mercredi 24 octobre 2012

Test Medal of Honor Warfighter

On pourrait résumer très brièvement et simplement Medal of Honor Warfigther. « Tu es américain ? Tu détestes les arabes ? Medal of Honor Warfighter est fait pour toi ! » Mais finalement, même si cela s’avère bien résumé, ce serait tout de même un peu réducteur. Il y a un jeu derrière cet outil de propagande nauséabond. Mais je préfère évacuer tout de suite ce qui est moralement douteux et particulièrement dans le jeu, afin de ne plus y revenir et de ne pas m’éparpiller sans cesse dans ce test.

Oui, Medal of Honor Warfighter dérange. On a beau être habitué aux jeux de guerre de cet acabit, rarement l’éloge du militarisme assaillant n’avait été aussi poussé. Dans Soldier of Fortune peut-être, mais là n’est pas la question. Ici, on incarne clairement les gentils soldats, principalement ricains, qui viennent tuer les méchants terroristes (principalement arabes, cela va de soi évidemment). C’est pas plus réfléchi que ça. On avance, on voit des méchants avec des turbans, et pan pan boum boum on les canarde et ils meurent. Voilà. Honnêtement, je trouve cela assez dérangeant. Il n’y a même pas de juste milieu. Alors que des jeux récents comme Spec Ops : The Line remettent en question le militarisme américain interventionniste, au point de ne plus avoir de gentils ni de méchants, mais seulement des ennemis qui nous ressemblent, il est presque affligeant de trouver encore des jeux comme ce Warfighter qui nous plonge plus de vingt ans en arrière avec cette idéologie datant de la première guerre du Golfe. Le plus gênant vient aussi du fait que beaucoup des missions sont inspirées d’évènements réels. Ce qui renforce cette sensation de se battre contre des salauds de terroristes arabes constamment. Et cela met véritablement mal à l’aise. Si tirer du haut d’un hélico peut être amusant en tant que phase de jeu, on ne peut que se sentir gêné face à cette morale étouffante qui essaye de nous enorgueillir avec ses actes guerriers moralement infectes. Ça sent tout bon la bonne propagande de tonton Sam. Et encore, quand on sait qu’un futur DLC se basera sur la mission qui a consisté à tuer Ben Laden… En plus d’être très glauque, je trouve ça véritablement infâme moralement. Et vive le patriotisme américain !

Si vis pacem, para bellum. Si tu veux la paix, prépare la guerre. Cette locution latine fort connue convient parfaitement à l’idéologie de Medal of Honor Warfighter. Dans le jeu, on incarne un membre du Tiers 1, une organisation anti-terroriste, qui a pour but d’instaurer la paix, et qui s’y prend en faisant la guerre. La guerre au terrorisme est le meilleur moyen d’obtenir la paix, tout le monde le sait. Si le scénario, en partie basé sur des opérations militaires réelles, est original il se suit sans surprise, comme la plupart de ses concurrents finalement. On est tenté de dire qu’on ne joue pas pour ça de toute façon. Et finalement, ce n’est pas faux.

 Mon Dieu, un type avec un turban, c'est forcément un méchant terroriste!

Alors, pourquoi jouons nous dans ce cas-là ? Pour vivre une expérience hors norme, pour prendre du plaisir, pour un gameplay original, ou alors juste pour en prendre plein les yeux. C’est cette dernière option que l’on va retenir pour Warfighter. Parce qu’on en prend vraiment plein la vue. D’une, c’est beau, très beau même. Le moteur graphique Frostbite 2 fait son effet. Si le portage console de Battlefield 3 avait laissé un poil à désirer face à une version PC d’une beauté écrasante, force est de constater que ce Medal of Honor sur console s’en sort vraiment bien. Alors quand le jeu nous balance une mise en scène spectaculaire digne des plus grands films hollywoodiens, et de sa concurrence vidéoludique aussi, on reste ébahi. Certes, ce n’est plus tant que ça original depuis quelques années déjà, mais ce côté cinématographique aux effets visuels explosifs font toujours leur petit effet. On appréciera ou non, mais vu que c’est bien fait, on préférera adhérer, au moins comme un petit plaisir coupable.

