Guillermo Del Toro, vous
connaissez forcément ce nom. Et si vous ne connaissez pas, vous
connaissez au moins ses films. Le cinéaste mexicain virtuose est en
effet le réalisateur de chefs-d’œuvre tels que Blade II, Le
Labyrinthe de Pan, ou encore Hellboy et sa suite monumentale. Après
quasiment cinq ans d'absence derrière la caméra, depuis Hellboy II,
Del Toro présente enfin son dernier film. Habitué à réaliser des
fantasmes de cinéphiles et de geeks, avec Pacific Rim, son nouveau
bébé, le réalisateur compte bien aller au-delà encore, là où la
jouissance ne trouve plus d'équivalent ailleurs. Préparez les
chaussettes et les sacs de glace, Pacific Rim est à la fois un
immense orgasme, et une claque magistrale.
Rendre hommage aux films de
monstres japonnais, voici l'une des plus grandes envies de Del Toro
avec ce film. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, du fait
de certaines affiches ou bandes-annonce, il ne s'agit en aucun cas
d'un film à la Transfomers, avec des robots géants qui se foutent
sur la poire. Ici, les antagonistes sont des Kaijus, des monstres
géants venus d'une autre dimension, et les combattants sont des
Jaegers, des mechas plus ou moins humanoïdes contrôlés par deux
êtres humains. Et ce sont bien ces précisions qui donnent tout son
sens au scénario et au film. Au lieu de bêtes affrontements entre
robots extra-terrestres, on vit comme les humains du film, dans la
peur des attaques, et de cet apocalypse naissant. On est pris de
façon plus poignante dans le film, puisque c'est l'humanité, donc
nous, qui est menacée. Et comme les héros sont des humains, dans
des corps de métal certes, mais des humains tout de même, avec des
risques réels de perte, on se sent concerné. Comme dans le manga
Neon Genesis Evangelion finalement. Ajoutons à cela que l'hommage au
film de genre monstres japonnais est totalement réussi, nous
rappelant la bonne époque où les films de Godzilla se succédaient.
Mais bien sûr, il ne faut pas résumer Pacific Rim en une simple
modernisation d'un genre, oh que non !
Del Toro nous l'a sans cesse prouvé, il possède un univers visuel qui lui est propre, et Pacific Rim de déroge pas à la règle. D'un côté il y a les monstres. Les Kaijus, mais aussi ceux d'acier créés par l'homme. D'inspirations diverses, le parti pris artistique de ces personnages à part entière est formidable, rappelant des souvenirs, mais s'avérant aussi la réalisation de tout un imaginaire collectif. Le reste de l'aspect visuel est aussi magistral. On navigue sans cesse entre le mélange d'univers du réalisateur et les nouveautés. On pense notamment à ce plan désaturé de la gamine, seule dans une ville détruite, face à un Kaiju, qui fait forcément penser au Labyrinthe de Pan. De même, la zone de marché noire, sans avoir la fantaisie d'un HellBoy II, en rappelle assez logiquement une certaine scène. De la poésie sombre aux environnements néon flashy, tout est absolument maîtrisé, pour un résultat qui est simplement celui d'une des plus belles claques visuelles de ces derniers temps. Chaque plan est un défi artistique autant qu'un défi technique. A cela s'ajoute les musiques de Ramin Djawadi, totalement épiques, et à la fois profondément émouvantes, qui lorgnent parfois du côté de Danny Elfman pour Spiderman, mais qui possèdent une identité propre. Claque esthétique, et bande son de grande qualité, on n'en attendait pas moins, on en a eu plus.
Mais il ne faudrait pas
réduire Pacific Rim à une simple réussite visuelle. Derrière, il
y a des personnages, qui contrairement à beaucoup de films de ce
genre, sont bien traités, bien que forcément légèrement
archétypaux. La palme du meilleur acteur revient à Idris Elba, dans
le rôle de Pentecost, originellement prévu pour Tom Cruise.
Heureusement que le rôle ne lui a pas été attribué finalement,
tant Elba s'en sort de manière monumentale, au point d'en devenir le
vrai héros du film. On note aussi la présence de Ron Perlman,
toujours excellent, malgré son rôle assez court, et qui vient
ajouter une point d'humour bienvenue au film. L'humour que l'on
aurait pu craindre avec le personnage de Newton, incarné par Charlie
Day. L'acteur comique commence mal sa première scène, donnant une
impression de sidekick rigolo plus ou moins utile. Heureusement, il
n'en est rien, et comme son confrère allemand, le personnage s'en
sort bien, sans jamais devenir ridicule ou agaçant.
Mais bon, qu'on se le dise,
c'est aussi et avant tout la mise en scène et les combats qui font
de Pacific Rim ce qu'il est. Tout simplement impressionnants et
monumentaux, ces combats titanesques s'imposent comme les nouvelles
références du genre. Le mot épique vient de trouver un nouveau
synonyme : Pacific Rim. Oubliez tout ce que vous avez pu voir
auparavant, rien n'est comparable. Sans effets de style agaçants,
l'ensemble est d'une lisibilité absolue qui permet de comprendre les
actions, et d'en profiter pleinement, qu'il s'agisse des combats entre
humains ou contre les Kaijus. Totalement fou, le film nous balance
dans la gueule des scènes aussi spectaculaires que magistralement
mises en scène. Complètement jouissif, Pacific Rim relègue
n'importe quel autre blockbuster de ces dix dernières années au
moins au rang de petit film sans prétention. Guillermo Del Toro
assume ses envies et les partage magnifiquement bien. On avait rêvé
d'un tel film, Del Toro ne l'a pas fait, non, il a sublimé nos
fantasmes les plus fous. Rien que ça.
La question posée dans le
titre est de savoir si Pacific Rim est le film de la décennie. On
aurait pu répondre en un seul mot : oui. Cela aurait évité
tant de lecture, mais il se fallait d'expliquer un tant soit peu
pourquoi. Bien sûr, le mieux reste de faire l'expérience par
soi-même, et de se prendre en pleine face ce monument du septième
art. Véritable fantasme de cinéphiles, de geeks, et d'être humains
en général, Pacific Rim est comparable à un orgasme de 2h10.
Bourré de références plus ou moins subtiles (ça va GlaDOS?),
Pacific Rim ne redéfinit pas un genre, mais plusieurs à la fois.
Nouvelle incarnation du blockbuster et du cinéma moderne, Pacific
Rim vient de marquer à jamais l'histoire du septième art. On en
ressort K-O, bouleversé, avec un sourire niais, des étoiles dans
les yeux, et potentiellement des tâches dans les sous-vêtements,
mais surtout avec une seule et unique envie, retourner le voir. Alors
pourquoi encore hésiter ? Foncez, tout simplement !
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