samedi 13 juillet 2013

Pacific Rim : le film de la décennie ?

Guillermo Del Toro, vous connaissez forcément ce nom. Et si vous ne connaissez pas, vous connaissez au moins ses films. Le cinéaste mexicain virtuose est en effet le réalisateur de chefs-d’œuvre tels que Blade II, Le Labyrinthe de Pan, ou encore Hellboy et sa suite monumentale. Après quasiment cinq ans d'absence derrière la caméra, depuis Hellboy II, Del Toro présente enfin son dernier film. Habitué à réaliser des fantasmes de cinéphiles et de geeks, avec Pacific Rim, son nouveau bébé, le réalisateur compte bien aller au-delà encore, là où la jouissance ne trouve plus d'équivalent ailleurs. Préparez les chaussettes et les sacs de glace, Pacific Rim est à la fois un immense orgasme, et une claque magistrale.

Rendre hommage aux films de monstres japonnais, voici l'une des plus grandes envies de Del Toro avec ce film. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, du fait de certaines affiches ou bandes-annonce, il ne s'agit en aucun cas d'un film à la Transfomers, avec des robots géants qui se foutent sur la poire. Ici, les antagonistes sont des Kaijus, des monstres géants venus d'une autre dimension, et les combattants sont des Jaegers, des mechas plus ou moins humanoïdes contrôlés par deux êtres humains. Et ce sont bien ces précisions qui donnent tout son sens au scénario et au film. Au lieu de bêtes affrontements entre robots extra-terrestres, on vit comme les humains du film, dans la peur des attaques, et de cet apocalypse naissant. On est pris de façon plus poignante dans le film, puisque c'est l'humanité, donc nous, qui est menacée. Et comme les héros sont des humains, dans des corps de métal certes, mais des humains tout de même, avec des risques réels de perte, on se sent concerné. Comme dans le manga Neon Genesis Evangelion finalement. Ajoutons à cela que l'hommage au film de genre monstres japonnais est totalement réussi, nous rappelant la bonne époque où les films de Godzilla se succédaient. Mais bien sûr, il ne faut pas résumer Pacific Rim en une simple modernisation d'un genre, oh que non !


Del Toro nous l'a sans cesse prouvé, il possède un univers visuel qui lui est propre, et Pacific Rim de déroge pas à la règle. D'un côté il y a les monstres. Les Kaijus, mais aussi ceux d'acier créés par l'homme. D'inspirations diverses, le parti pris artistique de ces personnages à part entière est formidable, rappelant des souvenirs, mais s'avérant aussi la réalisation de tout un imaginaire collectif. Le reste de l'aspect visuel est aussi magistral. On navigue sans cesse entre le mélange d'univers du réalisateur et les nouveautés. On pense notamment à ce plan désaturé de la gamine, seule dans une ville détruite, face à un Kaiju, qui fait forcément penser au Labyrinthe de Pan. De même, la zone de marché noire, sans avoir la fantaisie d'un HellBoy II, en rappelle assez logiquement une certaine scène. De la poésie sombre aux environnements néon flashy, tout est absolument maîtrisé, pour un résultat qui est simplement celui d'une des plus belles claques visuelles de ces derniers temps. Chaque plan est un défi artistique autant qu'un défi technique. A cela s'ajoute les musiques de Ramin Djawadi, totalement épiques, et à la fois profondément émouvantes, qui lorgnent parfois du côté de Danny Elfman pour Spiderman, mais qui possèdent une identité propre. Claque esthétique, et bande son de grande qualité, on n'en attendait pas moins, on en a eu plus.

Mais il ne faudrait pas réduire Pacific Rim à une simple réussite visuelle. Derrière, il y a des personnages, qui contrairement à beaucoup de films de ce genre, sont bien traités, bien que forcément légèrement archétypaux. La palme du meilleur acteur revient à Idris Elba, dans le rôle de Pentecost, originellement prévu pour Tom Cruise. Heureusement que le rôle ne lui a pas été attribué finalement, tant Elba s'en sort de manière monumentale, au point d'en devenir le vrai héros du film. On note aussi la présence de Ron Perlman, toujours excellent, malgré son rôle assez court, et qui vient ajouter une point d'humour bienvenue au film. L'humour que l'on aurait pu craindre avec le personnage de Newton, incarné par Charlie Day. L'acteur comique commence mal sa première scène, donnant une impression de sidekick rigolo plus ou moins utile. Heureusement, il n'en est rien, et comme son confrère allemand, le personnage s'en sort bien, sans jamais devenir ridicule ou agaçant.


Mais bon, qu'on se le dise, c'est aussi et avant tout la mise en scène et les combats qui font de Pacific Rim ce qu'il est. Tout simplement impressionnants et monumentaux, ces combats titanesques s'imposent comme les nouvelles références du genre. Le mot épique vient de trouver un nouveau synonyme : Pacific Rim. Oubliez tout ce que vous avez pu voir auparavant, rien n'est comparable. Sans effets de style agaçants, l'ensemble est d'une lisibilité absolue qui permet de comprendre les actions, et d'en profiter pleinement, qu'il s'agisse des combats entre humains ou contre les Kaijus. Totalement fou, le film nous balance dans la gueule des scènes aussi spectaculaires que magistralement mises en scène. Complètement jouissif, Pacific Rim relègue n'importe quel autre blockbuster de ces dix dernières années au moins au rang de petit film sans prétention. Guillermo Del Toro assume ses envies et les partage magnifiquement bien. On avait rêvé d'un tel film, Del Toro ne l'a pas fait, non, il a sublimé nos fantasmes les plus fous. Rien que ça.

La question posée dans le titre est de savoir si Pacific Rim est le film de la décennie. On aurait pu répondre en un seul mot : oui. Cela aurait évité tant de lecture, mais il se fallait d'expliquer un tant soit peu pourquoi. Bien sûr, le mieux reste de faire l'expérience par soi-même, et de se prendre en pleine face ce monument du septième art. Véritable fantasme de cinéphiles, de geeks, et d'être humains en général, Pacific Rim est comparable à un orgasme de 2h10. Bourré de références plus ou moins subtiles (ça va GlaDOS?), Pacific Rim ne redéfinit pas un genre, mais plusieurs à la fois. Nouvelle incarnation du blockbuster et du cinéma moderne, Pacific Rim vient de marquer à jamais l'histoire du septième art. On en ressort K-O, bouleversé, avec un sourire niais, des étoiles dans les yeux, et potentiellement des tâches dans les sous-vêtements, mais surtout avec une seule et unique envie, retourner le voir. Alors pourquoi encore hésiter ? Foncez, tout simplement !

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