Sauf que voilà, de beaux graphismes ne font pas tout. Ça se saurait sinon. Alors qu’en est-il de la maniabilité du jeu ? Je serais très tenté de répondre : voir la concurrence. Sans originalité aucune, Warfighter reprend tout ce qui a été fait et pioche sans vergogne chez les cadors du genre, Call of Duty et Battlefield en tête. On tire, on lance des grenades, on change d’armes, … Rien de bien transcendant, mais cela a au moins le mérite d’être efficace. On ne change pas une recette qui marche. Alors oui, c’est originalité zéro, mais au moins c’est instinctif. Malheureusement, si pour le gameplay de base, cela fonctionne, pour le reste, c’est déjà moins évident. Une maniabilité efficace, c’est bien, même si elle est peu originale, mais des zones de combat qui ne se démarquent pas de ce que l’on voit ailleurs, c’est autre chose. Et c’est bien le problème de ce Medal of Honor. On avance, mais on ne trouve pas de plaisir à parcourir les lieux. Le manque flagrant de renouveau par rapport aux autres productions nuit à la sensation de jeu. Comme si l’on devait éternellement vivre les mêmes choses dans les mêmes lieux. Et bien sûr, toutes ces zones ne sont que des couloirs avec peu de variétés dans l’avancée de ses mouvements. C’est clairement du je me cache, je tire, je recharge, etc… D’ailleurs, en parlant de recharger… Ici, ne vous attendez pas à une immersion réaliste avec des munitions restreintes et des armes à ramasser pour pouvoir continuer de tirer. Non, pas du tout. On est clairement dans une logique de bourrin aux envies insatiables. Alors on nous file plein d’armes et de munitions qui vont avec, parce qu’après tout, on est les gentils qui doivent tuer des méchants, c’est normal d’être blindé. Entre les armes aux balles infinies, et le fait que l’on peut récupérer autant de munitions que l’on souhaite auprès de ses compagnons, la logique militaire n’a de réaliste que le côté guerriers protecteurs qui tire avant de réfléchir. Dommage, cela enlève toute une part tactique qui aurait profité au jeu, et cela rappelle que la seule volonté du titre, c’est le bourrinage, sans stress, sans peur, et quasiment sans plaisir.

 Bon boulot les gars, on a tué plein de méchants

Evidemment, le tout est scripté à mort, ce qui n’aide pas non plus à l’immersion, mais rapproche finalement le titre encore plus de ses concurrents. Heureusement, certaines phases de gameplay viennent donner un petit coup de fraîcheur sur ce qui n’est qu’un clone des productions actuelles. Des phases en véhicules principalement. A bord d’un hélicoptère, il faut canarder au sol par exemple. Pas nécessairement original, mais un poil grisant, si l’on met de côté la morale affligeante du titre. Un passage en bateau aussi, où il faut protéger des otages. Pas novateur, mais assez plaisant pour être agréable. Mais ce sont surtout les phases en voitures qui sortent du lot. Ici, pas de scènes de guerre à bord d’un véhicule, mais bien des phases en voiture, toutes simples. Poursuivre quelqu’un, semer des gens, sortir d’un endroit sans se faire repérer, c’est bien la seule vraie originalité de ce Medal of Honor. Surtout qu’elles sont réussies dans le gameplay. On se croirait réellement dans un jeu de course, en vue cockpit, avec la sensation de vitesse qui va avec. C’est bien ce genre de passages qui fait presque regretter que le reste de Warfighter ne soit pas à la hauteur.

Que retenir de Medal of Honor Warfighter ? Le jeu est présenté dans un bel enrobage. Graphiquement, ça claque, et pareil pour le son (excepté le sous-mixage de certains dialogues, qui peut s’avérer contraignant lors de certaines missions). Sauf qu’un enrobage attractif et séduisant ne cache pas forcément un cœur tendre et fondant. En dépit d’un gameplay efficace, c’est surtout son manque d’originalité qui lui fait défaut. Le plaisir du début s’estompe très rapidement, laissant un goût amer de déjà-vu sans âme. Et puis, son message pro-militaire gerbant ne fait pas de ce titre un de ceux que l’on retiendra. Plus une propagande aux atouts visuels incontestables, Medal of Honor Warfighter séduira sans doute certains, mais ne tient pas face à la concurrence, ni face à la morale humaine de la plupart des gens.

