Si la 3D relief au cinéma
est revenue à la mode à la fin des années 2000, c'est véritablement
Avatar, sorti fin 2009, qui a lancé le phénomène tel qu'il est
aujourd'hui. On peut s'en plaindre, vu que l'on paye souvent 2 à 3
euros de plus par séance pour voir les blockbusters du moment. Mais
voilà, si la 3D est rarement utile, certains films ont été
entièrement pensés pour être tournés puis diffusés (et donc vus) via
ce procédé. Et une question légitime se pose alors : un film
pensé en 3D vaut-il la peine d'être vu plus tard en 2D ?
Cet article n'a pas pour
ambition de parler de la qualité des films, mais
bien de soulever la question des films pensés en 3D et de leur
visionnage en 2D. Aller voir un film en 3D au cinéma, c'est de plus
en plus simple, mais chez soi, à moins d'avoir le matériel
nécessaire, on doit se contenter d'un DVD ou d'un Blu-Ray sur son
écran plat. Plat, car sans 3D... Alors, doit-on quand même regarder
les films qu'on a aimé en 2D, ou tant pis, il faut les voir
seulement au cinéma et s'en contenter ?
Avant de commencer, il faut
préciser que l'on va parler des films pensés en 3D, et non
convertis pour amasser plus de thunes apporter une nouvelle vision tardive en post-production. En gros, on ne parlera pas des productions Marvel, des
deux volets du reboot de la Planète des Singes, des derniers Disney, des derniers Transformers, et donc
de la plupart des blockbusters en 3D actuels. Parce que finalement,
si ça peut être sympa en 3D, en 2D, le spectacle est souvent le
même et il y a peu de différence. On va donc prendre quatre
exemples de films dont la 3D sert la mise en
scène, répartis sur ces cinq dernières années. Avatar de James
Cameron, Hugo Cabret de Martin Scorsese, L'Odyssée de Pi d'Ang Lee,
et Détective Dee 2 : La Légende du Dragon des Mers de Tsui
Hark. Tous ont la particularité d'utiliser de manière très
ingénieuse la 3D relief, de façon différentes, mais toujours
intelligemment. Le problème, c'est qu'une fois qu'on les a vu au
cinéma, avec les grosses lunettes moches fournies (ou celles en
plastique qu'on doit penser à prendre à chaque fois, mais qu'on
oublie tout le temps), eh bien même en ayant adoré le film, on se
demande si on pourra le revoir en 2D.
Détective Dee 2, le film qu'il fallait voir cet été!
Et en 3D s'il vous plaît!
Avatar est le film qui a
démocratisé l'usage de la 3D au cinéma, alors que la mode venait
de revenir. Certains diront que cet outil visuel n'apporte rien au
film, sinon des sous en plus à chaque place achetée, mais ce n'est
pourtant pas vrai. Certes, Avatar n'est pas (ou n'est plus on serait
tenté de dire) le film qui utilise le mieux le procédé de la 3D
relief, mais on sent qu'il a été pensé ainsi avant même le
tournage (de même pour le format Imax). Le plan de la goutte d'eau
au tout début, rien que ce plan, est représentatif de cette volonté
d'apporter quelque chose de nouveau avec le média 3D, que l'on
ressent durant tout le film. Et finalement, cette 3D nuit presque au
film, puisqu'en 2D, il est évident que le film perd de son charme,
malgré sa qualité évidente. Il faut bien se rendre compte
qu'Avatar n'est pourtant pas le film qui souffre le plus de ce manque
de relief. Prenons deux exemples de films dont la mise en scène est
absolument pensée pour la 3D relief : Hugo Cabret et L'Odyssée
de Pi. Au cinéma, l'expérience est totalement géniale, voire
absolument fantastique. Certains plans de L'Odyssée de Pi font
partie des plus beaux jamais réalisées depuis très longtemps, et
surtout, ils sont ceux qui encore à ce jour usent le mieux de la 3D
relief. Ce plan avec les poissons volants est incroyable par exemple,
parce qu'il a été pensé en amont pour être en 3D, avec un format
d'écran qui varie légèrement de ce qu' l'on voit au cinéma. Sauf
que sur sa télé, avec le film en DVD, eh bien tout de suite, c'est
moins impressionnant.
Le film qui utilise le mieux la 3D ? Pour l'instant, oui.
La question est donc
légitime, de savoir si un film pensé en 3D vaut le coup d'être vu
en 2D. Détective Dee 2 par exemple, propose des scènes de combats
et des effets visuels qui sont extraordinaires, mais qui ont
tellement été prévus pour être diffusés en 3D relief, que l'on
est en droit de se demander si le film aurait eu un tel impact en 2D.
Il faudra attendre la sortie en DVD et Blu-Ray pour le savoir (mais
bon, qui va l'acheter, personne n'est aller voir ce chef-d’œuvre au
cinéma!). Mais a-t-on réellement envie de le savoir ? Pourquoi
voir un film alors qu'il est en partie amputé de l'un de ses
procédés de réalisation, et même de narration ? Parce que
oui, un film pensé en 3D visionné en 2D, c'est un film qui n'est
plus entier. Et finalement, on est en droit de préférer uniquement
voir le film dans son intégralité, au cinéma donc.
Alors finalement, que penser
de ces films prévus en amont pour la 3D relief une fois en 2D ?
Méritent-ils d'être vus ? Tout film mérite d'être vu. Mais
il faut bien reconnaître que pour ces quatre exemples (il y en a
d'autres, mais heureusement (ou pas) la 3D n'est encore à ce jour
qu'un gadget la plupart du temps, donc la vision en 2D n'entrave pas
le plaisir), le visionnage en 2D est difficile, voire même
impossible si on a vu le film en 3D auparavant, dans les bonnes
conditions. C'est un peu comme voir The Hobbit chez soi, plutôt
qu'en 3D HFR au cinéma. On perd réellement quelque chose dans la
mise en scène, et cela se ressent. Donc les films pensés en 3D ne
sont pas inutiles en 2D, et oui ils ont un intérêt (pour peu qu'ils
soient bons, mais quand un film est pensé en 3D en amont par un
réalisateur, il y a peu de chance qu'il soit mauvais), mais un
intérêt moindre que dans des conditions de visionnage optimales.
C'est triste à dire, mais il est compréhensible que l'on n'ait pas
envie de revoir L'Odyssée de Pi chez soi en 2D. Les films sont
pensés pour être vus au cinéma, et les meilleures réalisations en
3D sont là pour nous le rappeler.
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