses pairs, Asura est banni de la cour des dieux, déchu de son titre. Sa journée finit mal, mais le jeu commence bien. Ainsi débute la quête de la revanche, la volonté d’étancher sa soif de vengeance. Parce qu’Asura est innocent, et on nous le dit, il a été trahi par les autres dieux. Si ça c’est pas un motif d’énervement, franchement.

 C'est du sang sur mes mains?

Asura est en colère, c’est un peu le titre du jeu en même temps, et tout le monde sait qu’une colère divine, ça se remarque. Vous n’avez qu’à demander au égyptiens. Alors ici, pas de sept plaies, non, une seule, mais quelle plaie ! Le genre qu’on n’est pas prêt d’oublier de sitôt, croyez-moi. Surtout que le jeu s’assume dans la démesure nippone à outrance. On joue là-dessus, au point que Dragon Ball en deviendrait presque une fresque réaliste. Quand Asura s’énerve, il fait passer Goku Super Saiyan pour une chiffe molle, et je pèse mes mots. Si je fais la comparaison avec Dragon Ball, c’est qu’elle a lieu d’être. J’en reparlerai plus tard dans ce test.

 La puissance et la démesure

Avant de reparler de Dragon Ball, je pense qu’il est nécessaire de parler de manga. L’analogie entre Asura’s Wrath et une série d’animation japonaise n’a pas lieu d’être, puisque finalement, le dernier né de Capcom est un étrange mélange entre jeu vidéo et manga. Il faut dire que la colère d’Asura est présentée comme tel. Découpé en trois parties, regroupant dix-huit chapitres, il s’agit plutôt d’un nombre d’épisodes à suivre que de différents niveaux à parcourir. D’ailleurs, le jeu l’assume totalement. On entre dans la première cinématique avec un générique issu d’un animé. Pas un générique comme on peut l’imaginer, mais plutôt comme un pilote de série, avec seulement les noms des animateurs qui apparaissent. Chaque chapitre a le droit son propre générique, plus court ensuite, sauf pour ceux de début de partie. Ces chapitres possèdent aussi la fameuse coupure de milieu d’épisode présent dans les mangas. Et bien sûr, ils se terminent tous par un « To be continued… »  précédé d’un cliffhanger haletant. Et pour chaque fin de partie, on a le droit à une fin d’épisode complètement folle, dans lequel notre héros est dans une situation extrême, suivi alors d’un générique de fin long, avec casting, et la mention « Presented by Capcom », tel un studio d’animation avec sa série. En plus de cela, des brefs résumés d’environ 18 secondes (oui, j’ai chronométré) nous installe l’action du chapitre à suivre, tel un teaser. Oui, l’influence manga ici n’est pas juste une influence, mais une prédominance.

 Je vous ai dit qu'il s'agissait d'une production japonaise?

Qui dit manga, dit mise en scène. C’est bien beau de vouloir s’apparenter à un genre, mais si on se contente de la forme, sans le fond, cela est inutile. Dans Asura’s Wrath, aucun problème, quand on fait quelque chose, on y va à fond, un peu comme quand le dieu déchu se met en colère. La mise en scène est donc tout simplement spectaculaire ici. Tout est démesuré, tout est dans l’outrance et l’exagération, mais finalement, c’est ce qui fait le charme des productions japonaises. Le spectacle et le grandiloquent avant tout. On nous montre des combats endiablés ridiculisant presque le mythique Goku contre Freezer, des boss gigantesques, plus gros encore que la Terre, des scènes de bravoure faisant office de nouvelle référence du genre, etc… Le tout sur une musique totalement surpuissante, incroyable, aux dimensions épiques ou émouvantes selon le contexte. Autant dire que niveau visuel et sonore, ça claque sa race comme rarement vu. Non pas que les graphismes soient extraordinairement beaux, mais ce mélange entre réalisme et peinture digne d’un tableau aux traits encore visibles sont du plus bel effet, et sont en concordance totale avec l’univers présenté. Peu de risque de se sentir déconcerté lorsque l’on est fan de manga complètement excessif. Evidemment, le meilleur choix reste de privilégier les voix originales japonaises pour ester dans l’ambiance, surtout qu’elles sont tout simplement grandioses. Un travail assez fabuleux donc, totalement réussi, et parfaitement plaisant.