12/20

4 commentaires:

  1. Dommage que tu te laisses aller dans cet article au politiquement correct et à la bien-pensance ...
    Ca dégouline de bons sentiments !!

    Alors si tu es antimilitariste et que tu n'aimes pas par conséquent les FPS réalistes, joues plutôt à Mario ! Et si les turbans te dérangent tant que ca, joues aux anciens Medal Of Honor qui se jouaient dans le contexte de la WW2 ...
    Car personne ne peut nier qu'aujourd’hui, les ennemis non seulement des Etats Unis mais aussi de l'OTAN (qui, je le rappelle comprends la France), ce sont, en grande partie, les pays arabes ... Il n'est donc pas si anormal de devoir se battre contre les talibans et autres turbans ...
    Après même si tout n'est pas blanc ou noir, voir constamment de la propagande impérialiste à toutes les sauces quand ce jeu ne fait que se fondre dans un contexte récent, c'est un peu facile et tellement à la mode ...
    Un conseil donc tiens-t’en à la critique du jeu uniquement, ca sera mieux et c’est en plus ce que tu sais faire de mieux ! ;)

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    1. Si je me laisse emporter par cet élan d'antimilitarisme, c'est que ce Medal of Honor propose véritablement un message dérangeant. J'ai joué aux Call of Duty récents et à Battlefield 3, et pourtant aucun sentiment de gêne et de malaise ne m'a frappé manette (ou souris) en mains. Un certaine lassitude du contexte à la limite, mais sans plus. Ce Warfighter offre véritablement une vision manichéenne rétrograde à la gloire de ces soldats, de façon très sérieuse, et en sa basant la plupart du temps sur des évènements réels. Bien sûr, on peut se rappeler qu'il ne s'agit que d'un jeu, et bien sûr c'est le cas, mais moralement, et dans son approche, je trouve que le titre délivre un message trop radical. Je considère même que le jeu serait presque dangereux pour ceux qui n'ont pas de recul, non pas pour son éloge de la guerre, mais pour sa représentation des terroristes. Je ne nie pas que des groupes comme Al Qaïda ou autres sont constitués d'islamistes intégristes extrémistes, et donc que l'on a le droit d'en représenter dans le jeu, mais il y a une manière de le faire, c'est mieux d'éviter la caricature du méchant arabe enturbané.

      Je conçois que mes avis sur le sujet peuvent ne pas plaire à tout le monde, et ce n'était en rien une volonté de politiquement correct, c'est juste que j'ai réellement ressenti un profond dégoût et un malaise en jouant à ce jeu (alors que je le rappelle, Call of ou Battlefield, ce n'est pas le cas), et je pense donc que cette fois-ci ça vient bien du jeu, et non de moi. Après, la réaction de chacun est différente, et je n'essaye en rien d'imposer mon point de vue sur la question.

      Mais c'est vrai, peut-être que je suis trop vieux pour ces conneries, et que je devrais plutôt me remettre aux anciennes versions sur la seconde guerre mondiale ^^

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  3. Mon dieu anonyme...
    "Personne ne peut nier...?" touteq les inepties que tu racontes ensuite!?
    Bin , y'à déjà moi, et j'en connais un paquet d'autres ! Qui pensent que le pire ennemi de la démocratie, c'est la démocratie actuelle elle-même ! qui pointent les pays détenteurs de richesses convoitées et les bombardent une fois que tout le monde (ou presque !) est d'accord pour dire qu'ils sont les méchants... En témoigne les rapports plutot amicaux entre les talibans et Reagan il y'a pas si longtemps que ça, non plus, et qui les appelait "combattants de la liberté" !!?
    https://www.youtube.com/watch?v=bOm6GrbQmJI

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