 Ça me rappelle quelque chose ce genre de combat

Oui, mais voilà, on nous a vendu Asura’s Wrath comme un jeu vidéo, pas comme l’intégrale d’un animé composé de dix-huit épisodes. Alors parlons de ce qu’il est en tant que jeu vidéo. Eh bien pour cela, il faudrait peut-être que j’ai trouvé le jeu, bien dissimulé derrière cet emballage très alléchant. Je suis un peu méchant volontairement, mais il est malheureusement vrai que le titre s’apparente plus à une succession de cinématiques interactives plutôt qu’à un véritable beat’em all, comme on essaye de nous le faire croire. Les rares phases d’action sont finalement peu inventives, peu réjouissantes, et surtout trop répétitives. Cela n’altère en rien la saveur que cela peut procurer, mais c’est assez désolant pour être souligné. On avance, on frappe, on éclate les ennemis, puis on avan… Ah ben non, une nouvelle cinématique vient de démarrer. Le jeu n’est quasiment composé que de scènes illustratives mettant en scène un récit bien posé, alors à peine une partie de baston terminée, hop, une cinématique intervient, et ainsi de suite. Bien sûr, on essaye de varier avec des phases de shoot, c’est pas mauvais, mais ce n’est pas fortement utile, et c’est surtout truffé de… Je vous laisse deviner… Oui, de cinématiques. Il y a bien un mode furie, à déclencher lorsque la jauge est remplie, après avoir donné plein de coups, mais elle s’avère finalement peu réellement utile, servant surtout à mettre fin à un combat. Et puis, il y a les boss. Titanesques, gigantesques, quasi imbattables lorsqu’on les voit. Mais finalement on les combat. Enfin… Les bastons contre les boss se doivent d’être purement démentielles, complètement disproportionnées par rapport à tout le reste, et donc inoubliables. Visuellement, c’est le cas, mais pour ce qui est du gameplay… On frappe parfois, mais la plupart du temps, on se contente d’attendre la même action contextuelle afin de donner un coup plus fort. Pas la peine d’espérer les battre comme ça, ils n’ont pas de jauge de vie, le seul moyen d’en finir et de déclencher le mode furie, qui déclenchera une cinématique ainsi que des actions contextuelles à effectuer. Voilà. Rien de bien folichon en terme de gameplay en fait. Et c’est dommage.

 Une petite phase de shoot

Le reste du jeu, on regarde des cinématiques, et de temps à autres on doit appuyer sur un ou plusieurs boutons. Le pire étant que dans certains cas, si l’on est trop lent à réagir, Asura va quand même effectuer l’action. En gros, on ne sert à rien, mais on cherche à nous stimuler, ou simplement à nous rappeler qu’il s’agit encore d’un jeu. La situation la plus extrême dans ce genre de cas, c’est lorsque soudainement la jauge de furie se remplit, parce que c’est le moment de déclencher la cinématique. Assez déroutant, et en soit, décevant, malgré la bonne volonté des développeurs. On peut aussi citer le cas de certaines phases de gameplay totalement inutiles, juste présente pour faire jeu vidéo. Par exemple, au lieu de commencer directement une cinématique lors de laquelle Asura pénètre dans un village, on va nous imposer une phase de gameplay pendant laquelle on dirige le dieu, en plan fixe, traînant le pas, et marchant tout droit. Ça dure environ vingt secondes, et c’est totalement inutile. Mais bon, c’est un jeu vidéo, il faut bien jouer de temps à autre.

 Un boss, donc des QTE

Composé de dix-huit épisodes, chacun durant entre quinze et trente minutes, environ le temps d’un animé, Asura’s Wrath n’est pas très long. Entre six et huit heures. C’est dommage. D’autant plus que la rejouabilité du titre n’est pas flagrante, puisque l’intérêt principal consiste à en connaître le dénouement, alors une fois terminé. On prendra probablement du plaisir à y revenir, mais plusieurs mois ou années plus tard. Encore une fois, cela est regrettable. Surtout qu’une fois rentré dans l’histoire, on veut en connaître la fin, et donc on est prédisposé à finir le jeu assez rapidement, comme l’on terminerait l’intégrale d’une série de seulement dix-huit épisodes.

 Viens tâter ma lame Asura

Alors qu’en est-il finalement ? Asura’s Wrath transcende un média pour en devenir un autre. Il devient une œuvre hybride, plus proche de l’animation japonaise que du jeu vidéo pur. On a affaire à un très bon animé de qualité, dont on est plus le spectateur que le héros. Il n’en reste pas moins qu’Asura’s Wrath demeure une fresque épique totalement improbable, mais follement grandiose.  On dégustera ce produit plutôt comme l’intégrale d’une série d’animation japonaise que comme un jeu à part entière. Les fans de manga complètement barrés et excessifs trouveront sûrement leur bonheur, les fans de jeu d’action un peu moins.

Un boss gigantesque!!!

Difficile de donner une note à un tel produit. Tout dépend de ses goûts et de ses attentes. Personnellement, je ne suis pas fan d’Asura’s Wrath en tant que jeu tel qu’il est, mais son scénario m’a totalement embarqué, et la qualité indéniable de sa mise en scène démentielle m’a ravi. Il faut tout de même être objectif et admettre que le tout est bancal derrière cet emballage monumental, bien que le titre soit réussi. Au final, l’expérience reste unique, et force est de constater qu’elle nous prend aux tripes, même lorsqu’on ne joue plus.

15/20

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